27 Juin 2024 – Cats: “The Jellicle Ball” – Perelman Performing Arts Center, New York (2024)
Après six ans à New York, j’ai eu l’occasion de voir la plupart des grandes comédies musicales de Broadway et d’approfondir ma connaissance des grands classiques 🎭 Et l’un d’eux m’a toujours laissé perplexe : « Cats ». L’idée de chats humanoïdes se trémoussant en costumes miteux dans une déchetterie ne m’a jamais emballé (qui a eu cette idée horrible ? 😬). Cependant, ma curiosité a été piquée au vif en découvrant qu’une version ballroom du spectacle allait être montée ! C’était l’occasion rêvée de découvrir ce classique sous un jour nouveau.
Le spectacle se déroule lors du bal annuel des Jellicle Cats, un événement au cours duquel, les Jellicles se présentent tour à tour et participent à une compétition de voguing, chacun espérant être choisi par leur chef, le Old Deuteronomy, pour renaître dans une nouvelle vie. Les performances sont jugées et les gagnants reçoivent des trophées. Le spectacle culmine avec un dénouement où le chat offrant la prestation ultime se voit offrir le départ tant attendu vers une nouvelle existence 😺
En arrivant au théâtre, je ne connaissais rien de l’histoire, ce qui a rendu la première demi-heure assez confuse. J’aurais clairement dû lire le synopsis avant le show. On est immédiatement plongé dans l’intrigue, et la transposition dans l’univers ballroom ajoute une difficulté supplémentaire à la compréhension. Malgré tout, j’ai l’impression que le scénario original de « Cats » est assez mince : on assiste à un défilé de personnages qui se présentent à travers des numéros pour obtenir le prix suprême de renaître dans une nouvelle vie. On fait aussi la rencontre de Grizabella, un personnage important qui semble avoir été exclu de la communauté et qui cherche la rédemption. C’est le fil rouge du spectacle, même si je n’ai pas vraiment compris les raisons de sa marginalisation 🤷♂️
Là où le spectacle se démarque, c’est dans l’intégration d’une multitude d’éléments de la culture ballroom : voguing, catégories de compétition (comme « Butch Queen Realness »), et même un hommage aux founding mothers des maisons de ballroom au début du deuxième acte. C’est ce qui rend cette version unique et… extraordinaire. Le spectacle célèbre la diversité et l’expression de soi au sein de la communauté queer 🏳️🌈, alternant entre moments d’exubérance pure et d’émotion intense. Je n’avais jamais rien vu de tel à Broadway ! N’étant pas familier avec l’histoire originale, je ne peux pas juger des changements apportés. Cependant, j’ai l’impression que l’univers du ballroom est parfait pour raconter cette histoire. La musique a été légèrement réarrangée pour inclure des éléments de house music et d’électro, mais de façon plus subtile que ce à quoi je m’attendais. Ces ajouts ne concernent que quelques séquences spécifiques et non l’intégralité des chansons, ce qui m’a un peu déçu. « Memory » reste d’ailleurs la chanson phare, avec une interprétation particulièrement remarquable de Grizabella.
Parlons maintenant de la mise en scène. La scénographe Rachel Hauck a transformé la scène en un véritable catwalk, s’éloignant du décor de décharge traditionnelle. L’espace évoque une salle de ballroom, dans un contexte industriel, avec des fenêtres pivotantes et un escalier de secours suspendu. Toute la salle est utilisée, immergeant littéralement le public dans le spectacle. À de nombreux moments, les comédiens interagissent avec les spectateurs, créant une proximité inédite. Quelques projections vidéo sur la façade de l’immeuble ajoutent une dimension visuelle supplémentaire, mais je n’ai pas trouvé cet aspect particulièrement bien exploité. Il se passe tellement de choses sur scène, qu’on n’a finalement pas vraiment le temps d’y prêter attention 😕
Mais ce qu’on vient voir évidemment, ce sont les chorégraphies ! Arturo Lyons et Omari Wiles ont incorporé tous les éléments de la culture ballroom tout au long du spectacle : voguing, duck walk, spins, dips, tout y est et les performances sont extraordinaires 🤩 L’énergie et l’exaltation sur scène sont incroyables. J’ai vraiment eu l’impression que « Cats » était fait pour être raconté avec l’esthétique du ballroom. Les costumes de Qween Jean sont colorés et extravagants, en parfait accord avec l’esthétique utilisée. La tenue orange d’Antwayn Hopper est particulièrement sexy. Il y a de quoi se rincer l’œil, si vous voyez ce que je veux dire ! Des clins d’œil à « Cats » ponctuent le spectacle, notamment au niveau des perruques qui renvoient parfois une image très féline. Plusieurs séquences m’ont marqué. J’ai adoré « Bustopher Jones », « Gus : The Theatre Cat », et « Skimbleshanks : The Railway Cat ». Mais je pense que l’un des numéros les plus appréciés du spectacle par l’ensemble du public a été « Magical Mister Mistoffelees » : le comédien était exceptionnel, et le numéro techniquement incroyable et plein d’humour.
Une vingtaine de comédiens évoluent sur scène, incluant quelques grands noms de Broadway et de la scène ballroom. On retrouve notamment André De Shields (« Hadestown ») dans le rôle d’Old Deuteronomy et Tempress Chasity Moore incarnant Grizabella. J’ai également eu le plaisir de revoir Antwayn Hopper, dont j’ai parlé plus haut, que j’avais découvert dans « A Strange Loop ». Toute la troupe semble incroyablement investie dans le spectacle, et il faut dire qu’ils n’ont pas vraiment le choix vu l’énergie et la performance exigées par leurs rôles ! Leur capacité à fusionner les mouvements félins traditionnels de « Cats » avec les poses et attitudes de la culture ballroom est tout simplement bluffante. André De Shields est iconique. À presque 80 ans, c’est impressionnant de le voir dans un rôle aussi exigeant. On sent malgré tout que l’âge est là. Dans la même veine, Junior LaBeija, 67 ans, grande figure de la culture ballroom que l’on peut voir dans « Paris is Burning », joue Gus. Il a montré quelques faiblesses de mémoire au cours de son numéro, mais sa présence reste marquante 🥰 La diversité et le talent du casting apportent une richesse incroyable au spectacle, chacun apportant sa propre touche à cette version unique de « Cats ».
Malgré ces petits bémols, la magie opère sur scène. La cohésion entre les artistes est palpable, et leur énergie a électrisé la salle ⚡ Le public, quant à lui, était un véritable kaléidoscope humain : cheveux bleus, roses, tenues fluo, seins nus… Et je dois avouer que ça m’avait d’abord fait craindre le pire, connaissant la réputation des spectateurs américains. Mais heureusement, comme le spectacle encourage vivement la participation du public, ça a permis de créer une ambiance festive et immersive comme celle d’une compétition de ballroom. Le show dure environ 2 heures et 30 minutes, incluant une looongue entracte. Comme l’accent étant mis sur les performances visuelles et musicales, je pense qu’un touriste non anglophone pourrait apprécier le spectacle sans trop de difficultés. Néanmoins, il faut avoir un minimum d’affinité avec la culture queer, sinon vous passerez à côté de l’essentiel.
Quelle excellente idée d’avoir transposé Cats dans l’univers du ballroom ! J’ai l’impression que c’était la comédie musicale parfaite pour ce genre d’adaptation 😍 J’adore tout ce qui touche à cet univers, et j’ai été bluffé par l’énergie et les performances. C’était complètement over the top, et j’ai adoré cette nouvelle version qui donne un coup de frais à l’œuvre originale, en relayant au placard les costumes poussiéreux des chats de gouttière. Le spectacle a ses défauts, bien sûr. L’histoire n’est pas toujours hyper claire, surtout si on ne connaît pas bien la culture queer. Mais ces petits bémols sont largement compensés par la richesse du reste de la production.
Je recommande vivement ce spectacle aux fans de comédies musicales, aux accros de « Cats » et à tous ceux qui veulent découvrir un mix unique entre Broadway et la culture queer. C’est à la fois fun et enrichissant, parfait pour ceux qui aiment voir les classiques revisités 👏 Le succès est au rendez-vous : le spectacle a d’ailleurs été prolongé de quelques semaines alors ne trainer pas trop. Les billets sont disponibles sur le site de PAC NYC. Pas de BO pour l’instant, mais vous pouvez toujours écouter celle du cats original, vu que les mélodies sont les mêmes. N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ici ou sur les réseaux Facebook, X et Instagram. Et si vous voulez plus d’infos sur les spectacles de Broadway, jetez un œil au reste de mon blog.
Extraits « Cats: The Jellicle Ball »