3 Avril 2024 – The Outsiders – Bernard B. Jacobs Theatre, New York (2024)
Adaptation du roman emblématique de S.E. Hinton et du film de Francis Ford Coppola, « The Outsiders » semble être l’une des surprises de ce début d’année à Broadway. Dès ses premières représentations au Bernard B Jacobs Theatre, ce nouveau musical a suscité un engouement prometteur auprès du public.
🚬 « The Outsiders » nous plonge dans le Tulsa des années 60. Nous suivons l’histoire de Ponyboy, un adolescent membre des Greasers, un groupe de jeunes de la classe ouvrière. Leur vie quotidienne est marquée par une rivalité incessante avec les Socs, des jeunes issus de familles aisées. Quand une confrontation opposant les deux groupes tourne au drame, Ponyboy et ses amis se retrouvent confrontés à des conséquences mettant leur loyauté à rude épreuve. Le musical offre une réflexion intéressante sur les difficultés à trouver sa place dans un monde divisé par les clivages sociaux.
N’ayant jamais lu le roman ni vu l’adaptation cinématographique, j’étais curieux de découvrir « The Outsiders » sur scène et impatient de voir si le spectacle me toucherait autant que les autres spectateurs. L’intrigue se déroule donc dans les années 60 aux États-Unis et suit les conflits entre deux groupes de jeunes issus de milieux sociaux opposés : les Greasers et les Socs. J’ai trouvé le scénario remarquablement bien écrit. On saisit rapidement les enjeux de l’histoire, et les personnages sont particulièrement bien développés, avec la juste dose de complexité dont on a besoin pour s’attacher à eux. Bien que le ton ne soit pas à la rigolade, la pièce se veut poétique à travers les messages qu’elle véhicule sur la lutte des classes, l’amitié, la famille et la violence aussi. Il y a de nombreuses références à la culture pop des années 60, notamment cinématographiques, qui apportent une touche d’authenticité supplémentaire.
Qu’en est-il de la musique ? La bande originale, composée par Justin Levine et le groupe Jamestown Revival, mélange habilement des influences country, soul, pop, folk, reflétant avec justesse les couleurs musicales de l’époque 😊 Les arrangements à la guitare, au piano, aux cordes, donnent une certaine mélancolie à l’ensemble. Certains airs m’ont rappelé les chansons des débuts d’Elvis Presley. Parmi les titres marquants, je retiens « Stay Gold », « Great Expectations » et « Run Run Brother », l’une de mes préférées.
La mise en scène, signée par Danya Taymor, nous a bluffés. Le décor représente un terrain vague comme on peut très facilement se l’imaginer, avec des éléments tels que des échafaudages, des voitures et d’autres accessoires. Une particularité à souligner est que le sol est fait de gravier (qui serait en réalité des morceaux de caoutchouc). Le problème, c’est qu’avec les nombreuses chorégraphies, des morceaux volent constamment au-delà de la scène : on pouvait déceler quelques visages un peu renfrognés parmi les spectateurs des premiers rangs qui s’en sont pris plein la tête du début à la fin du spectacle 😬 Mais ce qui m’a le plus impressionné dans tout ça, ce sont les jeux de lumière. L’éclairage fait changer l’ambiance du tout au tout à des moments clés, créant tantôt une ambiance sombre et tendue, tantôt chaleureuse et festive. La scène qui m’a marqué le plus est la confrontation finale entre les deux clans, se déroulant sous une pluie artificielle. L’éclairage, mêlé à la chorégraphie, donne un résultat époustouflant. Je pense que c’est l’un des plus beaux tableaux qu’il m’ait été donné de voir à Broadway en 6 ans : techniquement incroyable, d’une violence rare, tout en faisant preuve d’une poésie absolue. C’était magnifique.
Un petit mot sur les costumes, conçus par Sarafina Bush : ils sont fidèles à l’époque et permettent de bien distinguer les deux groupes. Les Greasers portent des vêtements plus décontractés et un peu usés, tandis que les Socs arborent des tenues plus élégantes et soignées. Le maquillage naturel et discret met bien en valeur l’expression des comédiens. Si je devais émettre un seul reproche sur le spectacle, ce serait que la perruque de l’acteur qui joue Ponyboy est loin de faire illusion 😅
La distribution compte une quinzaine de comédiens qui incarnent les différents personnages de l’histoire. Les rôles principaux sont brillamment interprétés par Brody Grant dans la peau de Ponyboy Curtis, Sky Lakota-Lynch dans celui de Johnny Cade et Joshua Boone campant Dallas « Dally » Winston. Les performances sont tout simplement remarquables. J’ai trouvé que chacun incarnait son personnage avec une justesse et une émotion saisissante. Leur jeu est naturel, on comprend parfaitement les émotions, les conflits et les enjeux propres à chaque rôle. Sur le plan vocal, c’est une maîtrise parfaite, à l’image de l’interprétation de Brody Grant sur « Great Expectations », impressionnante.
Une belle cohésion se dégage du groupe, rendant les interactions entre les personnages extrêmement convaincantes. D’une durée d’environ 2 h 15, la pièce maintient un rythme soutenu et captivant du début à la fin. J’ai eu l’impression que le public a été profondément touché par la justesse de la pièce (sans compter que certains ont eu la chance d’être littéralement « touchés » par les projections de gravier 🤣) ! La scène dont je vous ai parlé un peu plus haut a même provoqué une vague d’acclamations assez inattendue en plein milieu du spectacle.
En conclusion, je dirais que « The Outsiders » est un spectacle remarquable qui devient mon premier coup de cœur de 2024 🥰 L’atmosphère générale m’a rappelé l’excellent « Hadestown » que j’étais allé voir par simple curiosité et qui m’avait époustouflé. J’ai un peu la même sensation ici. J’ai trouvé que l’histoire était racontée avec beaucoup d’intelligence. La mise en scène, d’apparence plutôt modeste, cache en réalité un travail colossal sur l’éclairage, les bruitages, les chorégraphies ; autant d’éléments qui témoignent d’une réflexion intelligente sur la scénographie. J’écouterai sans aucun doute la bande originale dès qu’elle sera disponible dans son intégralité. Ce que j’ai entendu sur scène m’a convaincu et j’espère que le plaisir sera le même à l’écoute de l’album. Rien à redire sur le casting, les comédiens étaient au top et leurs interprétations remarquables.
Il y a actuellement une quantité ASTRONOMIQUE de nouvelles propositions à Broadway, mais il est clair que « The Outsiders » se démarque vraiment par son originalité. Si vous cherchez à découvrir quelque chose de différent, je vous conseille vivement d’aller voir ce spectacle. En attendant le prochain, je vous invite de me rejoindre sur Facebook, Twitter/X et Instagram et vous engage à découvrir les autres comédies musicales auxquelles j’ai assisté en cliquant ici : #Broadway.
Extraits « The Outsiders »