7 Février 2018 – Bodyguard, Le Musical – Palais des Sports, Paris
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je n’aime pas écrire sur un spectacle que je n’ai pas apprécié. C’est d’autant plus difficile pour moi après « Jésus », car je sais le travail que représente une production comme celle-ci. Il y a quelques semaines encore j’étais à leur place et c’est pour cette raison que je vais mettre un peu d’eau de mon vin.
Il faut savoir que « Bodyguard », c’est un spectacle clé en main : la licence est achetée avec un cahier des charges qui permet de recréer le show à l’identique dans les différents pays où il est importé. C’est également le cas pour « Grease » et « Priscilla » en résidence à Paris actuellement. Le gros du boulot est donc d’adapter les dialogues et dégoter un bon casting… notamment quand le personnage principal reprend un rôle ayant appartenu à Whitney Houston. Pour information, les photos et les vidéos qui suivent ne sont pas issues de la version française de la comédie musicale.
« Bodyguard » raconte l’histoire d’amour entre Rachel Marron, superstar de la musique, et Frank Farmer, garde du corps, engagé pour la protéger contre un mystérieux harceleur. Le tout sur fond de romance exploitant les plus grands titres du répertoire de Whitney Houston. Le choix des chansons est assez sympathique : on retrouve les classiques « I Will Always Love You », « I Have Nothing », « I Wanna Dance With Somebody », mais aussi certains titres plus confidentiels comme « Million Dollar Bills ». L’orchestre joue live et les arrangements ne dénaturent pas les versions originales. C’est un des points forts du show. Musicalement, j’ai passé un bon moment.
C’est à Valérie Daure (Rachel Marron) et Cylia (Nicki Marron) que revient la lourde tâche d’assurer la partie chantée du spectacle. Et c’est là que le bât blesse. Valérie Daure, aussi talentueuse soit-elle, manque de nuance dans la voix et la sortie de route n’est jamais loin. Quand on s’attaque à Whitney Houston, il faut être au niveau : on ne peut pas se limiter à pousser, pousser, pousser, parce que ça finit forcément par lâcher. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé sur « One Moment In Time » et sur le climax de « I Will Always Love You » qui a laissé la salle un peu pantoise.
Quant à Cylia, c’est la révélation du spectacle : elle éclipse complètement le reste du casting. Elle apporte une fraicheur et une émotion que les autres sont incapables de transmettre. Son solo sur « All at Once » est vraiment au-dessus de tout ce qu’on peut voir et entendre dans le spectacle. J’imagine qu’il y a une bonne raison pour laquelle on ne lui a pas donné le rôle-titre, mais elle l’aurait – je pense – assuré avec beaucoup plus de naturel et de générosité. D’ailleurs, le public n’est pas dupe et à la fin du spectacle, les acclamations sont pour elle et pour elle seule.
Les autres comédiens ne font pas d’éclats. Les critiques sont plutôt gentilles avec Benoît Maréchal, le bodyguard, que j’ai personnellement trouvé insignifiant. Il récite son texte comme dans un soap-opéra. À sa décharge, les représentations viennent de commencer et le spectacle est encore en rodage, mais… Il y a du boulot !
Parlons de la mise en scène ! J’ai été surpris par la petitesse du plateau : c’est un musical de théâtre, et il ne semble pas avoir été adapté à une salle de 4500 spectateurs. L’originalité de ce décor, ce sont les immenses panneaux qui s’ouvrent et se ferment pour orienter le regard vers un point, une scène, un personnage. Les transitions sont fluides, le spectacle est dynamique et Dieu sait à quel point c’est important. Quelques effets viennent agrémenter le show ici et là, je pense notamment au rideau de fumée, impressionnant, et aux effets de ralenti : c’est bien trouvé. L’ensemble est quand même assez cheap. On n’est parfois pas loin des galas du samedi soir au casino de Palavas-les-Flots.
J’ai aussi été déçu par les costumes. Entre l’impression de déjà-vu et les parures de Valérie Daure qui ne lui rendent pas grâce, on est servi. Il manque « la » tenue qui fait mouche. On est à des années-lumière de Rachel Marron et de Whitney Houston. Dommage.
Je pense que le tour d’horizon est terminé… Il n’y a pas grand-chose à dire de plus. Je sais que je suis sévère envers le spectacle, mais j’ai essayé d’expliquer au mieux les raisons pour lesquelles je n’ai pas aimé. Je respecte malgré tout le travail des artistes qui sont sur scène : j’espère qu’ils sauront trouver leur rythme et proposer un spectacle de plus en plus réussi. Mon avis est que l’idée originale est moyenne – tous les films musicaux ne sont pas transposables – et que l’adaptation française est ratée : le casting se laisse porter par le show sans y apporter sa personnalité. Donc mise à part si Whitney Houston vous manque plus que tout au monde, je vous conseille plutôt « Grease » ou « Priscilla » qui vous raviront sans doute bien plus que « Bodyguard ».
En attendant le prochain spectacle, je vous propose de me rejoindre sur Facebook, Twitter et Instagram pour découvrir mes autres chroniques ! Si vous appréciez les spectacles musicaux du Palais des Sports, je vous invite à découvrir les articles que je leur ai consacrés depuis le lancement du site : « Saturday Night Fever », « Les 3 Mousquetaires », « Résiste », « 1789, Les Amants de la Bastille », le choix est vaste !
Extraits « Bodyguard »
La chanteuse américaine semble bien s’en sortir d’après la vidéo, mais ça m’a l’air d’être bien kitch… Je m’en tiendrai à la BO de 1992 (« Jesus Loves Me » <3).
De toute façon, le public ne s’est pas trompé ! Le spectacle s’est arrêté au bout d’un mois à Paris et la tournée a été intégralement annulée… 😅