29 Octobre 2019 – Come From Away – Gerald Schoenfeld Theatre, New York
Le 11 septembre, le monde s’est arrêté. Le 12 septembre, leur histoire nous a redonné vie. Voilà par quoi débute le communiqué de presse du spectacle. Au sommet du box-office depuis son lancement en 2017 et acclamé par la presse et les spectateurs, « Come From Away » est aux yeux de certains le bijou de Broadway. Très différent de ses homologues du Theater District, le musical joue la carte de la simplicité et de l’émotion.
« Come From Away » est inspiré d’une histoire vraie. Le spectacle raconte les évènements qui ont secoué une petite ville du Canada, Gander, ou 38 avions ont atterri en catastrophe après les attentats du 11 septembre 2001. 7 000 passagers ont été recueillis, hébergés et nourris par les habitants de l’ile pendant près d’une semaine, dans l’attente de pouvoir rentrer chez eux. Le show montre comment ils ont appris à se connaitre et comment est née une amitié solide qui perdure encore aujourd’hui 🤝.
Loin d’être un spectacle dramatique comme on pourrait l’imaginer : le texte est drôle et le scénario réserve son lot de situations cocasses ! Lorsqu’un couple gay débarque dans le seul bar de la ville, en 2001, il faut s’attendre à ce que tout ne se passe pas comme prévu. Le fait que le musical soit inspiré d’une histoire vraie le rend encore plus fort émotionnellement et on finit immanquablement par s’attacher aux personnages. Les comédiens jouent plusieurs rôles, mais on comprend assez rapidement qui est qui. En revanche, il m’a bien fallu 10 min pour m’adapter au débit et aux accents – c’est d’ailleurs l’un des thèmes de la toute première chanson : « You probably understand about a half of what we say ». On n’en était pas loin 😂.
La bande originale, parlons-en ! Il y a un parfum d’Irlande dans la musique, reflet de l’héritage de Gander. Les morceaux sont entrainants et interprétés en chorale par l’ensemble de la troupe. Je retiendrai principalement : « Welcome to the Rock », « On the Edge » et « In The Bar / Heave Away ». Contrairement à d’autres shows du District, il y a peu de solos, mais ils sont réussis ; notamment « Me And the Sky », qui est l’un des climax de la soirée. Il y a 8 musiciens dont certains interagissent directement sur scène pendant la représentation. À la fin du spectacle, ils offrent au public une jam session qui clôture la fête dans l’énergie et la bonne humeur !
Le show a obtenu le Tony Awards de la meilleure mise en scène – qui est l’une des plus hautes distinctions qu’un musical puisse avoir 🏆. Et pour cause, elle prend à revers tout ce qui se fait et tout ce qu’on attend d’une comédie musicale à Broadway ! Ici, pas de décors gigantesques ou d’écrans vidéo : tout repose sur douze chaises et quelques tables. C’est sans doute le show le plus épuré qui m’ait été donné de voir de toute ma vie ! Ce sont les comédiens et la façon dont ils placent les quelques éléments qui font le décor ; on se trouve tour à tour dans un bar, un bus ou un avion. Et ça marche 👍.
La scène est malgré tout habillée : on peut y voir quelques troncs d’arbres ici et là et le fond est un immense panneau de bois traversé de rayons lumineux qui permettent de créer des ambiances différentes en fonction des besoins. Rien à dire sur les costumes qui sont, dans la majeure partie des cas, des tenues de tous les jours : les comédiens en changent régulièrement pour switcher d’un personnage à l’autre.
Au total, il y a 12 artistes sur scène si on ne compte pas les musiciens. Chacun interprète 2 personnages : un habitant de Gander et un passager en transit. Il est difficile de dire si un tel ou un tel s’est détaché, car les performances sont plus ou moins égales ; mais ce qui est frappe avant tout, c’est leur formidable énergie.
J’ai aimé la fluidité du spectacle, qui se joue sans entracte. L’histoire nous maintient en haleine pendant près de 1 h 40 et pendant ce temps : les dialogues et les chansons s’enchainent, il n’y a aucun temps de mort. Et c’est assez rare pour être souligné !
Si je ne devais garder qu’une image de la soirée, c’est l’enthousiasme du public qui s’est levé comme un seul homme à la fin du spectacle pour applaudir les artistes 😍. C’était un vrai pari de proposer un spectacle aux antipodes de ce qui se fait habituellement à Broadway. On n’a pas besoin d’autre chose qu’une bonne histoire (vraie) et de bonnes chansons après tout ! Je suis sorti du théâtre avec le sourire : c’est un spectacle qui fait du bien par son énergie et qui montre les jolies choses que peuvent accomplir les gens avec un tant soit peu de solidarité. Malgré tout, je vous déconseille de choisir « Come From Away » si vous n’avez pas confiance dans votre niveau d’anglais… Les personnages parlent vite, souvent avec des accents différents, et comme tout est basé sur le texte : vous risquez d’être largués. Il y a des choses plus accessibles.
À ce sujet, je trouve que l’automne est la saison parfaite pour écumer les théâtres de Broadway, non ? Je vous ai demandé il y a quelques jours quels musicals vous me conseilliez. Vous m’avez répondu : « Waitress », « West Side Story », « Jagged Little Pill » ou encore « Moulin Rouge ». J’ai quelques mois devant moi pour vous faire un retour sur ces shows, alors, en attendant : je vous propose de me rejoindre sur Facebook, Twitter et Instagram pour découvrir les autres spectacles auxquels j’ai eu la chance d’assister ! Et si vous aimez Broadway, cliquez ici : #Broadway – il y a beaucoup de choses qui vous attendent !
Extraits « Come From Away »