27 Août 2025 – Saturday Church – New York Theatre Workshop, New York
J’ai découvert Saturday Church un peu par hasard. Un post Instagram annonçait que MJ Rodriguez, l’iconique Blanca dans la série Pose, allait jouer dans une comédie musicale off-Broadway écrite et composée par Sia. Comme on s’était justement replongés dans la série à ce moment-là, impossible de passer à côté ! Quelques mois plus tard, MJ s’est finalement retirée du casting… 🤷 Mais on avait déjà nos places, et d’autres grands noms avaient rejoint l’aventure comme J. Harrison Ghee lauréat d’un Tony Award pour Some Like It Hot.
Saturday Church, c’est une adaptation du film du même nom sorti en 2017, écrit et réalisé par Damon Cardasis, qui signe ici le livret accompagné de la musique de Sia. L’histoire suit Ulysse, un adolescent noir et queer de New York. Depuis la mort de son père, il vit avec sa mère et sa tante, tout en étant très ancré dans la vie de sa paroisse. Mais son exubérance l’empêche de trouver sa place au sein de la chorale, où il se sent étouffé. Une rencontre dans le métro change tout : il découvre la Saturday Church, un refuge queer qui devient pour lui un espace de libération. Le récit le montre tiraillé entre sa famille, sa foi et cette nouvelle communauté, en quête d’un endroit où il peut aimer et être aimé… dans toute sa fabulosity !
Avant toute chose, je rappelle que j’ai vu la toute première représentation. Donc ce que je raconte là pourra potentiellement évoluer quand le spectacle aura trouvé son rythme. Mais dans l’état, c’est déjà très solide. L’histoire n’est pas révolutionnaire : on a déjà vu mille récits sur des jeunes queer qui découvrent une communauté et apprennent à s’assumer dans un monde hostile. Pourtant, la sincérité m’a plu 😊 Pas de pathos, il y a un bon équilibre entre légèreté et drame. Le récit est clair, rythmé, sans longueurs. On devine vite où ça va aller, mais ça ne gâche rien. Le ton général est feel-good : on rit souvent il n’y a pas vraiment de quoi sortir les mouchoirs, juste assez pour donner du relief.
Musicalement, j’étais très curieux de voir Sia sur un projet pareil. Et surprise : ce n’est pas du tout un show avec des titres “à la Sia”. Pas de tube façon « Chandelier », mais une bande-originale variée, entre gospel, house et pop. Les styles cohabitent bien. L’album est déjà partiellement disponible (avec notamment « Are There Any Queens in the House? » qui semble servir de locomotive au spectacle). Sur scène, j’ai particulièrement aimé « Brick by Brick ». Les ballades sont belles, les uptempos un peu génériques mais efficaces dans le show. Aucun titre qui reste en tête en sortant malheureusement 😔
Côté scénographie, on est Off-Broadway, donc pas de décors pharaoniques façon Moulin Rouge. Ici, on est face à un plateau brut avec des murs en briques apparentes qui évoquent un sous-sol new-yorkais. L’espace devient tour à tour appartement, église, centre communautaire, métro ou pier. Quelques escaliers métalliques et plateformes modulables suffisent pour faire marcher l’imagination des spectateurs. Les lumières font bien leur boulot aussi : j’ai apprécié le travail sur les ambiances lumineuses.
Les costumes sont un vrai point fort : d’un côté, les looks réalistes du quotidien (jeans, t-shirts), de l’autre, ballroom et drag avec du strass, des paillettes, des couleurs flashy. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi réussi 😊 Et la danse est géniale aussi : beaucoup de voguing, ce qui m’a vraiment plu ! Plusieurs séquences ont déclenché une vraie euphorie dans la salle. On sentait que le public était là aussi pour ça.
Le casting est une autre belle surprise. Pour une production Off-Broadway, Saturday Church aligne quand même des poids lourds : J. Harrison Ghee (Tony Award pour Some Like It Hot), Joaquina Kalukango (Tony Award pour Paradise Square), et une troupe d’une quinzaine de comédiens où personne ne fait de la figuration. Le rôle d’Ulysse est tenu par Bryson Battle, qui fait ses débuts pros après The Voice US. Et quel début : sa voix est d’une pureté renversante. C’était impressionnant de l’écouter chanter ! L’un des grands atouts du show 👏 Les seconds rôles brillent eux aussi. Seule réserve : Jackson Kanawha Perry, qui joue Raymond, le love interest d’Ulysse. Sa voix était un peu en dessous sur certains passages. Globalement, la troupe dégage une vraie sincérité, comme une famille déjà soudée. Et fait notable : pas un faux pas visible sur cette première.
Côté durée : un peu plus de 2 heures avec entracte. Ça passe vite, et j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de ventre mou. L’émotion n’est pas allée jusqu’aux larmes, mais c’est touchant et ça se termine sur une note positive. Le public a bien réagi, avec beaucoup de rires tout au long et une belle standing ovation à la fin. Petit bémol : un final expédié, sans un mot de l’équipe sur cette première. Mais vu l’enthousiasme dans la salle, il y a clairement un public pour ce genre de spectacle queer et fédérateur, un peu comme CATS: The Jellicle Ball.
Vous l’avez compris : j’ai beaucoup aimé Saturday Church. Ce n’est pas un spectacle révolutionnaire, mais il dégage une sincérité qui m’a touché 😊 Les performances vocales, l’énergie du cast et la joie qui circule dans la salle en font une soirée réussie. Off-Broadway oblige, pas de grand barnum ni d’effets spéciaux, mais une scénographie intelligente, et surtout une troupe investie. Si vous cherchez un show qui est queer et fédérateur, foncez. On sent que l’équipe artistique a mis beaucoup de cœur dans ce projet !
Le spectacle se joue au New York Theatre Workshop jusqu’au 12 octobre 2025. Trop tôt pour dire s’il sera prolongé ou transféré à Broadway, mais à mes yeux, il mérite d’être soutenu. Dans une époque où la visibilité des minorités est sans cesse attaquée, c’est essentiel ! Si vous avez des questions ou envie de réagir, laissez un commentaire ici ou sur les réseaux : Facebook, X et Instagram. Et si vous voulez découvrir mes autres critiques de spectacles à Broadway, cliquez sur le hashtag #Broadway. On se retrouve très vite pour la suite ✨
Extraits « Saturday Church »