12 Juin 2017 – M (Matthieu Chedid) : Lamomali, L’aventure Malienne De M – Salle Pleyel, Paris
Ceux qui me suivent depuis un certain temps peuvent penser que je me suis lassé des grands shows à l’américaine. Ce n’est pas tout à fait faux ! Depuis quelques mois, je me découvre une passion pour des projets musicaux plus locaux : je pense notamment à Camille, que j’ai eu la chance de voir la semaine passée, mais également à Lamomali, l’aventure malienne de Matthieu Chedid, mon coup de cœur absolu de l’année ❤ Aimablement invité à découvrir le spectacle, j’ai assisté à la dernière des quatre représentations prévues à Paris, salle Pleyel.
Il est un peu plus de 19h30 lorsqu’on arrive dans le 8e arrondissement. Je ne connais pas le lieu, c’est une première ! Je suis impressionné par la hauteur du bâtiment ainsi que par la capacité d’accueil. Comme il n’y a pas encore beaucoup de monde, on se retrouve quasiment au premier rang. Il n’y a pas de première partie et ça, c’est le pied ! Les techniciens font quelques allées et venues sur scène, le temps de réajuster les instruments et les éléments du décor. Il est 20h40 lorsque les lumières… ne s’éteignent pas (pour une fois 😁).
M fait son entrée dans le plus simple appareil. Guitare sèche à la main, il entonne « Mama Sam » seul en scène. Il déborde déjà d’énergie, tout comme le public qui reprend en chœur les paroles de la chanson :
« Non je ne connais pas l’Afrique
Aigrie est ma couleur de peau
La vie est une machine à fric
Où les affreux n’ont pas d’afro »
La salle reste éclairée tout le long de la chanson. Il nous demande de participer au rituel qu’il a mis en place il y a quelques années : il veut qu’on souffle en levant le bras après la phrase « Où les affreux n’ont pas d’afro » 🤷♂️. Il faudrait l’interroger sur la signification de ce petit geste !
Vêtu d’un costume jaune et bleu, il accueille Fatoumata Diawara, Sidiki et Toumani Diabaté, les virtuoses de la kora, ses principaux collaborateurs ; ainsi que ses musiciens et choristes : le djembé tout d’abord, puis la batterie, la basse, la guitare électrique, le DJ et pour finir un surprenant… quatuor à cordes ! L’équipage est au complet pour interpréter « Une Âme ». C’est sublime ❤ Je vous invite à découvrir la vidéo à la fin de l’article. Ensemble, ils enchaînent sur « Cet Air », l’un de mes titres favoris de l’album. Je suis déjà conquis par ce que je vois et ce que j’entends ! L’orchestration reggae du morceau, lui apporte encore plus de magie. Fatoumata Diawara, dont la voix résonne dans la salle, agite un drôle d’accessoire à poil qui l’accompagnera toute la soirée : un chasse-mouche. Dans certains pays d’Afrique, il avait valeur de sceptre royal.
Démarre ensuite le « Bal de Bamako » que les spectateurs semblent attendre avec impatience. L’orchestration est énorme et tout le monde danse dans la salle ! Il y a une très bonne énergie sur scène et les jeux de lumière sont vraiment cools. Oxmo Puccino fait son apparition milieu du morceau, et se retrouve lui aussi entraîné dans cette ambiance de bal bling-bling et funky ! Le décor est une structure faite de palettes de bois, avec quelques ampoules disposées ici et là. La scéno est assez simple, mais suffisante pour ne capter l’attention que lorsque c’est nécessaire. M invite Amadou et Mariam à le rejoindre pour interpréter « L’âme au Mali » avec le reste de la troupe. C’est un titre que j’adore.
Sur scène, la choriste remplace Jain à la perfection et le rendu est complètement dingue grâce aux musiciens et à la nouvelle orchestration de la chanson ! Sidiki Diabaté nous offre un solo absolument dément. LA SALLE EST LITTÉRALEMENT EN FEU 🔥 Il rejoint son père, Toumani, sur la plate-forme centrale, pour un moment « culture ». Toumani nous raconte l’histoire des griots et de la kora, emblème de l’empire mandingue. Il nous explique les rudiments de l’instrument, accompagné de jolies mélodies et improvisations. Il nous demande ensuite d’accueillir son cousin et son petit frère pour interpréter « Mama », qu’il dédie à Baïa, la maman de M.
Après ce moment de douceur, Fatoumata revient sur scène pour interpréter une version acoustique de « Timbuktu Fasso » le morceau enregistré pour la bande originale du film « T I.M B U K T U ». M reprend le contrôle du spectacle avec « Onde Sensuelle » dont vous pourrez retrouver la vidéo à la fin l’article. Fatoumata Diawara vient y ajouter sa touche en bambara, l’une des langues parlées au Mali. M a trouvé le parfait moyen de mêler son répertoire à ce projet commun. Belle surprise ensuite quand il enchaîne avec elle sur « Sauver L’amour ». Il démarre un peu vite, et la perd en cours de route : ils reprennent donc tous les deux la chanson depuis le début. Les couplets sont en français, les refrains en bambara. Un savant mélange qui fait l’unanimité dans le public ! Sur scène, il a beaucoup d’échange de regards, d’interactions entre eux. J’avais rarement assisté à un spectacle aussi humainement fort. Fatoumata, qui porte un turban, l’arrache et révèle ses longs cheveux tressés, pour se lancer dans une énergique danse traditionnelle.
M nous demande ensuite d’illuminer la salle avec nos téléphones sur des versions acoustiques de « La Bonne Étoile » et « Une Fleur ». Le groupe se retrouve au centre du plateau pour « Manitoumani ». Je suis impressionné par la justesse et la puissance vocale de Sidiki Diabaté, et je ne suis pas le seul ; les spectateurs réagissent immédiatement par une vague d’exclamation lorsque qu’ils entendent son timbre de voix 🥰. Pendant qu’il nous offre un solo de kora, Fatoumata danse et le public est en transe ! Si vous avez écouté le disque, et bien imaginez-vous quelque chose de 100 000 fois plus fort. Il reste au centre de la scène pour nous interprété une version épurée de « Inianafi Debena » accompagné par le quatuor de violon. Le morceau part ensuite dans un trip afropop, beaucoup plus rythmé, presque club, Sidiki y ajoute quelques bribes de « Fruit De La Passion » de Francky Vincent réadapté à sa sauce ! Oui oui, il faut le voir pour le croire !
On reste dans l’ambiance funky lorsque Matthieu Chedid revient sur scène, lunettes lumineuses sur le nez, pour « Machistador ». L’éclairage mutlicolore est du plus bel effet. Il rejoint ensuite le DJ en haut de sa plate-forme pour une impro de scratching. Son choriste prend la main en chantant un bout du titre en bambara, rapidement remplacé par Oxmo Puccino pour une partie rap ! Après un solo de guitare électrique, Amadou et Mariam font leur retour pour interpréter « Mon Amour, Ma Chérie » en duo avec M. « Amssétou » lui permet de présenter les musiciens qui l’accompagnent sur scène. Il prend ensuite quelques minutes pour remercier les gens qui l’entourent dans ce projet, et les membres de sa famille présents dans la salle. Il invite son père, Louis Chedid, à le rejoindre pour interpréter « Toi Moi ». On peut lire dans ses yeux toute la fierté qu’il a pour son fils. Avant de commencer la chanson, M explique que c’est un texte d’Andrée Chedid, sa grand-mère. C’est le leitmotiv de l’album :
« Toi, qui que tu sois, je te suis bien plus proche qu’étranger »
La troupe salue le public, c’est le premier rappel… qui s’ouvre sur le quatuor de violon pour « Je Dis Aime » que vous pourrez découvrir en vidéo à la fin du compte rendu. Le spectacle se clôture sur « Solidarité », un titre de circonstance. Tous les participants de la soirée, reviennent sur scène pour l’interpréter en collégiale alors que le public reprend en boucle le gimmick du morceau : « Yéyéyéyéyé la » . Il y a beaucoup d’émotion dans ce final, notamment de la part de Fatoumata, plus acclamée que les autres par les spectateurs ! Au moment de quitter la scène, Mariam ne veut pas lâcher son micro et chante jusque dans les coulisses.
Lorsqu’on sort de la salle après 2h35 de concert, on n’a qu’une envie : c’est d’y retourner ! C’est un spectacle magnifique, généreux et bienveillant. Quoi que vous aimiez chez Matthieu Chedid ou ses comparses, vous adorerez la symbiose de cette collaboration. Au-delà de l’énergie, il y a la musique et le rendu live est exceptionnel ! Le disque est formidable, mais sur scène c’est encore plus fort : les réorchestrations sont extraordinaires, il y a plein de surprises tout au long de la soirée, et je ne parle pas des invités ! Franchement, c’est un émerveillement constant ☀
Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi emballé par un concert ! Je meurs d’envie de le revoir : j’espère que la captation lui fera honneur ! Mais en attendant, je ne peux vous dire qu’une chose : écoutez cet album, assistez à ce spectacle, vous ne le regrettez pas ! On se quitte avec quelques photos et vidéos de la soirée. N’hésitez pas à me rejoindre sur Facebook, Twitter et Instagram, ou à un commentaire à la fin de cet article : je serai ravi d’avoir vos avis sur la tournée.
Setlist : Mama Sam / Une Âme / Cet Air / Bal de Bamako / L’âme au Mali / Mama / Timbuktu Fasso / Onde Sensuelle / Sauver L’amour / La Bonne Etoile / Une Fleur / Manitoumani / Inianafi Debena / Machistador / Mon Amour, Ma Chérie / Amssétou / Toi Moi / Je Dis Aime / Solidarité
Également disponible en vidéo sur YouTube : Une Âme – Onde Sensuelle – Je Dis Aime