2 & 7 Janvier 2018 – Michel Sardou : La Dernière Danse – La Seine Musicale, Paris
Les amis, c’est un vrai plaisir de commencer cette nouvelle année avec Michel Sardou. C’est un artiste que j’apprécie énormément, pour ses chansons évidemment, mais aussi pour son franc-parler qui ne laisse personne indifférent. Car oui, aimer Michel Sardou, c’est aussi faire face aux railleries de ses amis et de ses collègues, mais j’ai dépassé ce stade depuis bien longtemps 😅. Vous le savez sans doute, « La Dernière Danse », c’est le nom de cette ultime tournée : l’homme fait ses adieux à la musique après avoir passé plus de 50 ans de sa vie sur scène ! J’attendais beaucoup de ce concert et je n’ai pas été déçu malgré quelques imperceptibles défauts, dont je vous parlerai un peu plus loin… Je n’avais d’ailleurs pas prévu d’y aller 2 fois, mais j’ai eu envie de faire plaisir à l’un de mes amis, fan refoulé de Michel Sardou (😏), en l’accompagnant pour sa première et dernière fois. La chronique est un mélange des deux soirées.
Je découvre la Seine Musicale, salle inaugurée au printemps dernier sur l’île Seguin aux portes de Paris. Le lieu est superbe. Je suis agréablement surpris par le confort offert aux spectateurs : oui Mesdames et Messieurs, il y a de l’espace pour les jambes 👏. La première partie est assurée par Antoine Decrop, musicien classique, qui partage avec nous quelques-unes de ses compositions au piano. Pour satisfaire le difficile public de Michel Sardou, il y ajoute même quelques extraits des plus grands tubes du chanteur, ce qui provoque à chaque fois une vague d’euphorie dans la salle. Le 7 janvier, en hommage à France Gall dont le décès vient d’être annoncé, il y glisse un petit extrait de « Si Maman Si ». Après un court entracte de 20 minutes, les lumières s’éteignent de nouveau pour laisser place au maestro.
C’est une introduction digne des plus grandes séries américaines qui nous est proposée : le nom de Michel Sardou s’affiche en lettres de lumière sur l’écran, entremêlées à des images d’archives retraçant les 50 années de carrière du chanteur. L’écran s’ouvre et Michel Sardou apparaît dans un rayon de lumière et s’avance lentement vers le public en interprétant « Salut ». La chanson a une forte symbolique puisqu’elle clôture habituellement tous ses concerts. Smoking noir, chemise blanche et inénarrable nœud papillon défait : l’élégance est de mise. Le décor est somptueux. Sur scène, il y a plus de 30 musiciens, dont quinze violonistes, nul doute que la musique sera au cœur de la soirée.
Après quelques mots de bienvenue, il enchaîne avec « La Java De Broadway » qui révèle le potentiel de la mise en scène : sur l’écran, les images d’un casino brillent de 1000 feux, sur scène, les cuivres s’en donnent à cœur joie. Les violons prennent le relais pour l’introduction de « Vladimir Ilitch », prélude à l’un de ses plus grands tubes : « Je Vais T’aimer ». Le premier soir vocalement, c’est en dessous de mes attentes : la justesse est limite, le rythme incertain, les hautes notes ne sortent pas, non, il n’a pas la forme notre pépère 😔. Je note malgré toute une nette amélioration le dimanche, ça fait plaisir à entendre.
Il annonce la couleur avant d’interpréter la chanson suivante, « San Lorenzo », extraite de son dernier album : « Je vous connais. Vous n’avez jamais aimé les nouvelles chansons. Enfin si, vous les aimez, mais après ! Longtemps après ! ». S’il a perdu un peu de sa voix, il n’a pas perdu son sens de l’humour ! Moi, je suis ravi qu’il l’interprète, car j’adore l’album et ce morceau en particulier. Il nous explique ensuite qu’il a eu la chance de rencontrer, pendant sa carrière, de nombreux artistes talentueux, notamment une femme hors du commun… Barbara, dont il choisit de reprendre « L’aigle Noir ». Même si je n’apprécie pas forcément l’orchestration, il réussit à se la réapproprier et en faire une chanson « à la Sardou », à coup de grandes envolées de cordes. Musicalement, c’est un sans-faute.
Avant d’enchaîner sur le morceau suivant, il fait un petit aparté sur Bercy dont il a eu l’occasion de fouler de nombreuses fois la scène. Une horreur selon lui : « Quand vous êtes sur la scène et que le dernier rang est à 250 m, ils vous voient grand comme une salière ! ». C’est la raison pour laquelle il a décidé de faire une scène centrale en 1998 et en 2001 (l’image apparaît sur l’écran). Il était alors accompagné de Mathilde Sternat, jeune violoncelliste, encore présente à ses côtés aujourd’hui et qu’il invite sur scène pour interpréter « Le Bac G ». Il enchaîne avec « Le France », illustré sur l’écran par des ondes à la surface de l’eau.
Il nous présente ensuite les 2 directeurs musicaux de la tournée : Jacques Veneruso et Pierre-Jean Scavino, tous deux hués par le public parisien à cause de leurs origines marseillaises le mardi soir. Les pauvres 😆. Ils l’ont, selon lui, forcé à chanter les chansons de ses débuts… Quand il était encore jeune, beau et « qu’il sentait bon le sable chaud » (je ne fais que citer). Et là, c’est le drame 😬. Michel Sardou continue sa tirade : « Je vais vous raconter une petite histoire… Je vous jure qu’elle est vraie ». Stupeur sur scène, les musiciens lui crient : « NON, C’EST PAS LÀ ! ». Et comme une image vaut mieux qu’un long discours, je vous laisse découvrir la séquence grâce à l’extrait audio :
‘Mais c’est eux qui sont bourrés, c’est pas moi nom de Dieu !’
Pour couper court à la digression, l’orchestre enchaîne sur le medley prévu à l’origine : « En Chantant », « Les Bals Populaires » et « Le Rire Du Sergent ». Un pot-pourri rythmé et léger, qui redonne un coup de peps à la soirée après le malaise qui a précédé. Et rassurez-vous, le dimanche soir, tout s’est très bien passé et nous avons eu le fin mot de l’histoire ! Celle qu’il voulait nous raconter d’ailleurs, c’est celle de « La Maladie D’amour », magnifique chanson interprétée en chœur avec le public, que vous pouvez retrouver en vidéo à la fin de cette chronique. Dans la salle résonnent des cœurs grégoriens pour annoncer « L’An Mil », qui, comme en 2012, bénéficie d’une mise en scène impressionnante. L’atmosphère change du tout au tout. Sur l’écran, les crucifix brûlent, sur scène, les violons se déchaînent.
Après avoir interprété « Une Fille Aux Yeux Clairs », Michel Sardou invite les cuivres à le rejoindre sur scène pour une version « Nouvelle-Orléans » du titre « Les Ricains », hommage à l’Amérique qu’il affectionne. C’est de loin le moment que j’ai préféré ! Je suis absolument fan de la nouvelle orchestration de la chanson et je suis impatient d’avoir une version live digne de ce nom ! Il prend ensuite à partie son guitariste historique, en lui reprochant de l’avoir foutu dans un sacré merdier à cause du titre « Être Une Femme ». Il explique que toutes les associations féministes lui sont tombées dessus :
– Qu’est-ce qu’il y avait de macho dans cette chanson ? Je vous le demande ! À l’époque, je disais que les femmes allaient devenir chauffeurs d’autobus, elles le sont pas ?! Générales d’infanterie, elles le sont pas ?! Femmes d’affaires, elles le sont pas ?! ALORS POURQUOI VOUS M’AVEZ EMMERDÉ PENDANT 40 ANS AVEC CETTE CHANSON !
Le titre démarre, et c’est objectivement l’un des meilleurs moments du concert ! Réorchestration moderne, grosse ambiance dans le public et projection vidéo parfaite. Malgré sa grande gueule, il évite gentiment la phrase « Et de là faire bander la France ! » et accompagne son méfait d’une petite grimace aux spectateurs des premiers rangs 😅. Le mardi, il est en roue libre… et lâche un subtil « J’en peux plus ! » à bout de souffle en plein milieu de la chanson. J’adore ce mec.
Il enchaîne avec un extrait de son nouvel album, « Le Figurant », et un titre que j’aime un peu moins « Il Était Là (Le Fauteuil) », mais qui bénéficie malgré tout un joli habillage scénique.
Surprise ensuite, il choisit un morceau que je ne connais absolument pas, je ne sais d’ailleurs même pas d’où il le sort : « Io Domenico ». La chanson raconte l’histoire d’un homme d’origine italienne qui fait le bilan de sa vie au moment de sa mort, le tout sur un air plutôt léger ! Un choix inattendu. Pour « Je Vole », comme dans la version originale, il récite le texte sans jamais le chanter, mis à part sur le dernier refrain. Sans transition, l’orchestre enchaîne avec « Comme D’habitude » que Michel Sardou entonne à la manière d’un crooner. Il arrête la chanson en plein milieu pour nous dire que ça ne va pas du tout : depuis des années, il la chante avec une partenaire, et nous demande si on est d’accord pour l’appeler… Il parle bien évidemment de sa mère, Jackie Sardou, qu’il appelle pour rejouer le sketch culte, « Maman », que je vous invite à découvrir en cliquant sur ce lien : « Maman ».
Les spectateurs se sentent pousser des ailes et se jettent devant la scène. Au sens propre oui 😆. Ils se jettent littéralement des balustrades pour rejoindre la scène au pas de course ! Je regrette mon manque d’ambition le premier soir, j’aurais aimé mêler à la foule en délire pour la dernière partie du concert - ce que j’ai fait avec grand plaisir le dimanche ! Je suis ravi de pouvoir entendre « Afrique Adieu » dans une version beaucoup plus intéressante que celle de 2012. La scène revêt les couleurs que l’on retrouve dans la plupart des drapeaux des pays africains : du vert, du rouge et du jaune, mêlé à des symboles tribaux qui défilent sur l’écran. De près, Michel Sardou semble épuisé – je vous invite à jeter un œil sur les dernières secondes de la vidéo de « Afrique Adieu », c’est flagrant.
C’est avec « Musulmanes » qu’il enchaîne. Ça fait partie des moments que j’ai préférés dans le spectacle. La mise en scène est superbe, l’ambiance est à son comble et la réorchestration est top ! Un incontournable. Pour clôturer la soirée, il interprète « La Dernière Danse », qui donne son nom à la tournée. Il explique que c’est effectivement son dernier tour de chant, mais qu’il continuera à faire de la scène, dans un autre registre, au théâtre. Si la chanson n’est pas très intéressante, elle a le mérite d’avoir une symbolique forte.
À ma grande surprise, certains spectateurs commencent à quitter la salle, avant même d’avoir entendu le chef-d’œuvre absolu de sa carrière : « Les Lacs Du Connemara ». Après une introduction irlandaise, Michel Sardou lance les fameux : « Terre. Brûlée. Aux vents. Des landes de pierre… » que nous attendions tous avec impatience. Il laisse le public chanter à l’unisson sur le morceau qui a forgé son succès. S’il ne met pas beaucoup d’entrain dans son interprétation, les spectateurs sont là pour rattraper le coup : l’ambiance est absolument géniale. Je suis ravi d’avoir pu le vivre 2 fois 🥰. La chanson bénéficie d’une longue conclusion instrumentale, sur laquelle Michel Sardou nous gratifie même de quelques pas de danse à la « Lord Of The Dance ». Et lorsqu’il quitte la scène et que les lumières se rallument, je suis quand même un peu triste de le voir partir et de me dire que c’est la dernière fois 😥.
Même si je me suis un peu moqué de lui tout au long de ce compte rendu, je dois reconnaître que j’ai passé deux excellentes soirées 🤗. Le spectacle est superbe : la mise en scène est ambitieuse, le choix des titres approche le quasi-sans-faute et les réorchestrations touchent à la perfection. Les arrangements sont d’ailleurs le gros point fort du concert. Un grand bravo à la direction musicale ! S’il m’a manqué quelques chansons comme « Je Viens Du Sud », « Rouge » ou « Marie-Jeanne », je suis ravi d’avoir pu entendre des versions extrêmement réussies d’« Être Une Femme », « Les Ricains » et « Afrique Adieu ». Concernant sa performance, on ne va pas se mentir : il n’était pas dans ses meilleurs jours. Au-delà des problèmes de justesse et de rythme, les déplacements manquaient cruellement de dynamisme. Il a malgré tout assuré lors des plantages, grâce à son sens de l’humour et à son franc-parler hors du commun, et était nettement plus en forme le dimanche soir.
J’ai préféré cette tournée à la précédente que j’avais (déjà) trouvée un peu mollassonne : je garderai un très bon souvenir des deux soirées. Je vous invite à découvrir les photos et les vidéos du spectacle et à laisser un commentaire ici ou sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Instagram si vous aussi vous avez eu l’occasion d’assister à ce spectacle à Paris ou en province. N’hésitez pas à lire mes précédentes chroniques en cliquant juste ici : #MichelSardou. Je lui souhaite de se remettre vite sur pied pour continuer d’assurer le reste de cette tournée triomphale. Michel, on t’aime ❤.
Setlist : Salut / La Java De Broadway / Vladimir Ilitch / Je Vais T’aimer / San Lorenzo / L’aigle Noir / Le Bac G / Le France / En Chantant / Les Bals Populaires / Le Rire Du Sergent / La Maladie D’amour / L’An Mil / Une Fille Aux Yeux Clairs / Les Ricains / Être Une Femme / Le Figurant / Il Etait Là (Le Fauteuil) / Io Domenico / Je Vole / Comme D’habitude / Afrique Adieu / Musulmanes / La Dernière Danse / Les Lacs Du Connemara
Également disponible en vidéo sur YouTube : La Maladie D’amour – Être Une Femme – Musulmanes – Afrique Adieu
Chouette article ! Pour ma part, je l’ai vu fin décembre à la Seine Musicale et je me préparait au pire… mais en fait, il a vraiment assuré ! Une voix posée, des orchestrations remarquables. Et plusieurs générations réunies dans la salle.
J’y ai passé une magnifique soirée. Reste à espérer qu’un live de cette ultime tournée sortira…
Bel article en effet avec, je le sens, beaucoup d objectivité pour notre idole.
J’ai vu ce spectacle à saint Etienne et il avait la pêche. Peut être parce que c était le début de la tournée.
Je suis juste surpris que vous ne connaissiez pas »io Domenico » qui a été, en son temps, un succès aussi.
Je suis triste que Michel arrête mais je crois honnêtement qu’il n’a plus l envie comme on l’a vu sur France 2. Mais merci a lui et a tous les bons moments que j’ai passé. Bon vent Michel Sardou.