27 & 28 septembre 2024 – Mylène Farmer : Nevermore – Stade de France, Paris
Voilà. On y est. Ma tasse de café remplie à ras bord, je suis prêt à me lancer dans ce compte rendu fleuve ☕ L’histoire commence en juin 2023 lorsque les deux concerts parisiens de Mylène Farmer prévus au Stade de France sont annulés en raison des émeutes urbaines en région parisienne et reportés à septembre 2024. La déception avait été énorme : faire le voyage pour rien, la fatigue… et tout cet argent jeté par les fenêtres… Franchement, quand on a appris l’annulation avec Florian, la seule chose que j’avais envie de faire, c’était de remonter dans un avion et de retourner à New York illico presto. Une fois de retour, les nouvelles dates ont été annoncées. J’avais eu le temps de calmer mes esprits et je me suis dit : « Allez, prends ces putains de billets d’avion ! »
C’était sans compter sur mon corps défaillant qui m’a lâché à quelques semaines du concert. Fin août, j’ai commencé à ressentir des douleurs dans le bas de mon dos : incapable de marcher, de me tenir debout ou de m’asseoir sans souffrir. Je voyais l’échéance approcher en me demandant : « J’y vais ? J’y vais pas ? » 😟 La semaine précédant le concert, j’ai cru que je ne prendrais pas cet avion. Mais comme en juillet 2023, je me suis dit : « C’est pour Mylène ! C’est peut-être sa dernière fois sur scène, il faut y aller coûte que coûte ! ». Je ne peux pas vous dire que le voyage a été des plus agréables, mais je me suis ménagé du mieux que j’ai pu. Et je suis maintenant en mesure de vous raconter les deux soirées auxquelles j’ai assisté.
Le plan est simple : première soirée en gradins, deuxième soirée en fosse or. J’ai spécialement choisi des places face à la scène pour voir le spectacle tel qu’il avait été imaginé, même si je savais que la distance ne me permettrait pas d’apprécier pleinement les détails comme les chorégraphies, ou même d’être au cœur de l’ambiance. Je savais que je passerais la 2e soirée en fosse, et que ça me donnerait quoiqu’il arrive une autre perspective sur le spectacle. Avec le recul, je pense que c’était le bon choix. En 2023, j’avais évité tous les spoilers et je n’avais rien vu du spectacle. Après l’annulation, j’ai cédé à la pression – ne voulant pas attendre un an de plus – et du coup je connaissais déjà la structure du concert avant d’y assister.
Bon, je pense avoir bien posé les bases et expliqué mon état d’esprit. Je n’étais pas dans ma meilleure forme, mais je peux vous dire, sans trop en dévoiler sur le reste de l’article, que ça m’a changé les idées et que je ne regrette absolument pas d’être venu spécialement pour la voir 💗 J’ai mélangé les deux soirées dans le même article, en mettant en avant les différences et les petites anecdotes de chaque spectacle. J’espère que ce ne sera pas trop brouillon, mais vous me pardonnerez si c’est le cas.
Les deux soirs, on arrive au tout dernier moment. En gradins, pas de souci, la place est réservée. Mais en fosse or, on a visé le fond : je crois qu’aucun de nous n’avait envie d’affronter la foule. On a tous déjà vu Mylène des dizaines de fois, et je crois qu’à notre âge, on n’a pas besoin d’être au premier rang 😅 Le vendredi, je suis avec mon ami Florian, mais j’ai aussi la chance que ma tante et ma cousine nous rejoignent. L’entrée dans le stade est assez longue. Je suis assez surpris par l’organisation, ce n’est pas du tout fluide. On s’installe, la vue est géniale le vendredi, même si évidemment lointaine. Le samedi, il y a déjà pas mal de monde en fosse or, mais on reste au fond et franchement, ça nous a permis de nous déplacer tout au long de la soirée en fonction des tableaux et c’était une assez bonne idée.
Le secret sur la mise en scène est encore total : l’écran affiche un immense logo « Nevermore » rougeoyant, il y a une avancée de scène en croix sur laquelle se trouvent deux immenses corbeaux gonflables. Un rappel à l’affiche du concert et aussi, bien évidemment, à l’oiseau, qui n’est pas nouveau dans l’univers de Mylène puisqu’il illustrait la pochette de l’album « L’autre » en 1991. Il sera définitivement un symbole omniprésent tout au long du spectacle. À quelques minutes du show, les corbeaux se dégonflent, et l’écran diffuse le clip de « Regrets », son duo avec Jean-Louis Murat, auquel on imagine qu’elle rend hommage, ce dernier ayant disparu quelques jours avant la première en 2023. Ça fait un peu moins de sens en 2024, surtout qu’aucune indication n’est donnée sur le pourquoi du comment. J’aurais préféré qu’elle nous offre la chanson dans la séquence piano-voix, mais au moins, elle présente le spectacle tel qu’il a été conçu en 2023 pour le reste de la France. Une playlist chauffe le public, et c’est sur le titre de Sigur Rós « Svefn-g-englar » que les ultimes minutes d’attente se déroulent. Le vendredi, les choses s’enchaînent assez vite, mais le samedi, c’est un peu plus long et pénible, surtout qu’on est debout 🫠
L’écran s’allume, nous projetant dans un paysage nuageux et bleuté. Une musique angoissante résonne au loin tandis qu’une nuée d’oiseaux se dessine. Leur ballet hypnotique dure quelques minutes, se diffusant sur les écrans latéraux avant de revenir au centre. La musique devient de plus en plus assourdissante quand soudain, la voix de Mylène entonne : « Suppose que je te dise. L’amour en est la cause ». Un halo blanc se forme au cœur de l’animation, descendant progressivement vers le bas de l’écran où une plate-forme s’ouvre sur scène. Les corbeaux se déchaînent, se regroupant au centre de l’écran, et l’ombre de Mylène apparaît via la plate-forme, déployant d’énormes ailes. Le vendredi, la vision d’ensemble est parfaite. Le samedi, un peu moins : Mylène n’est pas sur scène au moment où les ailes s’ouvrent 😱 Apparemment à cause d’un petit problème technique avant son entrée…
« Du Temps » est interprété dans sa version remixée par Mico C – un choix que l’on pourrait qualifier de… WTF 😅 Déjà, quelle était la probabilité qu’elle choisisse « Du Temps » comme chanson d’intro ? Honnêtement, je suis ravi, j’adore ce morceau et ce côté inattendu est une super surprise. L’entrée, bien que simple comparée aux années précédentes, reste réussie grâce à l’effet des corbeaux. Sur l’écran central s’affiche maintenant l’œil d’un corbeau, celui de l’affiche, dans lequel le reflet de Mylène sur scène est projeté. Sur les côtés de la scène s’élève une série d’épouvantails rappelant ceux du clip « Fuck Them All ». Je suis d’ailleurs étonné qu’elle ne fasse pas partie de la setlist.
Mylène porte un ensemble noir élégant signé Olivier Theyskens, le créateur de la robe iconique du clip « Je Te Rends Ton Amour ». Sa tenue se compose d’un haut aux manches longues, d’un col montant et de détails argentés. Coiffée d’un catogan rappelant ses débuts dans les années 80, l’arrière de sa veste semble prolonger sa chevelure rousse avec des détails brodés. Comme à la fin du clip « Fuck Them All », elle termine un genou à terre alors que résonne un tonitruant « Shut up ! ». À la surprise générale, le concert continue avec « Peut-Être Toi ». Sur l’écran, une structure métallique envahie de corbeaux évoque une célèbre scène du film « Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock. Mylène rejoint le bras gauche de l’avancée qui s’élève progressivement au-dessus de la scène, balayant une partie de la fosse. Les cafouillages dans les paroles n’entament pas mon enthousiasme, « Avant Que L’ombre » étant mon album préféré de Mylène 🥰 Je n’aurais jamais pensé réentendre cette chanson en concert.
Le vendredi, l’ambiance en gradins est malheureusement assez tiède. En revanche, le samedi est bien plus animé, et puis il faut dire qu’il est plus facile de s’enjailler en fosse. Mylène ôte sa veste, révélant une ample chemise blanche aux manches bouffantes, ornée d’un nœud noir au cou et de détails sombres aux poignets – un joli clin d’œil à la tenue de « Libertine ». Le son du saxo ne trompe pas : en quelques secondes, nous voilà transportés dans l’univers de Barry Lyndon. Elle rejoint l’autre côté de l’avancée qui commence à s’élever, tandis que les corbeaux continuent de voler frénétiquement sur l’écran. J’ai adoré cette version plus proche de l’originale, comparée aux arrangements plus rock de 1996 et 2009. Pendant que Mylène poursuit son parcours au-dessus de la fosse, les corbeaux commencent à s’écraser sur l’écran, le fissurant. En fosse, c’est la folie ! Il faut dire que c’est l’un des rares moments du spectacle où elle interagit vraiment avec le public… Mais nous en reparlerons !
De retour sur scène, Mylène récupère un pistolet posé dans un boîtier devant elle. Elle se positionne au centre de l’avancée, prête à revivre le duel du clip de « Libertine ». Elle vise l’écran et tire, le faisant exploser. L’écran s’ouvre en deux, révélant le décor du spectacle. Alors qu’elle remonte l’avancée, on découvre un décor de cathédrale vue de haut, difficile à décrire à l’écrit. Au centre trône une immense arche encadrée par deux gargouilles. C’est sombre et surprenant : j’imaginais qu’on aurait quelque chose de beaucoup plus lumineux et festif pour cette tournée en stade. Sur scène, six musiciens et seize danseurs portent des costumes orangés rappelant un peu ceux de la comédie musicale « Hamilton ». Mylène revêt une veste orange et nacrée pâle pour interpréter « Optimistique-Moi ». Franchement, la setlist me surprend vraiment : « Du Temps », « Peut-Être Toi » et « Optimistique-Moi » sortent vraiment de nulle part 🤩
Elle reprend la chorégraphie de 1999, et c’est une excellente surprise d’entendre cette chanson en live pour la première fois. Sans transition, elle enchaîne avec « À Tout Jamais » derrière un pied de micro, qui ne lui sert pas à grand-chose, car le titre est clairement en playback 😬 Après avoir enchaîné les fausses notes et les erreurs de paroles depuis le début du concert, elle voudrait nous faire croire que celle-ci est parfaite ?! Bitch, please. Le tableau est visuellement incroyable. C’est l’un de mes préférés. L’écran s’illumine derrière l’arche, diffusant l’image d’un corps humanoïde en images de synthèse rappelant l’imagerie de l’album « L’Emprise ». Il semble flotter dans une sorte de matière organique. Avec la chorégraphie, ça rend hyper bien.
Deux rangées de projecteurs descendent sur les côtés de la scène. Mylène enchaîne avec « C’est Une Belle Journée », qui est l’un des moments qui soulèvent le plus le public. Elle ne l’avait pas faite en 2009 au Stade de France, c’était essentiel à mes yeux qu’elle figure dans cette tournée des stades. Je pense malgré tout que le tableau aurait gagné en impact s’il avait été placé un peu plus loin dans le spectacle : on est dans une partie très contemplative avec « Optimistique-Moi » et « À Tout Jamais », et je trouve quand même que le public peine à se mettre dans l’ambiance malgré l’effervescence que créer la chanson. Mylène quitte la scène avant la fin, et laisse ses danseurs occuper l’espace sur l’outro instrumentale et chorégraphiée. Les jeux de lumière sont très réussis vus de loin. Après un long interlude où la scène est baignée de bleu et où une lune géante apparaît sur l’écran, une gigantesque statue de corbeau de plusieurs mètres de haut, tenant un crâne dans ses griffes, fait son entrée sur des nappes de synthé et des voix grégoriennes. Soudain résonne le gimmick à la flûte de pan de « Tristana », qu’on n’avait pas entendue sur scène depuis 1989 😮 La statue pivote et Mylène apparaît en son sein, ayant troqué sa veste orange pour une longue veste dorée. J’aime définitivement cette nouvelle version, mais je regrette le côté statique du tableau et surtout le playback évident. Sur le pont de la chanson, la lune devient rouge, créant un des moments les plus marquants du spectacle visuellement – le titre est à découvrir en vidéo à la fin de l’article !
Nouvel interlude centré sur les danseurs. Vêtus de ce qui semble être des combinaisons de cuir rappelant le tableau « Déshabillez-Moi » de 1989, ils performent des chorégraphies sur un medley instrumental intitulé « Remember ». Ce pot-bien-pourri contient des extraits de « Dégénération », « Beyond My Control », « Je T’aime Mélancolie », « Rolling Stone » et « Pourvu Qu’elles Soient Douces ». Honnêtement, si je n’avais pas su que c’était un interlude chorégraphié, j’aurais été terriblement déçu après l’intro de « Dégénération ». Cette chanson aurait eu tellement sa place dans ce spectacle : les jeux de lumière, les percussions, les costumes, tout était parfait pour en faire un tableau incroyable ! Je ne dois quand même pas être le seul à vouloir la réentendre en live, non ? 🤷♂️ Bref, je ne comprends pas l’intérêt de cet interlude hyper frustrant, d’autant plus qu’il ne met même pas en valeur les danseurs : ils n’ont pas de moments de briller en solo, c’est également mal pensé pour être vu de loin. Il faut m’expliquer le principe. Le tableau se termine sur la mélodie de « Tristana » qu’on vient juste d’entendre. On entend ensuite les premières notes au piano, annonçant la séquence piano-voix désormais incontournable à chaque tournée. Mais celle-ci sera-t-elle à la hauteur ?
La séquence piano-voix commence avec « Rayon Vert ». Le groupe Aaron rejoint Mylène sur scène pour interpréter le morceau. Ce n’est pas que je n’aime pas la chanson, mais je trouve que ça ne fonctionne pas vraiment ; on ne sent pas de réelle connexion entre elle et le groupe. Visuellement, le tableau est pourtant magnifique : derrière l’arche, on aperçoit une planète aux reflets verdâtres, mise en valeur par des effets de fumée. Je pense que le titre aurait gagné à être joué dans sa version up tempo. Mylène porte maintenant sa veste dorée scintillante par-dessus une longue robe bleu clair. J’ai détesté cette tenue que je trouve simplement dégueulasse : la robe est déjà peu flatteuse, mais le manteau ne fait qu’empirer l’ensemble 🤮 En revanche, elle chante bien. Ç’aurait vraiment pu être un joli moment s’il y avait eu plus de complicité entre les artistes. Elle remercie Aaron en disant que c’est un très beau cadeau qu’ils lui ont fait de lui offrir cette chanson.
La partie piano-voix se poursuit avec l’inévitable « Rêver ». Je ne supporte plus cette version sous morphine. On avait eu quelque chose de sympa en 2019 qui avait redonné un peu de peps à l’ensemble, et finalement on est revenu au basique piano-voix avec Yvan Cassar, qui fait son grand retour sur scène avec Mylène. Le combo de l’enfer. Le piano apparaît au centre de l’avancée, sur un plateau pivotant. Elle essaie de chouiner pendant la chanson, mais ça ne vient pas… À la fin, elle nous demande de chanter avec elle une nouvelle fois. Pour la chanson suivante, on a un doute. Sur la tournée, elle avait commencé par interpréter « Pas Le Temps De Vivre », qu’elle n’arrivait apparemment pas à faire et qu’elle a remplacée par « L’autre ». On s’est dit que s’il y avait une surprise, ce serait maintenant. À mes yeux, il manquait une chanson à cette tournée : « Les Mots ». Elle fait partie de mon top 5 😍 Et bien sûr, depuis des mois, on spéculait sur le fait que Seal, étant en tournée française au même moment, pourrait dans un moment d’égarement la rejoindre sur scène pour chanter ce titre en duo avec elle.
La chanson démarre, et mon cœur chavire au moment où elle entonne « Fixement le ciel se tord… », et encore plus quand Seal a fait son entrée sur scène pour la rejoindre. C’est incroyable : ils n’avaient jamais interprété « Les Mots » ensemble en live. Autant vous dire que les larmes me sont montées à plusieurs moments de la chanson, j’ai vraiment trouvé ce cadeau formidable. Ce n’était pas parfait vocalement – elle avait fait mieux avec Gary Jules en 2013 – mais honnêtement, c’était incroyable de les voir tous les deux sur scène chanter la chanson 💗 Plus incroyable encore, le samedi, quand Yvan Cassar décide de lui pourrir son moment avec une fausse note complètement WTF qui nous a permis d’avoir un petit aperçu de la vraie Mylène, celle qui n’a pas pu s’empêcher de lancer un regard d’aversion à Yvan Cassar (à voir ici). Ça l’a tellement chamboulée qu’elle a recommencé à chanter « Les Mots » sur la chanson suivante, « Que L’aube Est Belle ». Avant ça, elle remercie Seal de l’avoir accompagnée sur scène et présente ses musiciens.
« Que L’aube Est Belle » démarre ensuite, toujours au piano, avec une vidéo de Woodkid sur l’écran principal montrant une Mylène en images de synthèse qui traverse des étendues désertiques et enneigées. J’ai trouvé le tableau vraiment très réussi : j’ai adoré la chanson, elle a très bien chanté et il y avait quelque chose d’assez majestueux avec la vidéo projetée en énorme à l’arrière. Même si ça reproduit le schéma qu’on a déjà vu maintes fois en concert, avec « Innamoramento » en 2019 ou encore l’interlude « Avant Que L’ombre » en 2009, ça fait toujours son petit effet. Pendant que l’écran se voile de rouge, comme s’il brûlait, celui-ci s’ouvre sur cette arche de cathédrale qui avait été cachée pendant la partie piano-voix. L’effet est absolument magnifique et c’est d’ailleurs ce moment précis qui sert de pochette à l’album live du concert. À la fin du tableau, des croix s’élèvent sur scène et prennent feu, alors que l’écran s’éteint progressivement, ne laissant plus voir que les croix enflammées 🔥 Un très beau tableau, qui s’intègre à merveille dans l’ensemble du spectacle.
L’ambiance change radicalement pour la suite. Sur la gauche de la scène, les danseurs se sont regroupés sous l’un des vitraux de la cathédrale. De l’autre côté, sur l’écran, on aperçoit un pantin adossé à l’autre mur du décor. Pas besoin d’être un expert pour comprendre qu’il s’agit de « Sans Contrefaçon », d’autant plus que la chanson démarre de façon identique à celle de 89. Et par identique, j’entends non seulement l’orchestration, mais aussi les costumes et la chorégraphie 😍 Mylène réapparaît vêtue d’un ensemble à carreaux noir et blanc ample, en hommage à la tenue qu’elle portait dans les années 90 pendant la promo. Les danseurs arborent également des tenues similaires avec quelques variations, comme durant le tour 89. Pendant qu’ils enchaînent les farandoles sur scène en reprenant la chorégraphie originale, on voit le pantin désarticulé les observer au bout de ses fils, s’accrochant à l’arche : l’effet est vraiment réussi.
Le public chante à tue-tête, et c’est génial de pouvoir vivre ce que le public de 1989 a pu expérimenter à l’époque. C’est l’un des rares moments vraiment fun du concert. Mylène semble prendre du plaisir sur scène, elle arpente la scène de droite à gauche, éclate de rire quand le public crie « Caméléon ! ». Ça fait plaisir de la voir plus dynamique, ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici. Ma seule petite remarque serait qu’il manque une reprise par le public, et surtout un déplacement sur l’avancée, qui aurait permis de l’exploiter davantage et de booster l’interaction avec le public, un peu faible sur cette tournée 😕 S’ensuit le moment que j’attendais le plus de toute la soirée. Mes amis vous le diront, s’il y a une chanson que je n’ai cessé de réclamer depuis l’annonce de la tournée, c’est « Oui Mais Non ». C’est ma chanson préférée de Mylène, et comme pour l’album « Avant Que L’ombre », je n’en ai pas honte. Je trouve cette chanson géniale, et je suis enfin heureux que tout le monde lui reconnaisse le potentiel qu’elle mérite : car je crois que tout le monde est d’accord pour dire que c’est le meilleur moment du concert !
Mylène réapparaît donc entourée de ses danseurs sur un trône (pour changer) alors que les premières notes démarrent en trombe et que le public devient fou 🤩 On sent qu’elle est presque surprise de la réaction du public ! J’ai tout aimé : l’orchestration est assez proche de l’originale, mais avec des percussions beaucoup plus marquées. Sur l’écran, on voit un loup gigantesque crachant du feu et envoyant des éclairs bleus, c’est ridiculement kitsch, mais j’adore. Elle nous ressort son légendaire « Tac-tou-tac c’est l’air du toc ! » et le public hurle les « Oh oh Oh oh ! ». J’ai hâte de redécouvrir la séquence en vidéo, car je n’ai pas pu bien profiter de la chorégraphie les deux jours tellement j’étais excité d’entendre la chanson. J’avais prévu de l’ajouter au petit medley vidéo que j’ai posté sur Facebook, mais entre ma voix de crécelle et mon incapacité à me focaliser sur ce qui se passe sur scène, j’ai décidé de la retirer au dernier moment. Vous avez en revanche la possibilité de découvrir le petit medley vidéo que j’ai préparé, qui vous permettra de voir d’autres moments du concert, en cliquant ici : Facebook.
Bref, « Oui Mais Non » était génial, et nous sommes maintenant tous d’accord pour dire que c’est un tube absolu 😏 Je regrette qu’il ait fallu plus de 14 ans à certains pour s’en apercevoir, mais mieux vaut tard que jamais. Petit bémol, la séquence se termine avec cette chanson, et c’est dommage. Je pense qu’il aurait fallu une troisième chanson uptempo à ce moment-là pour ne pas laisser retomber l’ambiance. « C’est Une Belle Journée » aurait pu être très cool juste avant « Oui Mais Non », par exemple, ou n’importe quoi d’autre comme « C’est Dans L’air » ou même « Je T’aime Mélancolie » dans une version un peu plus punchy. Mais passons ! Le spectacle continue avec un nouvel interlude sur l’instrumental de « Ode À L’apesanteur », illustré en vidéo par le court-métrage « The Crow » de Glenn Marshall. Si l’interlude est nécessaire pour installer la suite du décor, il faut avouer que ce n’est pas le moment le plus passionnant du spectacle.
Lorsque l’écran s’ouvre de nouveau, on découvre une structure de plusieurs mètres de haut représentant une figure encapuchonnée, peut-être la Faucheuse elle-même ? Les danseurs sont revêtus comme des moines, capuche rabattue sur la tête, avec une lanterne, semblant faire un chemin autour de cette structure gigantesque. La section démarre avec « Que Je Devienne ». Mylène, à ses pieds, est vêtue d’une robe rouge courte étincelante et de bottes noires hautes. Son ensemble tranche vraiment avec le décor à l’arrière. Elle se trouve sur une plate-forme qui s’élève peu à peu, révélant une rosace, et qui lui permet de s’élever progressivement pendant la chanson pour se retrouver quasiment dans les bras de la statue effrayante. Si le tableau est très beau, j’ai trouvé dommage que le titre soit interprété en playback, ça enlevait un peu de l’intérêt 🥱
Toujours perchée à quelques mètres de haut, elle enchaîne sur « XXL » : la grosse incompréhension de la soirée pour moi 🤨 Je n’ai pas du tout compris pourquoi elle avait choisi d’interpréter cette chanson entraînante, que le public connaît, à 6 mètres du sol, devant une statue de la mort, et de façon aussi statique. Le tableau est très beau, mais aurait convenu à n’importe quelle autre chanson, pas à « XXL ». C’est dommage, car ça aurait pu être un moment de communion avec Mylène sur ce titre. Ça fait définitivement partie de mes flops de cette soirée. Et puis, ça ne vous agace pas qu’elle commence constamment la chanson de la même façon avec un « Avec moi ! » ? Ça fait tellement pilotage automatique 👎
Elle redescend sur scène, ses guitaristes nous offrent ensuite une reprise instrumentale : ils vont au bout de l’avancée pour partager ce moment avec le public – au moins eux y sont allés 😬 L’ambiance se fait ensuite un peu plus menaçante, et quatre crânes de corbeaux apparaissent sur l’écran, alors qu’une ouverture vers un monde désolé semble s’être ouverte dans l’arche de la cathédrale. Au-dessus de la scène, des croix se détachent du plafond et se retrouvent inversées sur scène. La croix inversée peut avoir plusieurs significations, symbole chrétien ou satanique. À vous de choisir ! On peut entendre une voix grave lire les premiers vers de « The Raven » d’Edgar Allan Poe, qui semble être le fil rouge de cette soirée.
Mylène apparaît au centre de l’arche pour « Désenchantée » dans sa version de 1999, celle du « Mylenium Tour », pas la plus réussie à mon goût. Elle est entourée des danseurs, alignés, qui portent maintenant un masque reprenant le crâne des corbeaux, que nous avons vu tout au long de ce spectacle. C’est spécial, ça donne un petit côté angoissant à « Désenchantée ». Je n’ai pas spécialement aimé cette version. Le premier refrain est très calme et la chanson ne démarre jamais vraiment. Les percussions restent très en arrière-plan jusqu’à la reprise de la chanson, ce qui est hyper dommage. J’ai trouvé que ça ne prenait pas et honnêtement, j’ai préféré la version de 2019 qui offrait au moins une vraie relecture.
Après… c’est une chanson fédératrice que les gens sont contents d’entendre, ça a beaucoup chanté autour de nous. D’ailleurs, dès que la chanson se termine, le public reprend le refrain encore une fois. Elle vient même au bout de l’avancée pour reprendre la chanson avec le public en disant : « Quand on a la chance d’avoir une chanson qui rassemble, c’est tellement important de se rassembler, c’est magnifique de vous entendre chanter. Encore une fois ! ». Une fois terminé, elle demande à ce qu’on la reprenne encore une fois : « Et si on recommençait ? » J’ai trouvé la reprise beaucoup plus réussie que la chanson elle-même 🤷♂️ J’espère que la prochaine fois, elle nous offrira une version proche de la version studio. Ce n’est pas la peine d’essayer de réinventer la roue – on veut juste le fun, comme en 2009. Le samedi soir, quelqu’un lui offre un mouton en laine qui ressemble à celui qu’elle a dessiné pour le clip de « C’est Une Belle Journée ». Elle nous salue ensuite et nous dit bonsoir.
C’est le moment du rappel. La scène se rallume sur un titre de circonstance : « Rallumer Les Étoiles ». Sur le papier, je n’étais pas convaincu par ce choix, mais au final, j’ai trouvé l’ensemble très réussi. Mylène est entourée de ses danseurs, arborant une tenue noire élégante : une veste au col rappelant les plumes du corbeau et un pantalon assorti. Elle s’avance jusqu’au bout de la scène, cherchant à capter l’attention du public comme on l’attendait depuis le début du concert ! Des geysers d’étincelles surgissent tout au long de son parcours, créant un effet vraiment saisissant de loin. Je trouve qu’à ce moment-là, on retrouve vraiment la « Mylène » qu’on aime voir sur scène : une artiste qui joue avec son public, et heureuse d’être là. Parce que tout au long du spectacle, j’ai vraiment ressenti un manque d’engagement de sa part.
Elle remonte l’avancée jusqu’à la scène principale, chantant a cappella, puis se dirige vers le fond où l’attend une sorte d’ascenseur. Après un dernier salut, elle monte dans la cabine qui s’élève progressivement dans un ciel étoilé 🌟 On l’aperçoit toujours par transparence, comme enveloppée de volutes de fumée. À mi-chemin, l’écran se voile complètement et se transforme à nouveau en nuée de corbeaux. Les oiseaux semblent s’échapper de la cabine qui poursuit son ascension. Ils retrouvent alors leur forme originelle, comme au début du spectacle. L’écran s’éteint puis affiche « Nevermore » en lettres rouges lumineuses. Du moins, c’était le cas vendredi et samedi, car le mardi soir, seul le mot « More » est apparu, sonnant comme une promesse.
Comme toujours, il y a énormément à dire sur un spectacle de Mylène Farmer. Déjà, je ne regrette absolument pas d’être venu le voir de mes propres yeux, même si cet aller-retour express à Paris m’a coûté cher physiquement. J’aurais regretté de manquer cet événement 🥰 Le spectacle n’est définitivement pas parfait à mes yeux. Et pourtant, avec quelques ajustements, il aurait pu l’être – certains tableaux apparaissent comme des occasions manquées. J’ai adoré la setlist : elle regorgeait de surprises et ça, c’était chouette. Entendre « Du Temps », « Peut-Être Toi », « Optimistique-Moi », « Tristana », et bien sûr « Oui Mais Non » m’a particulièrement plu ! Néanmoins, certains trucs ne fonctionnaient pas et auraient dû être corrigés après la première date. Je pense notamment à « XXL » et au fait qu’il manquait une chanson dans le tableau uptempo. Et clairement, un titre comme « Désenchantée » aurait mérité une orchestration plus énergique, c’est dommage.
Musicalement, l’ensemble est réussi. J’ai apprécié la façon dont ils ont modernisé « Libertine » et « Tristana », ainsi que le clin d’œil à la version 89 de « Sans Contrefaçon ». Cependant, j’ai trouvé qu’il y avait trop de playback cette année, ce qui m’a vraiment déçu 👎 En 2009 et 2013, elle était en pleine possession de sa voix, mais ici : des chansons entières en playback, on ne l’entendait pas sur la majorité des refrains sur le reste des titres. Puis, honnêtement, elle n’a pas particulièrement brillé vocalement, sans compter les nombreuses erreurs dans les paroles. Cela donne une impression de manque de sérieux et de travail.
Ce manque de travail se ressent aussi dans la synergie avec le public. J’ai trouvé Mylène en retrait, je ne sais pas si c’était aussi le cas l’année dernière. En 2019, on était déjà dans quelque chose de très contemplatif, mais le spectacle s’y prêtait peut-être plus qu’un concert en stade. Cette année, j’aurais aimé qu’elle cherche davantage à interagir avec le public 🤷♂️ Si on compare avec des images du Stade de France en 2009, le contraste est saisissant. Je sais que l’âge joue un rôle, mais je ne parle même pas des chorégraphies, juste le fait de jouer avec le public. Le fait qu’elle reste statique au centre de la scène principale la majeure partie du temps, sans utiliser l’avancée, est un choix que je ne comprends pas vraiment. L’ambiance aurait gagné à ce qu’elle soit plus engagée avec le public, comme elle l’a toujours été par le passé.
Peut-être s’est-elle habituée à ce genre de mise en scène, et qu’elle a simplement reproduit le même schéma qu’en 2019 ? Tout était très beau visuellement. Le vendredi soir, j’étais en face et j’ai pu apprécier le travail fait sur la mise en scène. J’ai trouvé le décor très impressionnant, même si j’aurais aimé des écrans un peu plus grands pour le stade. Cette cathédrale renversée est vraiment saisissante, et l’écran principal ainsi que les projections vidéo étaient vraiment bien intégrés à la mise en scène. On a aussi eu de jolies surprises avec le corbeau gigantesque et cette statue de la mort, qui « marquent » visuellement 👏 Les costumes sont dans l’ensemble très jolis. J’ai adoré la tenue de « Libertine » au début, c’est un très joli clin d’œil, ainsi que la tenue de la fin, une simple veste avec les plumes de corbeau sur le col. En revanche, j’ai détesté la robe scintillante et encore plus le combo robe + manteau doré, c’était affreux.
2019 sonnait vraiment comme la fin de sa carrière sur scène. Ici, on n’est pas du tout sur la même vibe. En sortant du spectacle le premier soir, je me suis dit qu’elle ne pouvait pas finir là-dessus. Même s’il y a beaucoup d’autocitations à sa carrière passée, il manque quelque chose, et peut-être qu’elle se le garde sous le coude pour une prochaine fois. Le « More » affiché le dernier soir semble en être un indice.
Ce spectacle m’a donné envie de réécouter sa discographie, de revoir les précédents concerts, et aussi une certaine impatience à l’idée de la retrouver sur scène bientôt. On termine avec les photos et les vidéos du concert. Bravo à tout ceux qui ont été au bout de cet article, n’hésitez pas à laisser vos commentaires ici ou sur les réseaux sociaux, je serai ravi d’échanger avec vous sur le spectacle 😊 Pour lire mes anciens articles sur Mylène Farmer, un seul clic : #MylèneFarmer.
Setlist : Du Temps / Peut-Etre Toi / Libertine / Optimistique-Moi / À Tout Jamais / C’est Une Belle Journée / Tristana / Remember (Medley Instrumental) / Rayon Vert (avec Aaron) / Rêver / Les Mots (avec Seal) / Que L’aube Est Belle / Sans Contrefaçon / Oui Mais… Non / Ode A L’apesanteur (Interlude Instrumental) / Que Je Devienne… / XXL / Désenchantée / Rallumer Les Etoiles
Extrait du concert du 28 septembre 2024 : « Tristana »
Ce compte rendu est juste parfait !
Bravo pour tout ce travail et ta capacité à rendre compte du show avec autant de détails et de justesse !
Beau travail, je partage quelques points, sur le fait de chanter avec un soutien, cela m’avait interpellé aussi au célébration de Madonna, surtout l’enchaînement I will survive ou sa voix est bien mis en avait et la Isla bonita où on n’entend que la bande de soutien.
Merci pour ton retour !
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire ! Je suis ravi que tu aies apprécié le compte rendu. C’était un vrai plaisir de partager les moments forts du show, et ton retour me motive à continuer encore et toujours. Merci encore !
J’habite à New York aussi (depuis 15 ans!) et honnetement je ne l’ai plus suivi depuis que je suis partie mais je m’y suis remise tres recemment et j’ai adore ton compte rendu!! En esperant qu’il y ai une autre serie de concerts dans le futur!!