16 Juin 2025 – The Devil Wears Prada : The Musical – Dominion Theatre, Londres (2025)
Ça ne me dérange pas d’enchaîner les spectacles, mais quand il s’agit de passer à l’étape « comptes-rendus », je galère toujours à organiser mes idées. Et j’avoue que cette semaine en Europe m’a lessivé ! Bref, il est temps de parler de The Devil Wears Prada : The Musical. Le spectacle avait déjà tenté une première vie à Chicago en 2022, avec des critiques pas franchement tendres. Il a été retravaillé depuis, et contre toute attente, c’est à Londres qu’il a rouvert, au Dominion Theatre, au lieu de passer par Broadway. J’ai payé 30 £ pour être au premier rang du balcon (oui, 30 £… contre 200 $ pour la même vue à New York) et je me suis dit que c’était une occasion à ne pas manquer ! Un détail frustrant tout de même : à Londres, pas de Playbill. Et donc pas de souvenirs à ramener avec moi !
Vanessa Williams incarne donc Miranda Priestly, rédactrice en chef tyrannique du magazine Runway, et vous connaissez sûrement le reste. Pour ceux qui auraient échappé au phénomène, voilà le pitch en deux lignes : Andrea, jeune autrice en galère, se retrouve par hasard assistante personnelle de la glaciale Miranda. Au fil du temps, elle gagne sa confiance, monte en grade… mais perd un peu d’elle-même en chemin. Jusqu’où faut-il aller pour réussir ? Et à quoi doit-on renoncer ? Voilà les vraies questions derrière les talons aiguilles 👠
L’intrigue suit celle du film quasiment au mot près. Je n’ai pas eu l’impression de découvrir quoi que ce soit de nouveau sur l’histoire. C’est une adaptation très fidèle, trop fidèle même 🫤 Dommage de ne pas avoir profité du passage à la scène pour en tordre un peu les codes ou explorer un autre angle. Death Becomes Her, récemment adapté à Broadway, avait justement pris le parti inverse : en faire des caisses, inventer des numéros délirants, assumer le kitsch. Surtout, on ne sort pas du cadre ! Le message principal reste celui du film : faut-il sacrifier sa vie personnelle pour réussir professionnellement ? Sauf qu’ici, ça ne résonne pas particulièrement fort. Le propos reste en surface, le final ne délivre pas une grande leçon. On est clairement sur du divertissement pur, sans vraie ambition de fond. Pas un problème en soi, mais ça rend l’ensemble assez plat 💁♂️ Même l’humour, qui fonctionnait bien à l’écran, tombe un peu à plat sur scène. Je m’attendais à quelque chose de plus over the top, de plus mordant.
Musicalement, c’est Elton John qui a été chargé d’écrire les chansons. On reconnaît sa patte à quelques moments (certaines harmonies, des riffs familiers), mais ça reste très générique. De la pop sans éclat. Il y a un peu de tout : des titres énergiques, des ballades… mais rien de vraiment marquant. J’ai bien aimé 2-3 chansons au cœur du deuxième acte – notamment un tableau très réussi pendant la Fashion Week à Paris, avec un clin d’œil bleu-blanc-rouge et une immense tour Eiffel en fond (« Paris, City of Dreams ») et « Who’s She’s? » que Andy devient la star du tapis rouge aux côtés de Miranda. Mais je serais bien incapable de fredonner quoi que ce soit aujourd’hui, d’autant plus que l’album du cast n’est pas encore dispo… ☠ Bref, les chansons font le job : elles rythment l’action, soutiennent les scènes, mais ne vivent pas vraiment en dehors. Un raté.
Parlons un peu de la mise en scène. Je vais être honnête : je n’ai pas été bluffé. Je m’attendais à un truc grandiose, avec une avalanche de décors, des costumes à n’en plus finir, un univers visuel un peu délirant… et en vrai, j’ai trouvé ça assez fade. Le décor, signé Tim Hatley, fait franchement vide. Il y a bien un grand écran en fond de scène, qui projette des images censées nous situer géographiquement (spoiler alert : c’est New York), mais à part ça, pas grand-chose. Et bon, se taper des vues de Manhattan alors que j’étais à Londres pour voir autre chose que chez moi… comment dire ? J’étais pas en manque 😆 On se balade entre l’appart d’Andrea, les bureaux de Runway, et quelques extérieurs qui, bizarrement, sont les plus réussis. Le meilleur moment visuel reste pour moi le tableau de la Fashion Week parisienne – une énorme tour Eiffel lumineuse arrive sur scène façon Moulin Rouge, les comédiens sont habillés en bleu, blanc, rouge… c’est joli, c’est graphique et ça marche. Il y a aussi un passage avec un défilé de mode, des jeux de miroirs, et les comédiennes réparties dans la salle. C’est un des seuls moments d’où je garde une image forte en tête.
Il y a aussi un petit détour par le Met Gala, que j’imaginais plus flamboyant. En vrai, à part un grand escalier et quelques belles robes, ça reste un peu vide. Pas vraiment d’innovation, pas de vraies surprises, pas de moment où tu te dis « Ah ouais, quelle idée géniale ! ». Côté chorégraphies, on est surtout dans un délire : « panique au bureau avec le ballet des assistants ». C’est rythmé, ça remplit bien l’espace, mais c’est un peu répétitif. Les costumes, eux, sauvent la mise. Gregg Barnes signe des tenues superbes – vraiment. C’est élégant sans être ringard. C’est là que le spectacle assume enfin un peu son ADN fashion. Vanessa Williams est d’ailleurs toujours impeccable 👌
Il y a une grosse troupe sur scène, une vingtaine de comédiens facilement, mais le spectacle repose très clairement sur trois personnages : Andrea, Miranda et Emily. Enfin, deux et demi, on va dire. Commençons par Georgie Buckland, qui incarne Andrea. Pour moi, c’est le vrai point fort du spectacle. Elle joue super bien, elle chante très bien, elle est attachante, drôle, juste, tout ce qu’il faut. Elle arrive à donner un peu d’humanité à un spectacle qui en manque parfois. J’ai vraiment adoré sa performance – c’est elle qui m’a tenu éveillé pendant le premier acte (et je ne dis pas ça à la légère 🥱). En face, Vanessa Williams donc, dans le rôle de Miranda Priestly. C’est la tête d’affiche, la raison pour laquelle une bonne partie du public était là… mais alors niveau performance, c’est assez limité. On est clairement sur du talk-sing, elle ne chante pas vraiment. Elle pose la voix, elle défile, elle s’installe dans son rôle de grande prêtresse de la mode, mais je l’ai trouvée étonnamment peu marquante. Après, c’est dur de faire mieux que Meryl Streep ! Le personnage que j’ai trouvé le plus drôle, c’est Emily, jouée par Amy Di Bartolomeo. C’est elle qui hérite de toutes les lignes comiques, de toutes les scènes un peu hystériques, et elle s’en sort très bien. Son numéro solo « Bon Voyage » est probablement le plus drôle du show.
En tout cas, les personnages sont bien identifiables (surtout si on connaît le film), les enjeux sont clairs. Niveau anglais, rien de compliqué. Même si votre vocabulaire est limité, vous pouvez suivre sans souci. Et comme tout le monde connaît déjà plus ou moins l’histoire, vous n’avez pas de soucis à vous faire. En revanche, c’est un peu long. Le premier acte traîne pas mal. Le spectacle dure un peu plus de 2 h 30, ce qui me semble beaucoup trop pour une histoire qui, au cinéma, tenait en 1 h 50. J’ai bâillé de nombreuses fois en me disant que j’aurais mieux fait d’aller voir Beyoncé – que j’ai finalement été voir à Paris. Le deuxième acte est un peu plus rythmé, notamment grâce aux tableaux visuels que j’ai cités plus haut (Paris, le défilé, toussa toussa), mais je mentirais si je disais que j’étais triste que ça se termine. Et le public ? Assez tiède. Il y a eu des applaudissements polis, quelques rires par-ci par-là, mais globalement je n’ai pas senti une salle en délire. Le seul vrai moment d’enthousiasme, c’est l’entrée de Vanessa Williams. Et sa sortie 😅
Alors, que dire en conclusion ? Je suis content d’avoir vu le show. Ça change un peu de Broadway, déjà rien que sur les prix : 30 £ pour être au premier rang du balcon, on est loin de ce que ça m’aurait coûté à New York. Après… j’ai trouvé ça assez moyen dans l’ensemble. Oui, c’est divertissant. Si vous aimez l’histoire et que vous avez envie de la voir sur scène, pourquoi pas. Mais ça n’apporte rien de plus 😕 Et c’est un peu ce que je regrette. Je trouve dommage d’avoir simplement transposé le film sur scène, sans vraiment profiter des possibilités du médium. Sur scène, on peut tout faire : jouer la carte du grotesque, du second degré, du too much… Bref, on peut s’amuser. Ici, on reste les deux pieds bien ancrés dans le réel : c’est une adaptation très scolaire. La mise en scène est basique, les lumières ne marquent pas, et les chansons s’écoutent gentiment, mais ne laissent pas grand-chose derrière elles…
Le vrai bon point du spectacle, c’est l’actrice principale, Georgie Buckland, qui joue Andy. Elle est super. Elle a une voix puissante, elle joue avec justesse, elle porte le spectacle sur ses épaules. Ses solos sont réussis, sa présence est forte, et on sent que c’est une vraie comédienne de comédie musicale. Ça, c’était un plaisir. Vanessa Williams, en revanche… je suis curieux de lire ce que la presse en dit, mais moi j’ai été déçu 👎 Elle est là pour son nom, pas pour sa voix. Est-ce que j’irais le revoir si ça arrive à Broadway ? Non. Il faudrait vraiment une énorme star, ou une refonte complète, pour me faire retenter l’expérience. Je ne pense pas que ça vaille le coup. Bref, c’était ma deuxième comédie musicale à Londres – la première, c’était Le Roi Lion il y a 10 ans ! Et d’ailleurs c’était déjà Elton John. La boucle est bouclée 🤣 Si vous aimez les comédies musicales, il y a de quoi faire cette année sur le blog : #ComédiesMusicales. J’ai déjà repéré quelques spectacles pour l’automne alors soyez au rendez-vous, car on se retrouve très vite pour d’autres chroniques – d’ici là, suivez-moi sur les réseaux Facebook, X et Instagram pour ne rien rater 🖤
Extraits « The Devil Wears Prada : The Musical »