22 Janvier 2024 – Madonna : The Celebration Tour – Madison Square Garden, New York
Madonna vient d’entamer la deuxième partie de sa tournée mondiale « The Celebration Tour », mettant en lumière quatre décennies d’une carrière légendaire. Après l’avoir vue à Brooklyn en décembre dernier (vous pouvez lire la chronique ici), je m’apprête à la retrouver ce soir au mythique Madison Square Garden 🤩 Le show promet une nouvelle fois d’être une expérience inoubliable.
Connaissant la ponctualité de Madonna, j’arrive au Madison Square Garden vers 21 h 30. L’entrée est rapide et lorsque je prends place, Stuart Price, qui a notamment réalisé l’album « Confessions on a Dance Floor », est aux platines avec le mashup « Music Inferno » que l’on n’avait pas entendu depuis le « Confessions Tour ». J’ai une belle vue sur la scène, malgré l’énorme câble de la régie en face de moi. La scène principale est équipée d’une plateforme rotative, flanquée de deux avancées latérales, avec un arrière-plan, trois immenses écrans. Au centre de la salle pend un rideau où apparaît une image déformée de Madonna tenant un verre.
Je n’attends pas très longtemps, car à 21 h 50, Bob The Drag Queen, gagnant de RuPaul’s Drag Race et host de la soirée, fait son entrée dans une tenue inspirée de Marie-Antoinette, clin d’œil à la performance de Madonna aux VMAs de 1990. Il chauffe la salle et retrace avec humour l’incroyable carrière de Madonna, incitant l’audience à célébrer non seulement le show qui arrive, mais aussi l’impact culturel et l’héritage que Madonna a inscrit dans l’histoire de la pop.
L’anneau lumineux au-dessus de la scène se met à scintiller et « Nothing Really Matters » démarre, pendant que Madonna apparaît vêtue d’un long kimono noir signé Eyob Yohannes. Elle a toujours eu le sens du spectacle pour ses entrées en scène, mais celle-ci frappe par sa sobriété et le message qu’elle véhicule : l’importance de l’amour et de la connexion avec le public, au-delà de tout le reste 😍 C’est une introduction vraiment forte et émouvante.
Les danseurs font leur apparition tandis qu’une vidéo nous ramène des années en arrière, en 1978 précisément. Madonna réapparaît sur « Everybody » vêtue d’une tenue punk, ornée d’accessoires évoquant le New York underground des années 80. L’énergie sur scène est débordante et je suis impressionné par son dynamisme à 65 ans. Les danseurs s’amusent avec des torches électriques, rappelant les lumières de la ville, pendant que les écrans projettent la skyline illuminée de New York 🗽 Contrairement à Brooklyn, j’ai l’impression d’entendre un peu moins sa voix, qui sonnait plus « live » en décembre. « Into the Groove » maintient le public en haleine. Ce concert m’a définitivement réconcilié avec son répertoire 80’s que j’écoute en boucle depuis des semaines. Elle quitte la scène principale pour se rapprocher du public sur la gauche. Sur les écrans, la carte du métro new-yorkais apparaît brièvement, mais ce soir, le spectacle se joue à 10 min de chez moi, je n’aurai pas à revivre l’horreur de la dernière fois dans les transports !
Elle prend ensuite la parole pour dire que ça fait du bien d’être de retour à New York. Elle explique qu’elle est aussi nerveuse que 40 ans plus tôt, et qu’elle veut nous offrir le meilleur d’elle-même. Elle se dit extrêmement reconnaissante du soutien que nous lui avons apporté toutes ces années. Elle raconte son arrivée à New York lorsqu’elle a demandé à un taxi de l’emmener « au centre de tout », et qu’il l’a déposée sur la 34e, à deux pas du Madison Square Garden. Elle nous dit aussi que quelques années plus tard, elle vivait à quelques blocs d’ici dans un appartement partagé avec un dealer colombien 😅 Elle nous présente ensuite un danseur masqué qui la représente plus jeune, évoquant l’importance de se souvenir d’où l’on vient. Elle conclut en citant Sinatra : « If you can make it here, you can make it anywhere! ». Son speech est bien différent de celui de Brooklyn, elle semble plus joyeuse et heureuse ce soir qu’en décembre. Elle enchaîne avec « I Love New York » couplé à un extrait de « Burning Up ». Elle perd le rythme à un moment – prouvant qu’elle chante bien en live – ce qui rend le morceau un peu cacophonique !
Le concert continu avec « Open Your Heart », où elle reproduit la chorégraphie du clip dans le décor d’un peep-show, avec des toiles tout autour de la scène projetant les peintures de Tamara de Lempicka. J’ai longtemps été sans pouvoir réécouter les chansons de cette époque, mais je dois avouer que j’apprécie énormément cette première partie. C’est hyper cool qu’elle nous replonge dans cet univers en réutilisant les mêmes codes qu’à l’époque. Ça continue avec une séquence où Madonna tente d’entrer dans le club « Paradise Garage » et se voit refuser l’accès par Bob, maintenant videur. Elle finit par se faufiler à l’intérieur et « Holiday » démarre dans une ambiance survoltée, avec une énorme boule à facettes au-dessus de la scène 🪩 À la fin du titre, l’atmosphère change progressivement, la boule descend jusqu’au sol où un danseur est allongé, comme mort. Une transition poignante menant à « Live to Tell ».
Ce tableau est l’un des moments les plus marquants du spectacle. Ce n’est pas ma chanson préférée, mais c’est l’une des séquences les plus mémorables. Dédié aux victimes du sida, on y voit Madonna survoler le public dans une structure lumineuse, entourée sur scène de portraits projetés en très grand format. On reconnaît quelques visages connus comme Keith Haring et Christopher Flynn, l’un des mentors de Madonna. Habituellement, je la trouve toujours un peu ridicule dans le registre de l’émotion, mais pas ici, je pense que ce tableau restera comme l’une de ses meilleures performances en tournée.
À la fin de « Live to Tell », Madonna rejoint les danseurs vêtus en moines qui l’habillent d’une tenue similaire. Ils se dirigent ensemble vers la scène principale transformée en une sorte de manège, avec des danseurs presque nus reprenant les postures du Christ. Cela annonce « Like A Prayer ». Visuellement, c’est magnifique, et j’ai beaucoup plus apprécié cette fois-ci qu’à Brooklyn. Le titre est couplé avec quelques extraits de « Unholy » de Sam Smith. Lorsque la chanson se termine, on voit apparaître un ersatz de Prince venu jouer un court extrait de « Act of Contrition » à la guitare électrique. Prince avait participé à l’album « Like a Prayer », et je trouve que c’est un joli clin d’œil. Ce que je n’avais pas remarqué la première fois, c’est que l’énorme structure lumineuse du début, celle de « Nothing Really Matters », semble désormais représenter la couronne d’épines du Christ grâce aux images projetées sur les écrans.
Pendant que les techniciens installent des rings de boxe aux 4 coins de la scène, les danseurs, toujours en tenue christique, nous offrent une chorégraphie contemporaine sur un court extrait de « Living For Love ». La partie suivante est une séquence que je redoutais un peu, car je l’avais trouvée assez longue à Brooklyn. Elle démarre avec « Erotica ». Madonna apparaît en tenue de boxeuse et échange quelques coups avec ses partenaires sur le ring. Elle porte désormais ses cheveux façon Marilyn, clin d’œil à cette époque de sa carrière. J’aime la chanson, et j’ai trouvé que le tableau était moins long cette fois, mais peut-être parce que j’étais psychologiquement… prêt 😅
Elle retire son peignoir et se retrouve en nuisette rouge et noire avec des cuissardes. Ça m’avait pris de court la première fois, mais au final cela colle bien à l’esprit provocateur de Madonna. Surtout qu’elle retrouve son double sur un lit qui rappelle la célèbre scène de masturbation du Blond Ambition Tour. On peut entendre un court extrait de « Papa Don’t Preach » suivi de « Justify My Love ». Les danseurs sur scène sont en sous-vêtements donnant l’impression d’être nus, et s’enchevêtrent les uns aux autres, créant des images kaléidoscopiques sur l’écran. C’est à ce moment que ma voisine Karen m’a dit que j‘envahissais son espace (😬). Une petite distraction qui m’a sorti du spectacle pendant quelques minutes. Le temps de rater l’a cappella de « Fever ».
On entend une sonnerie de téléphone, Madonna décroche, c’est Tokischa. Tokischa avec qui elle partage un remix reggaeton de « Hung Up » mis à l’honneur sur cette tournée. Madonna, les yeux bandés, effectue une chorégraphie sensuelle avec ses danseurs et nous fait la surprise de nous offrir la version originale de la chanson, qu’on n’avait pas entendue depuis le « Confessions Tour ». Elle rejoint ensuite sa fille Mercy au piano pour « Bad Girl », mais avant de démarrer, il y a une surprise. C’est en effet l’anniversaire de Mercy qui a 18 ans et la chance de le fêter au Madison Square Garden devant plus de 16 000 personnes 🎂 Toute la troupe monte sur scène pour chanter « Happy Birthday ». Vous pouvez retrouver la séquence sur YouTube. Malheureusement, on n’échappe pas à « Bad Girl » que je n’ai toujours pas beaucoup aimé.
En revanche, j’adore la section suivante, c’est l’une de mes préférées. Place au ballroom ! Après Mercy, c’est Estere qui officie sur scène, en tant que DJ sur « Vogue », qu’elle « mixe » avec des extraits du remix de « Break My Soul » de Beyoncé. Madonna fait son entrée dans un corset Jean-Paul Gaultier aux célèbres seins coniques, rendant hommage à une de ses tenues les plus iconiques 🤩 La compétition de ballroom est animée par Bob et les danseurs défilent un à un sur le runway afin d’être jugés par Madonna et un invité surprise. Et ce soir, c’est son ancien danseur Jose Xtravaganza, connu pour son rôle dans le clip de « Vogue » et la tournée Blond Ambition, qui monte sur scène. C’est un moment de pure nostalgie pour les fans 🥰 On sent leur complicité quand elle le pousse pour qu’il danse avec les autres. Le tableau s’achève avec sa fille Estere qui s’essaie brillamment au voguing.
À la fin de « Vogue », Madonna se fait arrêter par des policiers en uniforme et entame « Human Nature ». Je n’aime pas cette chanson, comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises dans mes comptes-rendus. Heureusement ce n’est qu’un court extrait, elle enchaîne très vite sur « Crazy For You » qui semble être un tube immense ici, tout le monde chante le titre par cœur. Avant de quitter la scène, elle craque une allumette et la scène s’embrase pour lancer l’interlude suivant « The Beast Within ». La séquence reprend la vidéo qui avait servi d’intro au « Re-Invention Tour » en 2004. Sur scène, des danseurs évoluent dans un paysage désertique rappelant Star Wars/Dune, évoquant probablement sa quête spirituelle avec la Kabbale.
C’est « Die Another Day » qui ouvre la séquence suivante. L’un de mes titres préférés et aussi l’un des plus beaux tableaux du spectacle. La vidéo est à la fin de l’article pour les curieux. J’aime tout : la chanson bien sûr, mais aussi le fait qu’ils utilisent tout l’espace scénique. Les jeux de lumière sont impressionnants, la chorégraphie est parfaitement coordonnée, et les lasers fusent de partout… 10 sur 10 👏 On passe ensuite à « Don’t Tell Me » qui nous ramène au tout début des années 2000. Madonna porte un chapeau de cowboy, des tresses et un bustier en cuir. Il y avait eu un léger problème de son à Brooklyn donc je suis content de pouvoir l’entendre sans coupure. Pour la chanson suivante, « Mother and Father », Madonna est rejointe par son fils David « à la guitare » (ENTRE GUILLEMETS, HEIN). Je ne l’avais pas vu la première fois, mais je m’aperçois qu’en plus de la photo de la mère de Madonna projetée sur scène, il y a aussi celle de la mère biologique de David. Je suis hyper content d’entendre ce titre en live, car j’adore l’album « American Life » et les chances étaient faibles pour qu’elle choisisse ce titre en 2024.
Elle s’approche ensuite du bout de l’avancée et prend quelques minutes pour échanger avec le public. Elle explique que ça a été dur pour elle de résumer toutes ces années de carrière en 2h10, mais qu’elle se sent comme la personne la plus chanceuse du monde. Elle est aussi heureuse de pouvoir avoir sa mère avec elle tous les soirs, en référence à la chanson précédente. Mais ce qu’elle apprécie le plus, c’est de partager le show avec ses enfants. Elle explique ensuite pourquoi elle s’est engagée auprès des enfants du Malawi et demande ensuite au public d’allumer son téléphone avant d’entamer « Express Yourself » qui remplace « I Will Survive ». Je dois avouer que je préfère largement « Express Yourself », car j’aime la chanson, mais aussi parce que l’engouement dans la salle est beaucoup plus fort qu’avec la reprise de Gloria Gaynor. Derrière moi, j’ai 2 mecs complètement imbibés qui HURLENT les paroles : je ne sais même pas comment ils font pour s’en souvenir dans l’état d’ébriété dans lequel ils sont 😬
Le concert continue avec « La Isla Bonita » que j’avais adoré la première fois et que j’aime toujours autant. Le tableau est vraiment beau vu d’en face. Les écrans diffusent les images d’un ciel orangé et David, toujours à la guitare, semble flotter au-dessus des nuages, suspendu au-dessus de la scène. La chanson est couplée avec un extrait de « Don’t Cry For Me Argentina » qui était une cacophonie sans nom à Brooklyn. C’est mieux cette fois, mais je ne suis toujours pas convaincu par le choix de l’arrangement. Elle termine en criant « No fear! » accompagnée de son double période « American Life », avec le drapeau LGBT en guise de cape 🏳️🌈
S’ensuit un montage vidéo avec quelques extraits cultes de sa carrière, sur « I Don’t Search I Find », avec Bob contrôlant les images façon Minority Report. J’aurais bien vu ça en intro, mais ça aurait peut-être gâché l’effet de « Nothing Really Matters ». Une trappe s’ouvre et Madonna réapparaît, cheveux lisses et roses, dans une combinaison argentée Versace. Le bout de l’avancée révèle un grand cube lumineux projetant des images psychédéliques en 3D réalisées par Gabriel Massan qui s’est inspiré du clip de « Bedtime Story » et de son propre jeu vidéo. La silhouette de Madonna est projetée en temps réel sur les faces du cube. C’est kitsch, mais je passe un bon moment, d’autant plus que « Bedtime Story » est relié au titre suivant « Ray of Light » par son « Sound Factory Remix », que je me passe en boucle depuis le mois de décembre.
« Ray Of Light » est l’un des moments que j’attendais le plus de revoir. Et je n’ai pas été déçu ! Survolant la salle dans son cadre lumineux, Madonna gesticule de manière désordonnée tandis que les danseurs se livrent à une chorégraphie endiablée, sous une pluie de lasers multicolores. C’est juste génial et je vous invite à visionner la vidéo qui se trouve à la fin de l’article. Lorsqu’elle pose finalement le pied à terre, j’espère qu’elle va nous offrir « Frozen » à la place de « Rain » comme elle l’a fait sur certaines dates. Mais malheureusement « Rain » a repris sa place, et même si ce n’est pas un mauvais titre, j’aurais préféré l’option alternative 😆
Pour l’interlude qui suit, un sosie de Michael Jackson rejoint celui de Madonna époque « Like a Virgin » sur scène, avant de disparaître pour laisser place à une vidéo hommage à MJ mêlant « Billie Jean/Like a Virgin ». On arrive au dernier segment, avec « Bitch I’m Madonna » lancé par un sample de « Give Me All Your Luvin’ ». La troupe arbore quelques-unes de tenues emblématiques de sa carrière, idée ingénieuse qui colle parfaitement au thème du show. Madonna, elle, porte un corset bleu et un voile blanc. Elle rejoint la scène principale pour « Celebration » qui vient conclure le concert. Elle y glisse un bout de « Music » qu’on aurait aimé en entier, grimpe sur la plateforme centrale pour remercier sa troupe et lancer un ultime « Thank you New York! »
Je suis content d’avoir pu assister à deux spectacles de cette tournée, car j’étais passé à côté de certains détails la première fois. J’ai davantage apprécié certains moments que je n’avais pas pu bien digérer initialement, tant ce show est dense et intense. J’adore l’aspect rétrospectif plein de clins d’œil à son univers. Mais par-dessus tout, j’aime sa vulnérabilité ❤ Elle n’essaie plus d’être cette star intouchable qu’elle a toujours incarnée sur scène : elle se raconte et se montre touchante, appréciant pleinement le fait d’être sur scène et son lien si fort avec le public. Une Madonna qu’on avait déjà un peu entrevue sur le « Madame X Tour » et dont on profite vraiment ici.
Ce qui est génial, c’est qu’elle n’en oublie pas le spectacle pour autant 👍 Elle balance des tubes en pagaille pour une véritable rétrospective de carrière ; avec des moments festifs (« Everybody », « Vogue »), des tableaux bluffants (« Like A Prayer », « Ray of Light », « Die Another Day »), et de l’émotion comme avec « Live To Tell » ou « Mother and Father ». Je l’ai trouvée en bien meilleure forme qu’à Brooklyn, heureuse de célébrer ainsi plus de 40 ans sur scène. J’espère que la captation sera fidèle au spectacle 🙏 Merci d’avoir lu ce compte-rendu, place aux photos et aux vidéos ! N’hésitez pas à lire mes précédents articles (#Madonna) et à laisser vos impressions en commentaires ou sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter/X et Instagram !
Setlist : Nothing Really Matters / Everybody / Into the Groove / I Love New York / Burning Up / Open Your Heart / Holiday / Live to Tell / Like a Prayer / Erotica / Justify My Love / Fever (Acapella) / Hung Up / Bad Girl / Vogue / Human Nature / Crazy for You / Die Another Day / Don’t Tell Me / Mother and Father / Express Yourself (Acoustique) / La Isla Bonita / Don’t Cry for Me Argentina / Bedtime Story / Ray of Light / Rain / Bitch I’m Madonna / Celebration
Également disponible en vidéo sur YouTube : Live to Tell – Mercy James’ Birthday – Die Another Day – Ray of Light