4 Novembre 2014 – Le Bal Des Vampires – Théâtre Mogador, Paris
Ha, ce fameux « Bal des Vampires » 😀 Si vous êtes comme moi et que vous vous intéressez un tant soit peu à l’actualité culturelle, vous n’êtes sans doute pas passé à côté des nombreux articles particulièrement incisifs sur la nouvelle production de Stage Entertainment. Je vais tenter de vous donner mon ressenti objectivement même si je ne suis pas un adepte de ce genre de spectacle et que mes connaissances sur le sujet sont limitées. J’ai malgré tout eu l’occasion de voir les dernières comédies musicales produites à Mogador : Mamma Mia ! – Théâtre Mogador, Paris (2011), Sister Act – Théâtre Mogador, Paris (2012) et La Belle et la Bête – Théâtre Mogador, Paris (2014) ; ce qui me permet d’avoir des points de comparaison intéressants. Je ne vous raconterai pas le spectacle en détail, ça ne servirait à rien, mais j’espère vous donner quelques pistes pour vous donner envie d’aller le voir (ou pas).
L’histoire est celle du professeur Abronsius et de son assistant Alfred, qui, après s’être perdus dans la forêt lors d’un voyage scientifique en Transylvanie, sont recueillis dans une auberge. Ils y font la connaissance des habitants du village qui semblent terrifiés par une étrange présence. Pourtant, ils nient tous l’existence de vampires et l’aubergiste, Chagal, refuse même de reconnaître qu’il y a un château à proximité. Pendant que le professeur Abronsius continue ses tentatives de localisation des monstres, Alfred tombe amoureux de Sarah, la fille du tôlier. Mais l’étudiant va devoir se confronter à un adversaire de taille : le Comte von Krolock, un Dracula moderne qui a également des vues sur la jolie Sarah. Krolock enlève la jeune fille et l’enferme dans son château. Alfred et le professeur partent à sa recherchent, les morts sortent de leurs tombes, le bal peut commencer…
Avant de parler du spectacle en lui-même : il faut quand même que je vous raconte ce qui s’est passé quand nous sommes arrivés dans la salle. Le prix des billets étant particulièrement élevé, nous avions pris la catégorie la moins chère (29 euros) – et je sais que même à ce prix : la visibilité reste excellente à certaines places bien précises. Au moment de nous assoir, l’ouvreur vient nous dire de nous installer devant. Moi incrédule je réponds : « Mais nos places sont ici ! ». Je n’avais pas compris qu’il nous surclassait… en carré or ! Nous nous sommes donc retrouvés au 4e rang, plein centre, là où le prix des billets atteint 100 euros. Je dois avouer que la soirée commençait bien. Après avoir discuté avec nos voisins, nous avons appris que le 2e balcon avait été fermé et que la salle n’était pas particulièrement remplie ce soir-là. La première ayant eu lieu le 16 octobre, j’ai bien envie de dire que ça commence mal cette histoire. Je ne vois pas comment ils vont pouvoir tenir jusqu’en juillet 2015 ; d’autant plus avec la mauvaise pub qu’en font les médias. Les places seront sans doute bradées d’ici quelques semaines, alors si l’envie vous prend, attendez un peu, vous devriez pouvoir bénéficier d’un tarif préférentiel.
Bref, passons au spectacle. Tout le monde dit que la mise en scène est époustouflante et que les chansons sont à chier : malheureusement, c’est vrai. Les décors sont superbes. La machinerie est incroyable et les changements sont d’une fluidité déconcertante. Un immense bravo aux artistes qui ont travaillé sur ce volet-là du spectacle ! Au total, il y a quatre lieux, tous aussi impressionnants les uns que les autres : le village, la forêt, le château du comte et le cimetière. Ce sont les plus beaux qui m’aient été donnés de voir à Mogador, et ce, sans aucune hésitation. Les costumes sont particulièrement réussis également : totalement dans l’esprit vampirique/burlesque, à la fois gothique et baroque ! En revanche, mon compatriote Kévin ne m’a pas semblé convaincu : j’ai même reçu un message ce matin me disant : « On est d’accord que dans le dernier tableau ils portaient des sacs-poubelle en latex en guise de costumes ? ». LOL. En tout cas, visuellement, c’est sublime… Musicalement. C’est autre chose.
Alors les mélodies en elles-mêmes, pourquoi pas. La chanson phare est une adaptation de « Total Eclipse of the Heart » de Bonnie Tyler et le reste est pioché ici et là dans d’autres films ou spectacles mis en musique par Jim Steinman. Bon, ce n’est pas du grand art. Il y a un peu de tout, des ballades dégoulinantes, des titres pop-rock à la sauce 80 (« De L’ail »), mais le vrai problème : ce sont les textes. Je ne sais pas qui a adapté les morceaux en français, mais c’est digne d’une classe de CE1 qui serait tombé par hasard sur le dictionnaire des rimes. J’ai été abasourdi par la pauvreté des chansons ! Les seules qui tiennent la route sont celles du professeur Abronsius, dont le débit est extrêmement rapide, et là, je crois qu’on peut même parler d’une véritable performance (« La Logique Et La Science »). Mais le reste est d’une niaiserie absolue… Je vous laisse juger : « Je crois que cette fille m’a souri comme j’ai rarement vu. Je crois que ce garçon est gentil et je crois bien qu’il m’a plu » ou encore « On m’a dit qu’on donne un bal dans le coin. Tu as un joli popotin ». Bref. Un CALVAIRE.
Malgré tout, quelque chose m’a fait tiquer tout au long du spectacle. Et je me dis qu’il faut peut-être creuser à ce niveau : c’est la double lecture des textes justement. Parce qu’OK, on « suce », on « pénètre », on « perce ». Vous ne trouvez pas ça un peu louche ? Soit, j’ai l’esprit extrêmement mal tourné, car sur scène, le jeu est très innocent, même si le désir physique tient une place prépondérante dans le récit, notamment dans la 2e partie ; soit cette niaiserie au niveau des textes cache une double lecture subtilement amenée, parce que pris dans l’histoire on ne fait pas forcément attention aux petits mots glissés ici et là. J’ai relevé quelques phrases tendancieuses, libres à vous d’en faire votre propre interprétation. Dans la première partie Sarah donne une éponge à Alfred pour qu’il se délasse dans un bain. Il lui propose de lui offrir quelque chose en échange. Voici ce qu’elle lui répond : « Je pense à quelque chose qui me brûle de désir, qui relaxe et repose juste avant de s’endormir, pour bien dormir. Faites-moi ce plaisir. Surtout, ne vous en faites pas, je ferai ça vite et bien. Je serai douce si vous êtes gentil. Comme le désir me pousse, je me déshabille. ». Ce n’est clairement pas d’un bain dont elle a envie 😀 Ou encore quand l’aubergiste juif, fraîchement transformé en vampire chante à sa belle : « Quel privilège et quel honneur si tu voulais me sucer » et qu’ils reprennent en chœur : « Tout le monde suce tout le monde, qu’est-ce qu’on y peut ? ».
Reste le récit en lui-même et les comédiens. Alors au niveau du rythme, j’ai été agréablement surpris : il y a quelques baisses de régime (les ballades sont chiantes à mourir), mais dans l’ensemble, ça tient bien la route. En revanche, l’histoire est un peu trop classique et manque vraiment de folie et d’humour. Parce qu’on ne rit pas vraiment. Il y a des situations cocasses oui, mais là où les précédentes comédies musicales se démarquaient par leur drôlerie omniprésente, le Bal des Vampires se prend vraiment trop au sérieux. Et c’est clairement dommage avec un thème pareil ! Quant aux artistes, comme toujours à Mogador, ils font le job de façon hyper pro et c’est un vrai plaisir de voir cette qualité de travail. Les ballets avec les danseurs sont somptueux et bourrés d’effets visuels qui les subliment encore plus (la séquence du rêve ou celle du cimetière par exemple) et le reste de la troupe assure son rôle avec beaucoup de talent. Mention spéciale pour les comédiens qui jouent le fils du comte, Herbert, ouvertement gay et Chagal, l’aubergiste juif : ce sont les plus décalés et donc ceux qu’on retient le plus facilement !
En conclusion, que vous conseiller ? Tout dépend ce que vous attendez ! Moi j’ai vraiment passé un bon moment, sans mentir : le spectacle m’a plu. Ce n’est évidemment pas la comédie musicale de ma vie, mais visuellement et techniquement c’est superbe. On en prend plein la vue du début à la fin, le récit est bien rythmé et bien qu’il ne réserve aucune surprise, on prend quand même du plaisir à voir évoluer les personnages tout au long de l’histoire. Certes, les adaptations françaises des chansons sont catastrophiques et l’ensemble manque clairement d’humour, mais le spectacle est de qualité et les artistes qui sont sur scène se donnent vraiment à 100%. C’est facile de cracher dessus en disant que c’est de la merde, mais ce n’est pas justifié ici. Ceux qui sont à blâmer, ce sont les auteurs de la traduction, qui n’ont vraiment pas assuré. Bref, j’espère avoir pu vous donner une idée un peu précise de ce à quoi ressemble ce « Bal des Vampires », n’hésitez pas à laisser vos commentaires sur le blog ou sur Facebook, Twitter et Instagram et à découvrir les autres chroniques dédiées au spectacles du Théâtre Mogador.
j’ai vu ce spectacle dimanche dernier et je l’ai trouvé génial!!
Je suis cependant d’accord avec vous sur les paroles de certaines chansons particulièrement niaises et pour avoir écouté la version allemande (originale) très mal traduites (ou traduites trop littéralement).
les acteurs sont géniaux surtout le Compte (très charismatique) , le professeur (à la diction impeccable) et Alfred (le poltron attachant). Mention spéciale aux danseurs également et aux décorateurs!
pour ce qui est de l’humour c’est vrai qu’il y a moins de « blagues » que dans d’autres spectacles (la Belle et la Bête par exemple) mais je pense que c’est également appréciable, cela donne un côté plus « sérieux » au spectacle. Mais j’ai trouvé les rares blagues très bien placée (notamment celle de Chagal).
Un spectacle rondement mené qui fait passer un très bon moment! Moi je conseil d’y aller.
PS: s’il n’y a pas de double sens dans certaines paroles alors j’ai moi aussi un esprit très pervers!
j’avais des places de catégorie 1 et je ne sais pas si vous avez aussi trouvé que le son était très fort voir même trop (moi j’ai eu des acouphènes après le spectacle).