9 Mai 2024 – The Wiz – Marquis Theatre, New York (2024)
Après une tournée lancée l’année dernière à Baltimore, là même où le spectacle a été créé il y a un demi-siècle, « The Wiz » fait son comeback à New York 🗽 Cette réinterprétation moderne et afro-américaine du Magicien d’Oz, que j’associe surtout au film de 1978 avec Diana Ross et Michael Jackson, débarque dans une nouvelle adaptation à Broadway. Dirigée par Schele Williams, cette version marque les retrouvailles du public avec l’univers d’Oz, avec Deborah Cox dans le rôle de Glinda et Wayne Brady dans celui du mystérieux Wiz.
J’étais impatient de découvrir cette nouvelle mouture avant que les premières critiques, évoquant un véritable naufrage, ne me refroidissent quelque peu. Pas assez cependant pour m’empêcher d’y aller et juger par moi-même ce prétendu « accident industriel ». Alors, qu’en est-il vraiment ? 🧐
Déjà, le scénario m’a déçu. J’attendais une véritable relecture du conte originel, avec peut-être quelques ajustements liés à l’actualité ; et finalement le spectacle se concentre uniquement sur l’aspect divertissant. On passe complètement à côté des personnages, de leurs buts et de leurs messages. Un manque de profondeur qui, selon moi, prive le spectacle de substance et d’une idée réellement marquante au-delà du thème éculé : « les gentils battent les méchants grâce à la force de l’amitié » 🥱
Sur le plan musical, j’avais de grands espoirs. Je pensais vraiment que ça allait « envoyer du lourd » avec une bande originale aussi funky. Malheureusement, tout était fade, très loin de l’énergie survoltée des versions originales. Les 10 premières secondes de « Ease on Down the Road » chantées par Diana Ross et Michael Jackson surclassent l’intégralité de cette nouvelle version. Quelques rares titres comme « Don’t Nobody Bring Me No Bad News » et « Brand New Day » réussissent à se détacher du lot, mais la bande-son manque globalement de mordant et de tonus. C’est encore pire, car le livret ne contribue pas du tout à rendre le spectacle fun ou festif. On s’ennuie sur tous les plans.
La scénographie signée Hannah Baechler m’a déçu par son minimalisme. À l’exception de quelques rares décors en dur, la scène reste désespérément vide les trois quarts du temps, et quand je dis vide, c’est vraiment « vide ». Tout repose sur des projections vidéo 🤷 Il est probable que ce choix découle du fait que le spectacle est « en tournée », mais cela laisse clairement une impression de travail bâclé.
Certes, il y a de nombreux défauts dans la mise en scène qui gâchent des moments clés pourtant propices à de grandes séquences de comédie musicale, mais il y a quelques rares éclairs de génie quand même. Comme la scène hilarante où Dorothy et ses amis atteignent enfin l’Emerald City et se font refouler par les « videurs » ou le ballet d’ouverture du 2e acte – même si l’ensemble des chorégraphies faisait très amateur. J’ai aussi adoré les costumes colorés et exubérants créés par Sharen Davis, comme la robe métallique de Glinda. Ils sont parfaitement réussis et apportent une touche de relief à l’ensemble 👌
Il y a une bonne vingtaine de comédiens sur scène, menés par Deborah Cox (Glinda) et Wayne Brady (le « Wiz ») qui n’apparaissent pourtant que quelques minutes pendant le spectacle, malgré leur omniprésence en promo et sur les spots publicitaires. C’est une grande déception, surtout parce qu’ils ne se distinguent pas particulièrement par leur performance… Mais honnêtement tous les comédiens m’ont déçu : on avait l’impression qu’ils récitaient un texte appris par cœur, sans véritablement incarner leur personnage. Aucune étincelle dans les voix non plus – j’ai même trouvé la voix de Dorothy assez désagréable, et ses ballades difficiles à apprécier.
Les deux qui s’en sortent le mieux sont Kyle Ramar Freeman (le lion) et Melody A. Betts (Aunt Em, Evillene). Ils semblaient plus investis que les autres. En tout cas, pour ce 3e spectacle de la semaine, le contraste est saisissant avec les comédiens de « Suffs » et « Little Shop of Horrors ». Pour couronner le tout, le son était également mal mixé, étouffant encore davantage les performances déjà fades. Ça manquait d’énergie et ça renforçait l’impression générale de travail bâclé. Un ressenti renforcé par un public extrêmement dissipé qui a passé la soirée à discuter, manger bruyamment sans même applaudir les comédiens à la fin des numéros. Un calvaiiire.
Là où je m’attendais à vibrer, je n’ai fait que bâiller devant un spectacle dénué de magie et d’énergie 👎 Un avis partagé par de nombreux critiques, qui ont souligné un niveau d’exigence très éloigné de celui requis par un show à Broadway. Malgré quelques (très) rares moments de grâce et la présence de grands noms, la production souffre d’un manque de profondeur sur tous les aspects et a du mal à créer une atmosphère féerique sur scène.
J’ai vu pire (!), mais la promesse de départ est loin d’être tenue et c’est vraiment dommage, car le matériel de base méritait mieux. Inutile de dire que je ne vous la recommande pas, mais de toute façon, les représentations sont limitées dans le temps et le spectacle va bientôt faire ses adieux à Broadway avant de repartir en tournée. En attendant, si l’envie vous tenaille de découvrir le « Wiz », n’hésitez pas à vous procurer la bande originale… du film de 1978. Quant à moi, je vous propose de me rejoindre sur Facebook, X/Twitter et Instagram ou de découvrir les autres comédies musicales auxquelles j’ai assisté en cliquant ici : #Broadway.
Extraits « The Wiz »