5 Novembre 2014 – Yannick Noah – Palais des Sports, Paris
J’ai toujours apprécié les chansons de Yannick Noah. J’ai une préférence pour les albums des années 2000 comme la plupart des gens, mais je continue à me tenir régulièrement au courant de son actualité musicale. On me l’a souvent vendu comme étant un véritable show man et j’étais assez curieux de le voir en live. La tournée n’étant pas ce qu’on pourrait appeler un succès : les billets ont été bradés, c’était donc l’occasion ou jamais d’aller l’applaudir.
J’arrive au Palais des Sports aux alentours de 19h30, une heure avant le début du concert. Je suis surpris de ne pas voir de files d’attente à l’extérieur : je sais que les dates ont beaucoup de mal à se remplir, mais je pensais qu’il y aurait quand même un certain engouement autour de sa venue à Paris. La fosse est vraiment MINUSCULE. Il faut dire que je n’avais jamais vu la salle en configuration debout, je n’y suis allé qu’une seule fois en 2012 pour « 1789, Les Amants de la Bastille ». Cette impression est renforcée par l’immensité du décor : la scène est gigantesque. J’ai vraiment hâte de découvrir ce qu’il nous réserve. La salle se remplit doucement pendant la première partie, Natalia Doco, une jeune argentine avec un répertoire folk/guitare/voix particulièrement lymphatique. Même s’il reste beaucoup d’espace en fosse, les gradins semblent pleins. Le « sourire » de Yannick Noah s’affiche sur le rideau qui tapisse le fond de la scène et quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent…
Le parallèle est osé, mais l’ouverture me rappelle, dans une moindre mesure, celle de Mylène Farmer lors de sa dernière tournée (cf. Mylène Farmer : Timeless 2013 – Bercy, Paris (2013)) ; un vortex étoilé apparait en projection et se fait de plus en plus intense au rythme de la musique qui évolue. Le rideau s’ouvre dans un nuage de fumée et Yannick Noah se révèle en ombre chinoise sur la nouvelle version de « La Voix Des Sages (No More Fighting) ». Il y a des réminiscences de « Get Lucky » derrière tout ça. Il semble en forme et l’ambiance est plutôt bonne pour un début de concert. Le décor est effectivement énorme : le fond de la salle est tapissé d’écrans vidéo, et la scène forme une sorte d’arc de cercle sur lequel sont répartis les quatre musiciens, le tout accompagné d’une plate-forme centrale qui sert à Yannick Noah. Il est fringué n’importe comment : il porte un costume violet brillant au-dessus d’un t-shirt, et l’ensemble est surmonté d’un chapeau style peau de vache, rouge et blanc. Il faudrait penser à appeler Cristina Cordula et par la même, lui faire enfiler un Sloggi parce que « ça se balade », si vous voyez ce que je veux dire 😀 Il a pris un sacré coup de vieux. Je ne suis pas spécialement surpris, car il a la même tête depuis le début de la promo, mais ça reste quand même assez éloigné de l’image qu’on a eue de lui ces 10 dernières années. Après ce point « look and slip », nous pouvons enchainer sur la suite. L’arrangement est sensiblement le même pour « Les Lionnes », il y a un côté pop-rock que je ne m’attendais pas forcément à entendre.
On reste dans la même ambiance pour « Sourd, Aveugle Et Muet », extrait de son dernier album « Combats Ordinaires », qui s’illustre en vidéo avec des images des 3 singes de la sagesse (« Monkey Me » es-tu là ?). Le rythme se veut ensuite plus reggae pour « Yé Mama Yé », c’est déjà un peu plus raccord avec ce que j’attends de la soirée, c’est un peu plus ensoleillé. Il enchaine avec quelques titres de son dernier album « Prêt », Les Murs », « Qu’allons-Nous Leur Laisser? » et « Ma Colère » qui me sort un peu de ma torpeur 😀 LOL. Cette nouvelle direction musicale plus « pop-rock », plus « variété » n’est clairement pas un registre dans lequel j’aime l’écouter ; autant vous dire que je suis servi depuis le début du concert. Ce n’est pas nul, mais ça m’ennuie. À la fin de la chanson, Yannick rejoint le fond de la scène, le rideau se ferme et les musiciens enchainent sur une longue outro de « Ma Colère ». On peut discerner l’ombre de Yannick qui danse sur l’écran, mais je pense que tout le monde comprend le subterfuge puisque dans la fosse, les spectateurs se retournent vers l’autre côté de la salle. Et POUF. Yannick apparait, vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon au carreau au beau milieu des gradins. Il interprète « Ose », « Frontières », et « Mon Eldorado » en version guitare-voix au milieu du public, il passe même à côté de moi au moment où il s’apprête à remonter sur scène. Je suis content d’entendre ces titres-là, mais – et vous allez dire que je ne fais que me plaindre – je n’en ai clairement pas profité. Déjà les versions acoustiques – ce passage obligé que s’imposent les artistes français, c’est insupportable et puis, il était à l’autre bout du monde ; vu que les gens étaient debout en gradins et que la fosse était largement plus basse que les fauteuils : je ne voyais absolument rien. Bref. 3 coups pour rien.
Il remonte sur scène pour interpréter « Le Même Sang » extrait de son dernier album. Le titre est illustré par des images du clip. S’en suit « Si Tu Savais » réorchestrée comme ses camarades en version pop-rock. Ça ne marche pas trop mal sur ce morceau – vous pouvez d’ailleurs le retrouver en vidéo à la fin de l’article. Heureusement « Simon Papa Tara » a le droit de garder sa musicalité originale avec les percussions africaines et ses chœurs si caractéristiques. Un des meilleurs moments du concert. Il y a une excellente ambiance dans la salle à ce moment-là du spectacle. « Angela » conserve également son rythme pour notre plus grand plaisir. Les écrans affichent le message « Free Angela » en lettres rouges. Malheureusement, le bon temps ne dure pas et il s’installe sur un tabouret au centre de la scène pour sa la jouer chanteur sur « Où Es-Tu ? » et « Nulle Part Où Aller ». C’est fade, ça ne lui ressemble tellement pas. Il est bien plus à l’aise sur des chansons comme « Métis(se) » que le public reprend en chœur avec lui. Mais le meilleur moment du concert pour moi, c’est « Destination Ailleurs ». Déjà parce que c’est l’un de mes morceaux préférés de son répertoire et puis, car la réorchestration ne dénature pas le titre et rappelle les rythmes ensoleillés des vacances. J’y retrouve un petit côté « Paris Latino » – qui me plait beaucoup 😀 Il se donne vraiment sur la chanson et nous gratifie même de quelques pas de danse. J’ai adoré ce moment et j’aurais vraiment aimé que tout le concert soit dans cette ambiance de fête ! Il présente les musiciens et nous crie « On fait la fêêête ? ». Il saute partout, il y a un beat un peu lourd dans l’intro – j’en viens presque à croire que c’est la nouvelle orchestration de « Saga Africa », mais NON. C’est « On Court », l’un de ses derniers singles en date. Alors c’est peut-être l’un des moins dégueulasses de l’album : le rythme est funky, l’ambiance est au top, bon, ça dure quand même près de 10 minutes avec la reprise, ça serait bien de passer à la suite.
Il part se changer en coulisse pour le rappel pendant que les techniciens apportent un tonneau en feu sur scène. Ça sent le passage acoustico-chiant. Et ça ne loupe pas. Quand il revient, c’est pour interpréter « Mon Dernier Amour » qui ne mérite même pas que je m’attarde dessus. La fin approche et un mec hurle « Yannick !!! SAGA AFRICAAA ! ». Les spectateurs autour crient leur soutien parce qu’on sent qu’on est « à ça » de ne pas l’avoir – moi je panique et je partage mes craintes par SMS à qui veut bien les entendre (Florian si tu me lis, merci d’avoir entretenu mon espoir :-D). Yannick nous annonce donc : « Une petite dernière ?! **Ouuuais !** Je ne sais pas : ça doit être le temps qui passe, mais j’ai besoin de chanter des chansons pour les enfants **WHAT ?!?!**. Celle-là n’est pas nouvelle, les habitués la connaissent… **Croise-les doigts** Cette chanson s’appelle… **Croise-les doigts croise-les doigts croise-les doigts** « Donne-Moi Une Vie » ». Le monde s’écroule. Je sens l’immense déception dans le public, mais je crois qu’elle est encore plus grande quand il enchaîne directement sur « Aux Arbres Citoyens ». Moi la vie m’a quitté depuis longtemps alors je ne sais même pas exactement comment ça se termine. Si, il verse quelques larmes lors du salut final et rejoint les coulisses en compagnie de ses musiciens. J’espère d’ailleurs qu’il emporte avec lui toute la frustration qu’il a provoquée en mettant de côté cet hymne des soirées beaufesques du Macumba Night. RIP Saga Africa.
Je ne vais pas vous cacher la vérité : je suis ressorti un peu déçu du concert. Pourtant, toutes les conditions étaient réunies pour que je passe une bonne soirée : une mise en scène impressionnante, une setlist variée, une proximité avec l’artiste qu’on ne pourrait pas avoir dans une autre salle. Je fais clairement le difficile. Deux raisons peuvent expliquer cette impression : tout d’abord, il s’agissait du 4e spectacle auquel j’assistais en quelques jours donc j’avais forcément moins d’excitation, je suis resté plus extérieur au concert que ce que j’aurais voulu. Et puis, il y a aussi le fait que je ne m’attendais clairement pas à ce type de performance. Je sais qu’il a presque 55 ans, mais le voir enchaîner les morceaux de son dernier album derrière un pied de micro, ce n’est pas ce dont j’avais envie. Alors OUI il est toujours énergique et les moments où il se donne à fond sont franchement réussis : je pense à « Destination Ailleurs », « Simon Papa Tara » ou encore « La Voix Des Sages ». Je crois que le costume « chanteur de variété » n’est pas fait pour lui : c’est trop sage, trop propre. Ça manque d’entrain et de soleil. J’en ai fait des caisses un peu plus haut, mais le fait qu’il n’ait pas intégré « Saga Africa » à la setlist, ça m’a vraiment frustré. Et je ne suis pas le seul vu la réaction des spectateurs 😀
Même si je suis ressorti mitigé du Palais des Sports, je dois être objectif : c’est un très beau spectacle qui n’a pas à rougir face à ce qui se fait en ce moment pour les artistes français. La mise en scène est superbe, très moderne, très efficace, il y a un joli travail autour des réorchestrations, et l’ambiance qui se dégage de l’ensemble est vraiment chaleureuse. Je suis content de l’avoir vu, mais je ne pense pas retourner l’applaudir un jour. J’espère aussi qu’il prendra conscience avec cet album et cette tournée que le public l’attend sur un autre registre. Je déteste ranger les artistes dans des cases, mais si lui ne met plus en avant cette culture musicale ethnique là, qui va le faire ? On termine avec les photos et les vidéos de la soirée : n’hésitez pas à laisser vos commentaires ici ou sur mes pages Facebook, Twitter et Instagram ; je suis curieux d’avoir les retours de ceux qui ont déjà eu l’occasion de le voir auparavant.
Setlist : La Voix Des Sages (No More Fighting) / Les Lionnes / Sourd, Aveugle Et Muet / Yé Mama Yé / Prêt / Les Murs / Qu’allons-Nous Leur Laisser? / Ose / Frontières / Mon Eldorado / Le Même Sang / Si Tu Savais / Simon Papa Tara / Angela / Où Es-Tu ? / Nulle Part Où Aller / Métis(se) / Destination Ailleurs / On Court / Mon Dernier Amour / Donne-Moi Une Vie / Aux Arbres Citoyens
Également disponible en vidéo sur YouTube : Si Tu Savais – Simon Papa Tara – Destination Ailleurs
Ahah ! Moi il a fait monter toute l’équipe sur scène quand il a terminé par « On danse ».. J’étais à Nantes, dernier concert de sa première partie de tournée.. Le public était déchainé.. Tellement qu’on a réussi à avoir 4 chansons de plus que ton concert ! Enfin je crois ! Il fait « New York Avec Toi » de Téléphone, « Clandestino » de Manu Chao.. Bien sur à Nantes on sait avec notre Saga Africa ! La ou il a mis le feu, époustoufflant ! Et il nous a fait cadeau de « Satisfaction » des Rolling Stones ! Comment ne pas être emporté ? Il nous a raconté énormément de blagues, des anecdotes… Il s’adressait aux gens de la fosse ! Il a fait monté tous les enfants de la fosse d’ailleurs sur scène à la fin.. Bref il nous a fait un show de 3h !!!!
Ah et puis vous n’avez pas eu Jamafrica ? Y en a eu beaucoup plus, je m’en souviens pas mais comparé à ta liste il doit en avoir autour de 6 ! 😛