9 Décembre 2013 – Stromae – Le Trianon, Paris
Il y a quelques mois, à l’occasion de ma chronique sur le concert de Pascal Obispo à l’Olympia, je m’exclamais : « Il n’y a jamais trop d’ambiance ! ». Eh bien, cette soirée au Trianon avec Stromae m’a prouvé le contraire. Vous devez vous dire que ça commence bien. Habituellement, je ne suis jamais d’aussi mauvaise humeur quand je démarre un compte rendu, mais là, tout en ayant trouvé le spectacle créatif, intelligent et même plutôt exaltant : je n’y ai pris aucun plaisir. Je vais évidemment vous expliquer tout ça en essayant de rester objectif sur les qualités de Stromae, qui n’en manque pas.
Je rejoins Guillaume et Ludovic au Trianon aux alentours de 18h30 où la file d’attente est déjà longue. L’entrée dans la salle se fait, malgré tout, assez rapidement et nous nous retrouvons dans le premier quart de la fosse. Nos voisines aperçoivent Bruno Coquatrix au balcon. Je suis un peu jaloux, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de voir… des morts. LOL. En première partie, on retrouve notre ami Thomas Azier, qui nous avait déjà stupéfié les oreilles de ses rythmes électro lors du concert de Woodkid le mois dernier (cf. Woodkid : The Golden Age Tour – Zénith, Paris (2013)). Comme la première fois, je trouve le Monsieur plutôt sympathique, mais heureusement que ça ne dure pas plus longtemps. Quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent et là, c’est le drame.
Une vague d’hystérie s’élève de la foule pendant l’introduction : un film d’animation en noir et blanc, où l’on voit un personnage ressemblant étrangement à Stromae et se déplaçant dans un univers sombre et peu accueillant. Les musiciens font un à un leur apparition sur scène, ils sont trois, lorsque tout à coup, celui qu’on attend fait son entrée. Le morceau qui ouvre le concert est « Ta Fête » – autant dire que c’est un titre de circonstance ! Les spectateurs sont déchaînés. Le sol tremble, les gens hurlent, mon voisin me ruine les oreilles à base de « POLOPOLOPOPOOO POLOPOPOOO ». J’aurais su à ce moment-là du spectacle qu’il allait me rejouer la même durant toute la soirée : je me serais retourné pour l’égorger si sec. C’est simple : il m’a gâché absolument toutes les chansons. Félicitations à lui, car il a réussi à me faire dépasser mon seuil de tolérance dès le premier morceau. Stromae enchaîne avec « Bâtard », l’un de mes titres préférés de l’album « Racine Carrée ». Je suis agréablement surpris par les jeux de lumière qui donnent l’impression d’une illusion d’optique.
Il prend ensuite la parole pour nous souhaiter la bienvenue : « Parisiens, Parisiennes, merci d’être aussi nombreux, depuis longtemps, et bonsoir en fait ! ». Une des spectatrices est déchaînée, elle hurle des « Je t’aime ! » à se provoquer un cancer des cordes vocales, une autre s’éclate à lui crier « À poil ! » : j’ai l’impression d’être à la fête de la bière au milieu d’un troupeau de sauvages. Je crois que je suis en total décalage avec le reste de la salle. Il enchaîne avec « Peace Or Violence » et « Te Quiero » que j’adore et que vous pouvez retrouver en vidéo à la fin l’article. L’orchestration live est extrêmement sympathique. Inutile de préciser que l’ambiance est toujours aussi délirante ! S’en suit un petit sketch, un peu longuet à mon goût : la leçon 26, annonçant « Tous Les Mêmes » que le public reprend en chœur. Il recrée le jeu de scène qu’il présente lors de ses prestations à la TV : à savoir ce double personnage, homme et femme à la fois.
La spectatrice qui criait au début du concert, hurle toujours comme une truie. Lui-même trouve ça légèrement effrayant. Il continue avec « Ave Cesaria » et « Sommeil » qui bénéficient chacune d’une mise en scène personnalisée. Mais c’est « Quand C’est ? » qui m’impressionne le plus. L’écran se couvre d’un voile noir au fur et à mesure, Stromae et ses musiciens se regroupent en un seul et même endroit, pour échapper à la « menace ». C’est très bien fait et la chanson gagne en intensité. À la fin du morceau, des visages sont projetés sur un rideau translucide qui descend au-devant de la scène. C’est original. Il prend ensuite la parole pour parler de… sandwiches. Non, vous ne rêvez pas. Cinq minutes pour nous expliquer la différence entre une mitraillette, un hamburger, un steak haché, bref tous les aliments susceptibles de composer un mets délicat et sophistiqué. Là encore, c’est un peu long et il met du temps avant d’enchaîner sur la chanson suivante : « Moules Frites ». La mise en scène est sympathique : on voit les mots moules et frites s’afficher en lettres de lumière sur le décor, qui est lui aussi transformé en pommes de terre !
Il se débraille et prend l’attitude du mec bourré, ce qui annonce évidemment : « Formidable ». Les spectateurs hurlent les paroles comme s’il s’agissait d’« Allumer Le Feu » à un concert de Johnny Hallyday : c’est complètement démesuré. La force de la chanson c’est justement son interprétation, dont on ne peut pas vraiment profiter, surtout quand on a un voisin comme le mien qui crie à s’en faire péter les tympans. Là encore, je ressens l’immense décalage qu’il y a entre ce qui est proposé sur scène et le public dans la salle. Stromae s’écroule et l’un des musiciens vient le chercher pour le ramener en coulisse.
Il revient quelques secondes plus tard vêtu d’un costume et d’un chapeau claque pour « Carmen ». Les projections vidéo sur l’écran sont très sympas : on y voit une « armée » de danseurs qui l’accompagnent sur scène en reproduisant la chorégraphie qu’il effectue devant nous. C’est d’ailleurs la même chose pour « Humain À L’eau » qui se veut beaucoup plus dynamique. Le public est déchaîné et ça ne s’arrête pas lorsque Stromae continue avec l’un de ses plus grands succès : « Alors On Danse ». Morceau qui bénéficie d’ailleurs d’une reprise remixée à la sauce 90’s. Je n’ai jamais vraiment aimé cette chanson, mais je dois avouer qu’elle fait son petit effet en live.
Il repart se changer en coulisse et ce sont les musiciens qui le ramènent sur scène, telle une statue, pour « Papaoutai ». Je suis un grand fan de ce morceau et c’est d’ailleurs ce single qui m’a décidé à prendre une place pour le concert. Je suis totalement satisfait du live qui reprend tous les éléments visuels que l’on a vus jusque-là pour le titre. Il remercie ensuite toute son équipe, longtemps, en posant son flow sur une version alternative de « Papaoutai ». Le concert se conclut avec le morceau instrumental « Merci » et moi, je dois vous avouer que je suis content que ça se termine.
Je crois que j’ai rarement été aussi embarrassé à la fin d’un concert. Embarrassé par le fait que je ne peux indéniablement pas critiquer le spectacle en lui-même : le choix des titres – parfait, les orchestrations live hyper sympas et la mise en scène très intelligente et créative. Son personnage est également drôle, décalé, charismatique, mais il y a un « mais ». Le, mais, c’est le public : épuisant. Alors je sais ce que vous allez me dire : que les spectateurs assistent à un concert pour s’amuser et qu’ils ont droit de faire la fête comme ils le souhaitent, et ce, avec la fureur qui leur semble la plus adaptée. Soit. Mais des concerts j’en ai vu, des gros, des petits : vous pouvez regarder la liste je ne vous mens pas. J’ai rarement vu des gens aussi peu concernés par le côté artistique d’un spectacle : on se serait cru à une « Fun Radio Party Hits 2013 » où un DJ random vient passer la dernière chanson à la mode.
Personnellement, je trouve que Stromae mérite un peu plus de considération et je regrette d’avoir vécu le concert dans ces conditions. J’espère néanmoins que ceux qui étaient présents ont apprécié le moment et qu’ils garderont un bon souvenir de la soirée. Je termine cette chronique avec les photos et les vidéos comme d’habitude. N’hésitez pas à laisser vos commentaires, je suis certain que nombre d’entre vous n’auront pas perçu les choses de la même façon : alors, laisser libre cours à vos critiques ! Je suis prêt ! Retrouvez-moi également sur Facebook, Twitter et Instagram pour découvrir de nombreuses autres chroniques de concert, notamment celles dédiées aux concerts de Stromae.
Setlist : Ta Fête / Bâtard / Peace Or Violence / Te Quiero / Tous Les Mêmes / Ave Cesaria / Sommeil / Quand C’est ? / Moules Frites / Formidable / Carmen / Humain A L’eau / Alors On Danse / Papaoutai / Merci
Également disponible en vidéo sur YouTube : Bâtard – Leçon 26 / Tous Les Mêmes – Te Quiero
Public exécrable je dirai pas ça. Y’a surtout le mec qui a dit « je t’aime » qui a été relou les 27 fois de trop (il était pas loin derrière moi -_-)
Y’a aussi une connasse qui a rigolé vachement fort à la fin de « Quand c’est », totalement approprié -_-
Mais bon avec autant de gens, t’as forcément des cons…
Coucou Kéké,
Je me suis régalée avec tes photos et vidéos qui sont de très bonnes qualité, bravo et merci!
J’ai assisté à la première date à Nîmes et j’ai été agréablement surprise par la « civilité » qui régnait dans les rangs, justement! En fait j’étais partie dans l’idée d’une foule déchaînée et pis non… (si tu veux je fais un topo très simple ici http://needyou.kazeo.com/music/stromae-sa-premiere-a-nimes,a3900769.html
Niveau spectacle je te rejoins (je crois), Stromae était nikel et il a effectivement un petit côté « chauffeur de salle » (je fais allusion aux blagues etc…) qui me le rende, perso, plutôt fort sympathique et pas du tout pédant, j’aime!
Merci en tout cas pour ce compte-rendu très soigné (un Parisien bon élève?)^^