9 Décembre 2015 – Madonna : Rebel Heart Tour – AccorHotels Arena, Paris
Alors que Madonna s’apprête à monter sur scène, je suis tranquillement installé chez moi pour vous rédiger une chronique aux petits oignons ! Je m’intéresse à elle depuis « American Life » et même s’il y a eu des albums un peu plus creux ces dernières années – je pense à « MDNA » et « Rebel Heart » – je n’aurais manqué cette nouvelle tournée pour rien au monde !
Ayant réussi à me libérer un peu plus tôt, je rejoins mes amis à Bercy aux alentours de 16h30, pour commencer l’interminable attente jusqu’au concert. Car vous ne le savez peut-être pas, mais Madonna adore arriver très tard sur scène, parfois même après 22 heures ! La première partie est simplement abominable, et le mot est faible ! LOL ! C’est Lunice, un DJ canadien, qui en a la charge et qui nous fait vivre un enfer pendant près d’une heure. Et le cauchemar ne s’arrête pas là, car nous sommes, en plus, serrés comme des sardines dans la fosse ! J’ai, à 20 centimètres de mon visage, deux quadras se galochant toutes les 30 secondes : je me demande à quel moment ils vont m’inviter à participer 😀 Bref, à 21h45, après un court extrait d’une chanson de Michael Jackson, la reine daigne enfin se présenter à nous…
L’introduction est visuellement très forte ! On y voit Madonna, en tenue de soirée, et Mike Tyson, enchaîné, évoluant l’un et l’autre dans un univers qui n’est pas sans rappeler certains films d’horreur : des grilles, des chaînes, des portes closes ; quand soudain, une armée de samouraïs apparaît sur les écrans, mais également sur scène – ce sont les danseurs ! On reconnaît les arrangements de « Iconic ». Pendant que Madonna se fait maltraiter et enfermer, son double vient rejoindre les combattants et prendre la tête des troupes. La tension est à son comble dans la salle, quand apparaît, au-dessus de la scène, une cage dans laquelle la vraie Madonna est emprisonnée. Ça en impose ! « Iconic » est donc le premier titre du concert. C’est un morceau que j’adore sur l’album, et effectivement, il me semble idéal comme introduction au spectacle. Malheureusement, comme on se concentre déjà sur le gros barnum et qu’on doit en plus éviter les portables et les appareils photo, il est très difficile d’en profiter réellement ! Le décor est composé d’un énorme écran recouvrant l’entièreté du fond de scène (comme sur les précédentes tournées), et d’une avancée assez longue, avec une pointe en forme de cœur.
Pendant la chanson, elle s’approche d’ailleurs de nous, tout en essayant de combattre ses assaillants, les samouraïs danseurs 😀 C’est une belle entrée en matière ! Après nous avoir souhaité la bienvenue, elle enchaîne sur « Bitch I’m Madonna » autre titre de « Rebel Heart ». Sur scène elle est accompagnée de tous ses danseurs asiatiques et Nicki Minaj nous offre un caméo en apparaissant sur le backdrop. Bon. On échappe à la reproduction du clip en live, mais pour gagner quoi ? Pas grand-chose. Ce n’est certainement pas le moment dont je me souviendrai le plus. Après ça, je reconnais la rythmique de « Burning Up » – qui est un titre que je ne supporte pas ! LOL ! Ça commence bien pour moi n’est-ce pas ? 😀 Elle récupère une guitare électrique au passage et vient gerber les paroles de sa chanson au milieu de l’avancée. Passons à la suite si vous voulez bien. Elle retire sa combinaison, et se retrouve habillée d’une légère robe noire, relevée par un col blanc qui rappelle évidemment la tenue d’une nonne pute. C’est la séquence blasphème ! Madonna et ses danseuses nous offrent une leçon de pole-dance sur « Holy Water » mixé à « Vogue ». Si l’idée est sympa, la Madonne n’est carrément pas gracieuse sur les barres ! La fin du morceau est beaucoup plus iconique, car elle et sa troupe reproduisent une version moderne de la Cène. Madonna se retrouve ainsi ligotée sur la table qui a servi au dernier dîner du Christ et ses apôtres. La parfaite occasion de chanter « Devil Pray », n’est-il pas ? N’ayant pas un grand intérêt pour la chanson je vais directement passer à la suite !
Et la suite, c’est le premier interlude de la soirée sur le titre « Messiah ». On reste dans le thème me direz-vous ! Un des écrans vient former un plan incliné avec la scène, et pendant que sont diffusées des images du clip « Ghosttown » (que nous n’entendrons pas d’ailleurs), un danseur nous gratifie d’une chorégraphie mêlant danse contemporaine et interaction avec les projections vidéo. C’est un peu long, mais le rendu est sympa. Ce qui l’est moins, c’est la chanson qu’elle choisit pour faire son retour : « Body Shop ». RÉELLEMENT ? Il y a tellement mieux à exploiter sur cet album et elle prend « Body Shop ». Heureusement, la mise en scène rattrape un peu le choix du morceau : elle arrive vautrée sur le capot d’une vieille Cadillac ; il semble qu’on se trouve dans le désert, en tout cas dans une station-service perdue au milieu de nulle part – et pendant qu’elle multiplie les poses lascives en se frottant contre la bagnole et ses pneus : les danseurs font leur possible pour meubler en jouant les mécanos 😀 Tout ce beau monde se regroupe au centre, et Madonna nous offre ses premiers mots de la soirée : elle nous demande si on passe un bon moment, elle compare l’ambiance des deux côtés de la salle, en bref, elle fait son job ! Elle enchaîne ensuite sur une version acoustique de « True Blue » qu’on n’avait pas entendu depuis des années. Même s’il n’y a rien de particulier sur scène, la séquence est cool.
Arrive un titre je redoute, « Deeper and Deeper ». Je n’aime pas spécialement cette chanson, et j’appréhende un peu… Le résultat me décontenance un peu, mais l’ambiance qu’il dégage est vraiment festive. Si je vous dis ça c’est parce qu’elle a réussi à mélanger une chorégraphie country avec une réorchestration très années 80, tout en illustrant le titre avec des images psychédéliques de juke-box… Ha, et au milieu tout ça, s’est greffé un break gipsy. Bref. Du grand n’importe quoi ! Retour au calme ensuite avec « HeartBreakCity ». Elle avance progressivement vers le bout de l’avancée pendant qu’un escalier en colimaçon se pose doucement devant nos yeux… Là, j’avoue, je me fais sérieusement chier. Heureusement, elle n’est pas loin nous, ce qui nous permet d’en profiter de près en attendant qu’elle en finisse. Le morceau intègre un court passage de « Love Don’t Live Here Anymore ». Mon cauchemar n’est pas terminé, car c’est « Like A Virgin » qui arrive – et comme « Deeper and Deeper » un peu plus tôt, ce n’est pas un titre que j’aime écouter. Et bien je vous le donne en 1000 : j’ai adoré ! Je ne sais pas si c’est la réorchestration ou la chorégraphie de corkie, mais j’ai pris mon pied ! LOL. C’est d’ailleurs l’un des moments dont je me souviendrai le plus ! Elle a l’air de s’éclater comme une folle sur ce morceau, et c’est le premier titre qui déclenche vraiment une réaction du public !
Elle nous quitte en nous offrant un nouvel interlude : « S.E.X. » pendant lequel les danseurs prennent place sur des lits, pour simuler l’acte sexuel sous toutes ses formes. Toujours subtile, jamais vulgaire la Madone ! LOL ! Quand elle remonte sur scène, elle est vêtue d’une cape, et la cape, ça veut dire « Living for Love ». Pas l’originale non non, même si la performance est calquée sur le clip : on a le droit à la version remixée. C’est un moment que j’ai beaucoup aimé : vous retrouverez d’ailleurs la vidéo à la fin de la chronique. Alors que tous les danseurs ont revêtu une tenue hispanique, Madonna s’approche de nous pour interpréter « La Isla Bonita ». Qu’importe le nombre de fois où elle l’a fait sur scène, il fonctionne toujours aussi bien ! Les spectateurs chantent le morceau à tue-tête, du début à la fin ! J’adore ce titre et c’est l’un de ce qui a le mieux marché de toute la soirée ! Elle disparaît quelques secondes pour revêtir elle aussi une tenue fleurie, et revient pour un medley pseudo- acoustique comprenant : « Dress You Up », « Into the Groove » et « Lucky Star ». Objectivement, le rendu n’est pas ouf – mais on passe quand même du bon temps.
Vient ensuite le moment du speech ! Que serait un concert de Madonna sans un discours interminable et bourré de poncifs ?! Il était évident qu’elle parlerait des attentats, et qu’elle nous dirait à quel point elle aime la France, sa culture, son art, etc. On a le droit à tout ça effectivement, mais c’est plutôt bien amené. Son discours dure quand même près de 10 minutes et se termine par l’introduction de son fils David Banda, qui monte sur scène, accompagné de sa guitare pour interpréter une chanson de Bob Marley : « Redemption Song ». Alors évidemment, on aurait tous préféré qu’elle nous fasse « Love Profusion » en acoustique, puisque c’est habituellement le moment de la « request song » ; mais ce petit bout de 9 ans, qui s’installe avec sa guitare devant les 20 000 spectateurs pour chanter sa reprise, je trouve quand même ça exceptionnel. Ils iront d’ailleurs tous les deux, juste après le show, donner un concert improvisé Place de La République, en hommage aux victimes des attentats. Et tout ça seulement devant une trentaine de personnes. J’aurais adoré y être ! Elle termine la séquence en chantant le titre qui donne son nom à la tournée : « Rebel Heart ». Le backdrop au fond est sans doute le plus beau de la soirée : il s’agit d’un montage graphique des photos les plus iconiques de sa carrière ! Super chouette.
C’est déjà la dernière partie du show ! Et à cette occasion, on se retrouve projeté dans les années folles ! Je ne sais pas si vous avez vu Mad Max : Fury Road – si vous ne l’avez pas fait, achetez le DVD, téléchargez-le, je ne veux rien savoir : regardez-le ! Je vous dis ça, car pendant l’interlude qui met en avant « Illuminati », les danseurs se retrouvent sur des perches flexibles, qui balancent d’avant en arrière, de gauche à droite, comme dans le film. Je sais que ce n’est pas très simple à visualiser comme ça, mais allez jeter un coup d’œil sur YouTube, ça vous donnera une idée. C’est peut-être d’ailleurs la séquence la plus audacieuse de tout le spectacle. Quand Madonna réapparaît, elle porte une petite robe à paillette, et entonne un « Music » très jazzy, très cabaret. Mais ça ne dure que quelques secondes, car la version originale retentit à Bercy, et c’est la folie dans la salle. Au milieu de la chanson, elle s’arrête, et son pianiste, qui joue et rejoue le gimmick de « Music » se retrouve entraîné dans un jeu dont il n’a pas vraiment mesuré l’enjeu : il lance une Marseillaise. Il n’en faut pas plus aux spectateurs pour entonner l’hymne national en chœur. C’est une vidéo que vous pouvez également découvrir à la fin de ce compte rendu. « Music » reprend, on y entend des extraits de « Give It 2 Me », puis de « Candy Shop » qui est le morceau suivant.
Quand j’ai vu la setlist, je me suis dit : « PAS ENCORE ?! » Et finalement, c’est l’un des titres que j’ai préférés de toute la soirée : je ne regrette absolument pas qu’elle l’ait intégré de nouveau : je trouve même qu’il se bonifie avec le temps ! Quelle ambiance ! Elle enchaîne avec une drôle de version de « Material Girl » et s’installe, au centre de l’avancée pour interpréter, en français s’il vous plaît « La Vie En Rose ». Alors ce n’est pas un titre qu’elle fait spécialement pour la France, il est véritablement intégré à la setlist depuis le début de la tournée. Son interprétation n’est pas mauvaise du tout d’ailleurs. À la fin de la chanson, elle chantonne quelques notes de « Diamonds Are a Girl’s Best Friend » avant d’enchaîner sur « Unapologetic Bitch ». Oui, le fossé est très grand entre ces deux titres 😀 Chaque soir, sur ce morceau, il y a un guest. C’est Jean-Paul Gaultier qui monte sur scène et qui joue donc l’unapologetic bitch de la soirée ! C’est un des titres que j’ai préférés ! En fait j’ai beaucoup aimé la dernière partie ! LOL ! Après un premier au revoir accompagné d’un « Bye Bitches » sur l’écran, elle revient pour « Holiday » qui signe là un final un peu fade et réchauffé. Dommage de finir là-dessus, vraiment.
Vous l’avez sans doute senti tout au long de cette chronique, le show m’a laissé sur ma faim. Alors… oui, je me suis quand même bien amusé, oui, c’est un beau spectacle, on ne peut pas le nier, mais il m’a manqué un truc ! La première chose qui m’est venue à l’esprit quand les lumières se sont allumées : c’est qu’en fait, ça manque de fun. On a la mise en scène, on a les danseurs, on a l’attitude… mais on a trop peu de moments d’euphorie totale. Et ça s’est vu dans le public, bien moins investi que sur les précédentes tournées ! Je me trompe peut-être, mais c’est mon ressenti. Ensuite il y a le choix des chansons : pour moi qui n’aie pas réellement d’affinité avec le disque, j’ai été hyper déçu par la setlist. J’aime les titres de ma génération, ceux des années 2000 : des albums « Music », « Ray Of Light », « American Life » ou encore « Confessions On A Dance Floor » et… je n’ai rien eu de tout ça ! Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle a snobé toute cette partie de son répertoire ; elle regorge pourtant de tubes en puissance ou de chansons qu’on espère entendre depuis des lustres comme « Love Profusion » que je citais tout à l’heure, ou même « Hollywood ». Ça n’arrive pas souvent, mais il n’y avait vraiment aucun titre que j’attendais avec excitation : c’était juste une suite de morceaux que j’aime… sans plus, et pas forcément bien réorchestrés pour en remettre une couche ! LOL.
Quant à la mise en scène, même si elle est beaucoup moins ambitieuse que sur le « MDNA Tour », il y a quand même de bonnes idées ! Ça m’a fait penser au « Sticky And Sweet » par moment. Aujourd’hui moi je rêve de la voir dans un spectacle construit et cohérent avec des tableaux et des chansons qui se répondent – mais on en est pas encore là ! Lol ! En revanche, humainement, et ça a été souligné 1000 fois sur Internet, il y a de gros progrès ! Elle est beaucoup plus proche du public que sur les précédentes tournées. Elle semble beaucoup plus épanouie, plus souriante, c’est vrai que ça apporte un plus non négligeable à notre ressenti. Je râle, mais entre nous, je dois vous avouer que j’étais bien content de la revoir sur scène ! Un concert de Madonna, c’est toujours impressionnant : j’aurais simplement aimé avoir plus de surprises ! Ce n’est clairement pas ma tournée préférée : je n’ai même pas de plaisir à regarder les vidéos sur YouTube 😀 Je suis curieux de savoir ce qu’elle va faire par la suite : j’espère un album un peu plus posé, en accord avec son âge et qu’on évitera les ‘bitch’ à toutes les sauces !
Pour terminer, je vous propose de découvrir les autres chroniques des shows de Madonna auquel j’ai assisté, il y a très belles choses dans le lot : MDNA Tour – Olympia, Paris (2012), MDNA Tour – Stade de France, Paris (2012), Sticky & Sweet Tour – Stade Charles-Ehrmann, Nice (2008) et Confessions Tour – Bercy, Paris (2006). Et on se quitte, comme d’habitude avec les photos et les vidéos de la soirée, j’espère que tout ça vous plaira. C’est normalement le dernier concert de l’année ! On se retrouve donc en 2016 ici et les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram !
Setlist : Iconic / Bitch I’m Madonna / Burning Up / Holy Water / Vogue / Devil Pray / Body Shop / True Blue / Deeper And Deeper / Heartbreakcity / Like A Virgin / Living For Love / La Isla Bonita / Dress You Up / Into The Groove / Lucky Star / Redemption Song / Rebel Heart / Music / Candy Shop / Material Girl / La Vie En Rose / Diamonds Are A Girl’s Best Friend / Unapologetic Bitch / Holiday
Également disponible en vidéo sur YouTube : Living For Love – Redemption Song – La Marseillaise