8 Novembre 2025 – Two Strangers (Carry a Cake Across New York) – Longacre Theatre, New York (2025)
Avant de commencer ce compte-rendu, je dois vous avouer quelque chose : le programme à Broadway cette saison ne m’emballe pas du tout. J’ai sans doute ce qu’on pourrait appeler une petite “Broadway fatigue” 😅 Du coup, il m’a fallu un effort surhumain pour aller voir le spectacle dont je vais vous parler aujourd’hui, au nom aussi long que trompeur : « Two Strangers (Carry a Cake Across New York) » (le fameux gâteau apparaît dix minutes, montre en main 🙃). Je suis tombé sur un post où tout le monde disait que c’était peut-être l’un des meilleurs shows de la saison. Je me suis dit, allez, à défaut d’être enthousiaste, je peux au moins être curieux.
L’histoire est simple : une comédie romantique classique. Dougal, un Britannique naïf et optimiste, débarque à New York pour assister au mariage de son père, qu’il n’a jamais rencontré. À l’aéroport, il est attendu par Robin, la sœur de la mariée, une New-Yorkaise cynique et pragmatique. Le spectacle les suit pendant 36 heures dans la ville, entre agacement, complicité et révélations. Et au final, on comprend qu’ils ne transportent pas qu’un gâteau, mais pas mal de bagages personnels.
Le projet est le fruit d’un développement de six ans. Autant dire que ce n’est pas un musical bricolé à la va-vite. Personnellement, j’ai trouvé le spectacle cute. L’histoire est simple à suivre, avec quelques petits twists qui donnent envie d’en savoir plus, mais au final, on devine assez vite où ça va aller. C’est un bel hommage à New York, avec plein de références à la ville. Je pense que c’est vraiment là-dessus qu’ils réussissent à gagner le cœur du public. Il y a un vrai sentiment de connivence avec les spectateurs, un humour très new-yorkais, et ça, ça ne peut que marcher. Mais est-ce que des blagues sur Flatbush feront rire le touriste lambda ? Rien n’est moins sûr.
À défaut d’être original, c’est bien écrit. La qualité du texte compense une intrigue qui manque un peu de profondeur. Le thème principal, c’est le pouvoir transformateur d’une rencontre inattendue, mais honnêtement, c’est du déjà-vu. Côté musique, on est sur un mélange de pop contemporaine et de comédie musicale classique. Il y a un peu de tout, et forcément les balades introspectives qui vont avec. Je ne suis pas sorti en fredonnant quoi que ce soit. Aucune chanson ne m’est restée en tête. Peut-être « New York », le numéro d’ouverture, s’il ne fallait en garder qu’un.
Visuellement, en revanche, c’est une réussite. La scénographie repose sur une scène tournante, plutôt inventive et très bien exploitée. Sur cette plaque circulaire, deux piles de valises s’ouvrent et se transforment pour révéler tous les lieux de l’histoire : un comptoir de café, des sièges de métro, un mini-bar d’hôtel, ou même une boîte de nuit. C’est minimaliste, mais plein de trouvailles. J’ai trouvé ça malin, parce que le spectacle ne cherche jamais à en mettre plein la vue. Il mise sur l’imagination du spectateur, et ça suffit.
Il n’y a d’ailleurs aucun écran vidéo, alors qu’ils auraient très bien pu s’en servir pour illustrer les rues de New York. Le choix de rester dans le concret rend l’ensemble presque artisanal, dans le bon sens du terme. Autre point : il n’y a pas de chorégraphie au sens traditionnel – c’est le mouvement autour du plateau tournant qui crée l’agitation new-yorkaise. Les acteurs se déplacent sans arrêt, et cette énergie suffit à donner vie à l’univers dans lequel ils évoluent. Les costumes sont contemporains, simples, parfaitement dans le ton.
Le spectacle repose sur deux seuls comédiens : Sam Tutty dans le rôle de Dougal et Christiani Pitts dans celui de Robin. Et ils portent tout le show sur leurs épaules. Sam Tutty est incroyablement sympathique et drôle, plein d’une énergie presque enfantine. Christiani Pitts incarne la New-Yorkaise sarcastique avec une justesse bluffante. L’alchimie entre eux est évidente : vraie complicité, vrais rires sur scène. Ils m’ont vraiment renvoyé une bonne vibe. Les voix ne sont pas époustouflantes mais c’est peut-être aussi le manque d’audace des chansons qui veut ça.
Le spectacle dure environ 2h15, entracte compris. Ça traîne un peu, aussi bien dans le premier que dans le second acte : quelques coupes ne feraient pas de mal. Mais dans l’ensemble, le public reste très engagé du début à la fin. L’ambiance dans la salle était bonne, et les retours que j’ai lus ensuite allaient tous dans le même sens. Il faut dire que « Two Strangers » bénéficie aussi d’une saison assez pauvre en nouveautés fortes… ça aide. Seul petit bémol : le mixage sonore. La musique est parfois trop forte, au point de rendre les paroles difficiles à comprendre. Même souci de son que sur « Dead Outlaw » récemment, dans ce même théâtre.
J’ai passé un bon moment. Je n’irais pas jusqu’à le recommander à cor et à cri, mais la performance est solide. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne bien, et ça suffit à nous faire passer un bon moment. La scénographie est très réussie : inventive, originale et efficace. J’ai trouvé que ça servait bien la thématique du spectacle, tout en restant simple. L’histoire, évidemment, est un peu en dessous. Le texte est bien écrit, et les références à New York sont habilement intégrées. J’aurais juste aimé que l’intrigue soit un peu mieux développée, ou un peu moins prévisible.
Au final, on n’a pas l’impression d’avoir assisté à quelque chose de groundbreaking. Certaines parties traînent un peu, et on aimerait que tout ça ait plus d’impact. Si je dois le comparer aux spectacles du même genre – deux acteurs, deux amoureux sur scène – je dirais que c’est meilleur que The Last Five Years (ce qui n’est pas un exploit, soyons honnêtes 😅), mais en dessous de Maybe Happy Ending, beaucoup plus original à tous les niveaux. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est un spectacle réconfortant, feel good, qui fait ce qu’il promet. Je le recommanderais plutôt aux amateurs de comédies romantiques qu’aux vrais fans de comédies musicales. Je vous propose de me rejoindre sur Facebook, X et Instagram pour continuer la discussion et vous invite à découvrir les autres comédies musicales auxquelles j’ai assisté en cliquant ici : #Broadway.
Extraits « Two Strangers (Carry a Cake Across New York) »
