11 Novembre 2015 – U2 : iNNOCENCE + eXPERIENCE Tour 2015 – AccorHotels Arena, Paris
J’ai toujours une grande pression quand j’entame le compte rendu d’un concert d’une telle envergure. J’ai peur d’oublier un détail important, de me concentrer sur des futilités et de passer à côté de l’essentiel. Je vais faire au mieux. Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas « fan » de U2 ; c’est pourtant la deuxième fois que je les vois en live (cf. U2 : 360° Tour – Stade de France, Paris (2010)), parce que j’aime leurs chansons et leur conception de la scène. J’ai très peu écouté leur dernier album (comme beaucoup de gens quoi, LOL), mais j’étais particulièrement excité à l’idée de les revoir, d’autant plus qu’il s’agissait en parallèle de l’inauguration de la nouvelle version de Bercy : l’AccorHotels Arena. Non, ne me lancez pas sur ce sujet… 😀
Je rejoins Laura à 17 heures, à la cool. On repère rapidement la longue file d’attente de la fosse, qui tarde à ouvrir. Une fois l’intérieur, on découvre la nouvelle salle : plus moderne que jamais. Et là, grande interrogation : où est-ce qu’on se place ? Je vais devoir spoiler la mise en scène avant de commencer ma chronique, pour que vous ayez une idée de notre dilemme ! Imaginez deux scènes, reliées par un long catwalk, au-dessus duquel trône un énorme écran géant, coupant littéralement la salle en deux. Les photos seront sans doute plus explicites que les mots donc je vous invite à jeter un œil à la galerie à la fin de l’article pour vous faire une idée. On décide de profiter d’un peu tout (grave erreur, LOL) : on prend du recul, et on se met face à l’écran, à égale distance des deux scènes. Je continue de penser que sur le papier, c’est le placement le plus optimal qui soit. Sur le papier seulement. Après deux heures d’attente supplémentaires, et des milliers de personnes en plus autour de nous, le concert commence enfin.
Malgré le barnum en place, l’introduction est plus sobre que jamais. Sur la chanson « People Have The Power » de Patti Smith, Bono fait son entrée sur la deuxième scène, en pleine lumière. De l’autre côté, sur la scène principale, les trois autres membres du groupe s’installent : The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr. Bono traverse la salle sur l’avancée en fredonnant « The Miracle (Of Joey Ramone) » qui marque le début de la soirée. C’est un bon titre d’intro et dès les premières notes, je les retrouve comme je les ai laissés en 2010 au Stade de France. Les grands moyens ne sont pas encore de sortie et le groupe interprète le morceau sur la scène principale, plongé dans une ambiance… incandescente. Et le feu est aussi dans la salle ! Il y a beaucoup de monde et il commence déjà à faire chaud pour « The Electric Co. », Bono s’amuse à vider des bouteilles d’eau sur les spectateurs qui lui font face en fosse. Il en profite pour présenter les musiciens qui l’accompagnent. Une ampoule géante est suspendue au-dessus de la scène, Bono s’en empare dès les premières notes de « Vertigo » – qui est l’un de mes morceaux favoris de leur répertoire. L’ambiance explose, c’est le titre live absolu. Et pendant que l’ampoule se balance, les spectateurs hurlent à pleins poumons les paroles de la chanson. Je suis un peu décontenancé par le fait qu’elle soit placée si tôt dans la setlist : j’aurais bien aimé l’entendre un peu plus tard.
Enchaînement sur « I Will Follow », un autre morceau que j’apprécie beaucoup. Bono nous souhaite ensuite la bienvenue en français : « Bonsoir, merci, merci. Comment ça va Paris ? Ça fait tellement du bien d’être ici, d’être avec vous dans cette salle, d’être avec ces trois hommes incroyables. Si ça ne vous gêne pas, je vais continuer en anglais ! ». Il rend ensuite hommage à sa mère qu’il a perdue à l’âge de 14 ans et la chanson qui suit lui est dédiée : « Iris (Hold Me Close) ». L’écran géant s’allume enfin, pour révéler des constellations d’étoiles. Le morceau est extrait du dernier album. Je n’y avais jamais prêté attention, mais sur le moment j’ai pensé qu’il aurait parfaitement sa place sur un disque de Coldplay – non, ne me jetez pas de pierres ! LOL. À la fin de la chanson, l’écran descend de quelques mètres, et un escalier s’en détache, Bono grimpe littéralement à l’intérieur pour « Cedarwood Road ». On y voit une succession de maisons identiques, dessinées à la main, assez grossièrement. Le dessin est animé et Bono, qui avance à l’intérieur de cette passerelle-écran donne l’illusion qu’il progresse dans la rue. L’effet est réussi, et c’est là qu’on se rend compte de l’ingénierie de ce dispositif. La chanson n’a pas le moindre intérêt, mais de notre position, on profite vraiment de tous les petits détails de la mise en scène : Bono courbe le dos quand il y a de la pluie, il recule quand il y a une bourrasque, ce n’est pas parfait, mais ça marche !
Il descend à l’autre bout de la passerelle et se retrouve sur la deuxième scène pour « Song For Someone » que vous pourrez découvrir en vidéo à la fin de la chronique. Sur l’écran, on est maintenant à l’intérieur de la maison, toujours dessinée grossièrement. Le visage de Bono apparaît en surimpression ce qui nous permet de profiter un peu de lui, car de là où on se trouve, on ne peut le voir que de dos. C’était le risque. J’ai redécouvert la chanson grâce au concert et j’essaierai de la réécouter sur le disque dans quelques jours parce que j’ai plutôt bien aimé cette séquence. The Edge nous gratifie d’un sage solo de guitare : il va falloir attendre encore un peu pour qu’il se lâche. Pour le moment, je passe une bonne soirée. L’ambiance dans la salle particulièrement chaleureuse et même s’il y a quelques hurluberlus imbibés de bière devant nous, il en faut plus pour nous gâcher le concert. Larry rejoint Bono sur l’avancée de scène, muni d’un tambour. On reconnaît facilement la rythmique de « Sunday Bloody Sunday » dont l’orchestration live a quand même perdu de sa superbe. La chanson est plus épurée, et prend une tournure beaucoup plus dramatique… Peut-être celle qu’elle aurait dû avoir dès le départ puisqu’elle fait référence au Bloody Sunday survenu en Irlande en 1972. Sur l’écran, des photos des victimes défilent au-dessus des quatre membres du groupe. À la fin du morceau, on entend des extraits radio de l’époque et Larry marque le rythme avec son tambour seul au milieu du public.
Le groupe enchaîne ensuite sur « Raised By Wolves » qui lui aussi a droit à sa mise en scène « historique » avec des images des victimes des attentats de Dublin et Monaghan du 17 mai 1974 et un message : « Justice Pour Tous Les Oubliés ». L’ambiance est plus légère sur « Until The End Of The World » qui clôt la première partie du spectacle sur une débauche d’effets spéciaux ; sur l’écran, un Bono géant prend le véritable The Edge dans ses mains, un tsunami ravage les maisons de la « Cedarwood Road » et surtout, des pages déchirées tombent du ciel tels des confettis (bon, j’avoue que j’aurais aimé trouver un terme plus adapté au côté dramatique de la chose, LOL). On a de la chance, on a pu en récupérer chacun une – on aura notre souvenir du concert ! Des fanions viennent encadrer la passerelle, qui se part d’un effet « mur tagué », sans doute en référence aux « murs de la honte » qui séparent catholiques et protestants à Belfast. Illustré par un remix de « The Fly », l’interlude n’a pas énormément d’intérêt.
Le groupe réapparaît par intermittence à l’intérieur de l’écran, dans ce mur tagué, pour « Invisible ». Là non plus, ce n’est pas spécialement passionnant. Il faut attendre « Even Better Than The Real Thing », extrait de l’album « Achtung Baby », pour en prendre plein la gueule. Je n’ai pas la vidéo complète, mais vous pouvez jeter un œil sur mon compte Instagram pour apercevoir un bout de la mise en scène. J’ai adoré ce moment, sans doute l’un de mes préférés de toute la soirée ! La chanson est hyper sympa, le public est à fond, et sur les écrans : c’est une véritable explosion de lumière ! Chaque membre est modélisé à 360° au beau milieu de geysers de couleur : là clairement, le potentiel du décor est pleinement exploité. À la fin de la chanson, quatre boules à facettes descendent de la passerelle, et le groupe enchaîne sur « Mysterious Ways ». Ils prennent place sur la scène alternative, ce qui nous met un peu en dehors de l’euphorie générale. On suit ce qui se passe sur l’écran géant, et on les voit inviter une fan à les rejoindre… Elle reste également pour « Elevation » que Laura attendait avec beaucoup d’impatience. Munie d’un smartphone, la jeune femme filme les membres du groupe sur scène directement. D’après ce que j’ai compris après coup, la séquence était diffusée en direct sur Internet via le site Periscope. Je dois vous avouer que je me sens un peu vieux… Parce que je ne sais pas ce qu’est « Periscope », et je n’ai pas très bien compris qui postait les multiples messages que l’on voyait sur l’écran en simultané. LOL. Blague mise à part, je suis content d’entendre « Elevation », car c’est l’une des chansons qu’ils ne font pas tous les soirs, et elle est souvent remplacée par un titre que je n’aime pas. Hahaha. Ils enchaînent sur « The Sweetest Thing », sur laquelle la voix de Bono déconne un peu, « Every Breaking Wave », en piano-voix et « October ».
Ça ne m’arrive pas tous les concerts, mais là, je reconnais que j’ai totalement décroché sur ces derniers titres. Je ne sais pas, je ne me sentais pas du tout dedans : on était loin de ce qui se passait sur la deuxième scène et les gens nous cachaient le groupe avec leurs têtes et leurs smartphones… Et du coup j’ai laissé tomber. Parce qu’il faut préciser que la scène est super basse et que Bono disparaît vite de notre champ de vision. Pour moi c’est l’un des plus gros défauts du spectacle. Je ne comprends pas pourquoi elle n’a pas été surélevée. Bono mesure 1,68m – autant dire que ce n’est pas un géant – du coup, si on n’est pas au premier ou deuxième rang, on ne voit jamais ses pieds : c’est un buste qui se balade de droite à gauche et c’est tout. Ça, couplé au fait que les scènes sont quand même relativement espacées, ça me fait dire qu’il n’y a pas vraiment de bon placement en fosse. Soit vous choisissez d’avoir une vision globale du show comme nous, vous prenez du recul et du coup, vous êtes loin de « l’humain ». Soit vous vous rapprochez de la scène, mais vous n’avez plus aucun recul et vous ratez toute une partie de la mise en scène. Sincèrement, je pense que c’est un concert à faire en gradins, et encore… Vu la disposition de cet écran mastoc et des milliers de câbles pendus de tous les côtés, je ne sais pas s’il y a vraiment un endroit où l’on peut profiter à 100% du spectacle. Alors OK, la mise en scène est super innovante, mais elle aussi hyper mal foutue. C’est quand même dommage pour leur grand retour en salle et pour un groupe de cette envergure.
Le spectacle reprend ensuite son cours normal, avec « Bullet The Blue Sky » et « Zooropa ». Je n’ai… mais alors PAS DU TOUT aimé ce passage. C’est une cacophonie sans nom. The Edge fait couiner sa guitare, Bono s’obstine à hurler dans un mégaphone et le morceau dure une plombe… Un calvaire auditif pour moi qui essaie tant bien que mal de reprendre le train en marche. Heureusement, j’ai des bouchons d’oreilles qui m’empêchent de devenir sourd et le groupe enchaîne sur un de ses plus grands succès : « Where The Streets Have No Name ». S’en suit « Pride (In The Name Of Love) », grosse réussite dans la salle, et « With Or WIthout You » qui reçoit un accueil encore plus favorable. Sur ce titre, des dizaines de néons se mettent en place sur scène et sur l’avancée. J’ai beaucoup aimé ce moment et après une rapide reprise avec le public, le groupe fait ses premiers « au revoir ».
Le rappel s’ouvre sur une projection du cosmos et sur une voix robotique lisant un texte de Stephen Hawking, physicien atteint de la maladie de Charcot : « Be brave. Be determined. Overcome the odds. It can be done. ». Un message d’espoir qui introduit « City Of Blinding Lights ». C’est l’un des moments que j’ai préférés. Bono fait monter un jeune garçon sur scène, lui prête ses lunettes, son blouson et son micro ! La séquence est plutôt cool et le feeling passe bien entre les deux. Il enchaîne ensuite sur « Beautiful Day », classique parmi les classiques et « One » – interrompu par un… invité surprise ! Un des spectateurs, probablement imbibé, comme nos amis de tout à l’heure, se jette sur scène, avant d’être taclé par les agents de sécurité ET récupéré de justesse par Bono, qui préfère calmer le jeu en l’invitant à rester. Autant dire que le réalisateur de la captation vidéo pour HBO a dû s’arracher les cheveux quand il a vu ça : les plans de cette séquence sont complètement foutus ! LOL. Le concert se termine sous l’ovation du public et le groupe rejoint les coulisses alors qu’on se fraie un passage à l’extérieur.
Énormément de choses à dire pour terminer, même si j’ai essayé de glisser quelques pistes de réflexion durant l’article pour éviter une conclusion-fleuve. Bon, déjà que j’ai passé une bonne soirée, évidemment ! Le concert était super ! U2 était en forme, l’ambiance dans la salle était explosive, la setlist, malgré quelques erreurs de parcours, était plutôt sympathique et surtout, la scénographie était particulièrement inventive. Malgré tout, sur ce point, je suis obligé de souligner quelques défauts qui font que je n’ai pas pu profiter du concert à 100%. Le fait qu’on doive choisir entre Bono, le groupe et la mise en scène, en fosse tout du moins, c’est rageant ! La disposition des éléments fait que c’est impossible d’avoir une vision optimale des effets spéciaux, et en même temps d’être proche des artistes et ça, c’est vraiment regrettable. De plus, la scène est vraiment trop basse ! Et aujourd’hui, avec les gens qui filment ou prennent des photos – j’en fais aussi partie, mais je fais toujours attention de ne gêner personne et surtout je ne passe pas le concert derrière mon écran – il me paraît quand même essentiel d’avoir une scène qui dépasse les spectateurs de quelques centimètres pour que tout le monde puisse apprécier le show, même de loin. En gradins, je pense que c’est déjà mieux, mais malheureusement, je n’ai pas les moyens de me payer une place à 190€ pour un groupe que j’affectionne, mais dont je ne suis pas fan. Bref, ajoutez à ça les quelques spectateurs imbibés de bière qui ne sont pas spécialement intéressants à côtoyer dans ce genre d’événements : le cocktail ne fait pas forcément rêver sur le moment.
En tout cas, le concept de l’écran est super sympa, notamment quand il est exploité à fond sur des titres comme « Cedarwood Road » et « Even Better Than The Real Thing ». Surtout qu’en plus, ces moments grandioses sont associés à des séquences plus classiques, plus intimistes même, qui permettent de casser la dynamique millimétrée qui émane du spectacle. Il y a plein de titres que j’aurais aimé entendre, mais dans l’ensemble, la setlist – que je craignais un peu au départ – est plutôt équilibrée et dynamique. Je me suis senti un peu moins émerveillé qu’en 2010, où je voyais le groupe sur scène pour la première fois et où j’avais cette excitation si particulière liée à la découverte. Je ne sais pas si ça vient du spectacle en lui-même, ou si c’est moi – sans doute un peu des deux. Leur prestation en elle-même m’a plu, même si je les ai trouvés plutôt sages – le show étant filmé, ils étaient sûrement plus concentrés sur la technique que sur le reste. Je l’ai vu en 2013 avec Johnny, qui n’a pas du tout agi de la même façon le soir où le spectacle était filmé, et le lendemain, qui était un soir de tournée absolument normal pour lui. Ça fausse forcément le rapport qu’ils ont avec le public. En tout cas, j’ai attendu un moment de grâce qui n’est malheureusement pas venu. Maintenant j’attendrai d’avoir un album qui me plait réellement avant de retourner les voir sur scène, parce que j’y retournerai un jour c’est certain ! Bref. Je pense que j’ai fait le tour de ce que j’avais à vous dire, je vous invite dès à présent à découvrir les photos et les vidéos de la soirée. N’hésitez pas à laisser vos commentaires ici ou sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram – et on se retrouve très bientôt pour de nouvelles aventures musicales 😀
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Également disponible en vidéo sur YouTube : Sunday Bloody Sunday – Beautiful Day – Elevation