11 Mai 2016 – Michel Polnareff – AccorHotels Arena, Paris
Quand Michel Polnareff a annoncé son retour sur scène, je me suis dit : « Cette fois-ci, j’y vais ! ». Ce n’est pas un artiste que j’écoute régulièrement, mais il m’a toujours intrigué. Enfin toujours… Pour tout vous avouer, je l’ai découvert grâce à l’album de reprises de Pascal Obispo en 2004 (ne me frappez pas !) et évidemment, j’ai profité de son premier vrai grand comeback en 2007, pour me familiariser un peu mieux avec son répertoire. Mais revenons à 2016. À l’ouverture de la billetterie, j’ai rapidement déchanté en voyant le prix des billets à Paris (145 euros pour espérer être bien placé). Je me suis laissé le temps de la réflexion, mais l’envie ne partait pas ! Et un jour par hasard, j’ai découvert que la production avait ajouté une nouvelle catégorie : une fosse debout à un tarif tout à fait raisonnable. J’ai sauté sur l’occasion !
Quelques jours avant le concert, j’ai appris que la fosse debout serait remplacée par un parterre assis, et que nous profiterons des premiers rangs. Au-delà du placement avantageux, j’étais bien content qu’on soit assis, ayant chuté maladroitement il y a quelques semaines… Je ne tiens plus très bien debout ces jours-ci 😀 Me voilà donc à Bercy, il est 19 heures quand j’arrive devant la salle : il n’y a quasiment personne. Je passe les contrôles, on échange mon billet en fosse debout par une place assise, au premier rang. Je n’en espérais pas tant. Je suis assis au milieu des fans de Michel Polnareff, les « moussaillons » comme il se plaît à les appeler, et j’attends patiemment le début du spectacle. Le rideau qui cache la scène affiche fièrement le visage de l’artiste arborant sa paire de lunettes fétiche.
Il est quasiment 21 heures quand les lumières s’éteignent. Un compteur de trois minutes apparaît sur les écrans, trois minutes qui nous séparent du spectacle. Alors que la tension monte dans la salle, les musiciens s’installent derrière leurs instruments et nous offrent une intro au piano sur l’air de « Je Suis Un Homme ». Le rideau s’ouvre et dévoile un Michel Polnareff très élégant, vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche à redingote. Il nous adresse ses premiers mots : « Bonsoir Bercy ! Est-ce qu’il y a des moussaillons dans la salle ? C’est notre dernier soir à Bercy – jusqu’à ce qu’on revienne. On a passé des soirées formidables et comme c’est la dernière, on a l’intention d’en faire une soirée encore plus formidable que celles d’avant. Vous êtes prêts ? ». Il entonne avec légèreté les premières notes de « Je Suis Un Homme ». Polnareff est accompagné de quatre choristes et sept musiciens. Il semble particulièrement en forme vocalement. L’ambiance se veut jazzy et le public reprend à tue-tête les paroles de la chanson.
Le décor se révèle réellement sur « La Poupée Qui Fait Non ». Il est composé de cubes et d’un grand écran central. Si le concept de vous paraît simple « sur le papier », en réalité, c’est une structure incroyablement moderne ! Les cubes sont animés, et servent de surface de projection à des dizaines de textures durant le spectacle. L’effet 3D est impressionnant. Pour avoir vu de très nombreux décor de concert au cours de ma « carrière » de spectateur, je peux vous assurer que celui-ci est vraiment très réussi. Suivent « L’amour Avec Toi » et « Sous Quelle Étoile Suis-Je Né ? » pendant laquelle on voit s’animer devant nos yeux, des milliers d’étoiles et de constellations. L’ambiance change du tout au tout, et on passe de la douceur interstellaire à une atmosphère plus rock ‘n’ roll avec « Ophélie Flagrant Des Lits ». C’est le titre avec lequel il avait fait son retour en 2007. Une chanson un peu maladroite, qu’il a choisi de réutiliser sur cette tournée en la réorchestrant afin de lui donner une nouvelle chance. Mission accomplie ! Le public est au rendez-vous, et moi je suis aux anges, car j’adore ce titre ❤
Les guitares électriques hurlent sur « Tam-Tam » et les spectateurs en redemandent. Mais l’heure est à présent au calme, et alors que le rideau se baisse, Michel rejoint lentement son piano. C’est « L’Homme Qui Pleurait Des Larmes De Verre » qui ouvre le bal. C’est une chanson absolument magnifique, et j’avais peur qu’il ne la chante pas parce qu’il l’avait déjà fait en 2007. L’interprétation est sublimée par les projections sur l’écran. Avant d’enchaîner sur la suivante, il nous parle de son analyseur d’ambiance, en nous disant qu’il est au plus bas. On est à moins 60 ! C’est le pire score qu’il n’ait jamais eu. Sous couvert d’humour, il nous fait remarquer qu’on est loin d’être à la hauteur et je veux bien le croire ! Même si je ne me rends pas compte de ce qui se passe derrière moi, je sens bien que la ferveur n’est pas incroyable dans la salle. C’est toute la problématique d’un concert assis, il faut déployer beaucoup d’énergie, pour raviver la foule. Une foule qui n’a plus 20 ans il faut dire ce qui est ! Même si, je sais que nos amis séniors ne sont pas en reste quand ils ont un Johnny Hallyday ou une Sylvie Vartan devant eux ! LOL. Bref, il profite du moment pour chauffer les spectateurs avec « Qui A Tué Grand-Maman ». Un arbre virtuel apparaît sur l’écran, et tournoi au rythme des saisons. C’est sublime. On pourra dire ce qu’on veut de Polnareff, mais il a su s’entourer d’une équipe à la hauteur de son talent – une équipe qui nous a offert un spectacle exceptionnellement bien construit.
Il enchaîne avec « Lettre À France » et « Love Me, Please Love Me » alors que l’ambiance se réchauffe de plus en plus. On est à plus 30 maintenant ! LOL. J’ai ensuite pu profiter de « Rosy » que mon ami Ludovic m’a fait découvrir il y a quelques semaines. Une jolie comptine écrite et composée en 1974 et dédiée à une prostituée de la place Clichy. Une des belles surprises de la setlist ! Michel Polnareff sort ensuite le Grand Barnum pour « Le Bal Des Laze ». Introduction grandiloquente sur fond de chant grégorien, guitares hurlantes et mise en scène futuriste, voir post apocalyptique dans un décor de château moyenâgeux : c’est pour moi le plus beau tableau de tout le spectacle. J’ai été scotché.
Il nous offre ensuite « La Mouche » et « Holidays », mais le grand du moment du spectacle arrive maintenant ! Les choristes, pris d’une folie douce, se transforment tout à coup en chanteurs d’opéra… C’est une cacophonie sans nom ! Ne connaissant pas assez bien le répertoire de Michel Polnareff, je ne me doute pas une seconde que c’est en lien avec la chanson « Où Est La Tosca ? ». C’est clairement mon moment préféré de la soirée ! J’AI ADORÉ. La chanson est délirante et l’orchestration absolument folle ! Pendant le pont, le rideau descend et un effet stroboscopique vient accompagner la chorégraphie complètement absurde de Michel et de ses choristes.
Puisqu’il faut revenir au calme, Polnareff choisi « Je T’aime » qu’il offre en hommage à Prince, en y ajoutant un extrait de « Purple Rain ». C’est beau. L’écran projette le « Love Symbol » et la salle se lève. Les spectateurs resteront d’ailleurs debout pour la suite du spectacle. Certains se jettent au-devant des barrières alors que Michel entonne « Dans La Rue » et « Y’a Qu’un Cheveu » que vous pourrez retrouver en vidéo à la fin de l’article. À ce moment-là du spectacle, je regarde autour de moi et je me dis c’est quand même incroyable que tous ces gens soient toujours là, après tant d’années de silence. Mais en voyant Michel Polnareff évoluer sur scène, je comprends totalement pourquoi. Il termine le set principal avec le classique « Goodbye Marylou » qu’il utilise également pour présenter son équipe.
Après un court rappel, Michel revient au piano, pour interpréter « Kâma-Sutrâ », extrait de son dernier album… sorti en 1989 ! LOL. Je ne connaissais pas la chanson avant de l’entendre ce soir, et j’ai été particulièrement charmé. D’ailleurs, le concert m’a donné envie de me plonger dans la discographie de Polnareff et d’en découvrir les perles. Car à côté de tous les tubes qu’il nous a laissés, je suis certain qu’il y a des dizaines d’autres morceaux qui méritent le détour. Si vous avez des conseils à me donner, je suis tout ouïe 🙂
Il enchaîne avec « Âme Câline » et « Tout, Tout Pour Ma Chérie » dans une version incroyablement dynamique ! Les choristes font un boulot du tonnerre. « Coucou Me Revoilou » dont les arrangements funky ne sont pas sans me rappeler Prince évoqué quelques minutes plus tôt. En guise de final, l’équipe nous offre un karaoké géant sur « On Ira Tous Au Paradis ». Michel invite d’ailleurs Louka, son fils de cinq ans, à venir pousser la chansonnette avec lui 😀 Le concert se termine sous une pluie de confettis, en forme de lunettes. Le sens du détail jusqu’au bout !
Inutile de vous faire un dessin, j’ai adoré cette soirée ! Pour moi, c’est une réussite à tous les niveaux. D’abord le mec, c’est un pro. Je m’attendais à voir un hurluberlu un peu paumé sur scène qui se raccroche à ce qu’il peut alors que c’est totalement l’inverse : il sait totalement où il va, il est spontané, il maîtrise sa voix. Il m’a vraiment renvoyé quelque chose de positif et m’a donné envie d’en découvrir plus. La seule chose que je peux lui reprocher, c’est son côté un peu trop statique : j’aurais aimé qu’il se « balade » un peu plus. La setlist, personnellement, je l’ai trouvé très bonne parce qu’elle est équilibrée, qu’elle ne laisse pas temps mort, et que les enchaînements sont fluides. Malgré tout, on m’a fait remarquer qu’elle était intégralement calquée sur celle de 2007. N’ayant pas vu le concert à l’époque, ça ne m’a pas dérangé, mais je peux comprendre que les avis divergent sur ce point-là. J’ai découvert des chansons absolument incroyables, comme « Rosy », « Où Est La Tosca ? » et « Kâma-Sutrâ » au milieu d’une pléiade de tubes « Goodbye Marylou », « Tout, Tout Pour Ma Chérie », « La Poupée Qui Fait Non » : pour moi c’était parfait.
Et j’ai envie de terminer sur la mise en scène, qui m’a scotché du début à la fin du spectacle. Ces cubes animés, c’est du jamais vu ! La dernière tournée française un peu élaborée que j’ai vue, c’était peut-être Stromae ou Mylène Farmer en 2013 ? Les artistes se contentant maintenant de quelques projections vidéo sur écran géant – et là je pense à Johnny, qui n’a pas été très inventif l’année passée alors qu’il s’illustre habituellement à ce niveau. Bref, je félicite le concepteur du décor pour l’idée : c’est classe, c’est efficace, ça m’a beaucoup plu ! C’est une très belle tournée que Polnareff offre actuellement à son public et je ne saurais que trop vous conseiller d’aller voir sur scène pendant qu’il en est encore temps – car Dieu seul sait quand il reviendra !
On termine avec les photos et les vidéos du spectacle, n’hésitez pas à laisser vos commentaires sur la soirée, si vous aussi vous avez assistés à l’une des dates de la tournée : j’y répondrai avec plaisir ici ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram). Je vous invite d’ailleurs à vous abonner si vous avez envie de suivre mes péripéties dans les salles de concert de France et de Navarre !
Setlist : Je Suis Un Homme / La Poupée Qui Fait Non / L’amour Avec Toi / Sous Quelle Étoile Suis-Je Né ? / Ophélie Flagrant Des Lits / Tam-Tam / L’Homme Qui Pleurait Des Larmes De Verre / Qui A Tué Grand’Maman / Lettre À France / Love Me, Please Love Me / Rosy / Le Bal Des Laze / La Mouche / Holidays / Où Est La Tosca ? / Je T’aime / Purple Rain / Dans La Rue / Y’a Qu’un Cheveu / Goodbye Marylou / Kâma-Sutrâ / Âme Câline / Tout, Tout Pour Ma Chérie / Coucou Me Revoilou / On Ira Tous Au Paradis
Également disponible en vidéo sur YouTube : Dans La Rue – Goodbye Marylou – La Poupée Qui Fait Non – Y’a Qu’un Cheveu – Tout, Tout Pour Ma Chérie
Superbe texte! Je suis ravie que vous ayez pris l’initiative d’aller voir un de ses magnifiques concerts même si vous n’étiez pas un moussaillon au point de départ. Quand Michel Polnareff est parti pour les Etats-Unis, je n’étais pas encore née. j’ai commencé à m’interesser à ses chansons et tout le reste à partir de mes 12 ans (en 1996). je le suivais de loin en pensant ne jamais avoir le plaisir de le voir et l’entendre un jour en concert. J’ai l’impression d’avoir loupé plein de chose dû à mon jeune âge mais il est bien là avec ses moussaillons (dont je fais bien évidemment parti). je suis allée le voir en concert pour la premiere fois en 2007 puis de nouveau le 7 mai dernier. Je suis toujours émerveillée, il gère le Monsieur!
Et bien tout est dit.
Article vraiment complet, je l’ai lu avec grand plaisir.
Michel a dit : ceux qui ne viendront pas me voir le regretteront toute leur vie. Au départ, cela m’a fait sourire mais oui effectivement ils le regretteront toute leur vie lol
Vraiment merci pour luî, c’est un artiste hors pair !
Vos photos sont sublimes !
Bonsoir…le seul reproche que vous puissiez lui faire avez-vous dit.. est qu’il soit resté trop statique… l explication vient du fait que Michel a des problèmes de vue et ne voit pas très bien dans le noir ou la pénombre. … c est pour cela qu’il ne peut pas faire tout ce qu’il voudrait. … on ne peut que lui pardonner…Il est tellement talentueux qu on oublie vite le fait qu’il ne bouge pas trop sur scène. … on vient surtout pour l’écouter
. .et le simple fait de le voir chanter ..même immobile nous comble à chaque fois. …
En découvrant le répertoire de Michel Polnareff, je vous invite à écouter l’épure de « une simple mélodie ».
Dans son répertoire, un incroyable medley de ses titres : « petite petite » (Polnareff’s 1971) qu’il ne chante jamais (et c’est bien dommage). Ma préférée avec « L’homme qui pleurait des larmes de verre » en tête de liste, mais aussi « Allo Georgina »…
Des vidéos ici : http://www.youtube.com/kbotch
on etait surement à côté de vous ma femme et moi car 1er rang et (légèrement) excentrés sur la gauche !!!! oui merveilleuse soirée ! un concert INOUBLIABLE polna is THE BEST!!
Magnifiques commentaire et ressenti. J’ai vécu à chaque fois la même chose en 2007 et en 2016, loin d’être terminée pour moi. Vos mots sonnent juste et si vrai ! J’ai trouvé aussi que Michel est de loin, l’Artiste qui ne se fiche vraiment en aucun cas pas de son public inter générationnel par la qualité indéfectible et incontestable de ses shows. Les décors 3D sont un plus, mais perso la voix etant la, précieuse, fidèle à ses débuts et qu’il sait protéger comme un diamant dans son écrin, le spectacle est plus qu’à la hauteur de l’attente de tous ! La voix est haut perchée et les musiciens nous font des envolées sonores à donner le vertige… Bravo Maestro 👍👏🏻👍🏼😉
Tout à fait exact… Quelle importance staticité ou énergie ??? La qualité reste primordiale.
Magnifique concert !! D’où que vous veniez, le déplacement en vaut plus que la peine, n’en déplaise aux détracteurs qui, sans raison, injustement et par méchanceté gratuite, montrent plutôt de la jalousie que de la critique constructive. Instruisez vous ou aiguisez vos oreilles messieurs dames. Bravo ancrore et ancrore à l’Amiral et que la polnaventure continue.
Des feux d’artifice ses shows.
quelques perles rares : le prince en otage, jour après jour, gloria….tant d’autres…
Bienvenue parmi les inconditionnels Kéké.
Perso, j’avais 10 ans quand je suis tombé dedans pour la première fois en écoutant en boucle l’album blanc et ensuite sont venus tous les autres, j’ai aujourd’hui 57 ans et tout autant passionné. J’étais comme fou en 2007 et cette année aussi. Je ne vais pas énumérer mes préférées car pas assez de caractères dans ce commentaire.
Mersea tout simplement pour ce superbe article. J’ai ressenti tout ce qui est écrit au cours des 6 dates auxquelles j’ai pu participer. Tout est parfait dans les spectacles de Michel car nous avons un perfectionniste face à nous. La perfection afin de satisfaire et combler son public, la perfection de l’Homme unique que j’admire depuis 50 ans. Chaque rendez-vous est intense et magnifique. Excitant dès le compte à rebours et émouvant quand il repart de scène nous laissant plein d’étoiles dans les yeux et la tête et le coeur débordant de son amour et sa générosité 💕
Mes moments préférés ? Tous ! Mais malgré tout, une préférence quand il est au piano et que cet homme me fait pleurer des larmes de bonheur.
Reposez vous Amiral, je sais que vous reviendrez encore plus fort pour faire la nique aux détracteurs.
Je vous Aime Michel ⚓️
bravo pour cet article, pour moi fan depuis le tout début j’avais 10 ans, si vous voulez quelques perles : une simple mélodie, j’ai tellement de choses à dire, ça n’arrive qu’aux autres, ballade pour toi, 365 jours par an , Gloria etc….